l'Etat s'offre le tableau-reliquaire du XIVe siècle retrouvé dans un tiroir en Normandie pour 450 000 €
Patrice Biget est l’un des rares commissaires-priseurs en France spécialisés dans les ventes d’objets d’art sacré du culte catholiques. Et celle qu’il organisait ce samedi à Alençon restera sans doute pour Patrice Biget l’un des plus beaux souvenirs de sa carrière.
Il ya quelques semaines, un homme qui a l’habitude d’amener des petits objets au commissaire-priseur afin qu’il les vende, lui présente ce tableau-reliquaire dont il espère tirer 500 euros.
Pour Patrice Biget, l’objet est sans doute une copie réalisée au XIXe siècle. Mais le spécialiste a un doute et décide de le faire expertiser. Le verdict est sans appel, il s’agit bien d’une pièce très rare façonnée aux alentours de 1330 et attribuée à Jean Pucelle, célèbre orfèvre à la cour de Charles IV.
Parti à cinq fois l'estimation
Une pièce unique, ornée de pierres précieuses représentant le Christ en croix entouré d’instruments de la Passion, et composé d’émaux translucides sur argent de basse-taille, une technique réservée à l’époque aux pièces d’orfèvrerie très précieuses.Enfin, ses dimensions inhabituelles (17,5 par 12,8 cm), en font l’un des plus grands connus, ce qui fait dire à Patrice Biget qu’il pourrait s’agir d’une commande princière, voire royale.
Conscients de la valeur historique du tableau-reliquaire, le Louvre et le musée national de Cluny ont bien tenté de l’acquérir avant la vente. Mais son propriétaire et le commissaire-priseur ont préféré faire "jouer la concurrence". Et ils ne doivent pas regretter leur choix. Samedia près-midi, les enchères se sont envolées. Estimé entre 80 000 et 100 000 euros, le tableau-reliquaire est finalement parti à 450 000 euros, soit à 540 000 euros avec les taxes. Mais la joie de l'acquéreur aura été de courte durée car immédiatement après l'adjudication l'Etat a fait valoir son droit de préemption. Le tableau-reliquaire rejoindra donc dans quelques jours les collections du musée de Cluny.
Une équipe de France 3 Normandie avait rencontré Patrice Biget quelques jours avant la vente et il revenait sur les caractéristiques de cette pièce :
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