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"L'art et la machine", nouvelle exposition bluffante du Musée des Confluences

Les relations entre le regard des artistes sur les machines et les évolutions industrielles et mécaniques sont le point de départ d'un beau voyage, proposé par le Musée des Confluences de Lyon. Une exposition interdisciplinaire. De Monet à César en passant par Fernand Léger, Martin Scorsese et Tinguely, visite en avant-première de cette exposition ouverte le 13 octobre 2015.
Article rédigé par Marie Pujolas
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
"Le remorqueur ", Fernand Léger (1920)
 (Fernand Léger, Le Remorqueur, 1920. Musée de Grenoble, Adagp)

"L'interdisciplinarité, c'est l'ADN du musée", indique Christian Sermet, chargé de projet du musée et commissaire exécutif de l'exposition "L'art et la machine". "C'est ce qui permet de décomplexifier le monde, qui est si complexe aujourd'hui." Une façon novatrice de penser les expositions, qui fait le succès du Musée des Confluences depuis son ouverture, il y a moins d'un an. Près de 700 000 visiteurs se sont déjà pressés dans l’immense vaisseau futuriste.

La pression était énorme autour de ce musée sur lequel on a tant dit et écrit. Mais pour l’heure, c’est une réussite. En témoigne donc cette nouvelle exposition à découvrir du 13 octobre au 24 janvier 2016.

Reportage : J.-C. Adde / C. Cherry-Pellat / S. Bouix


En effet, expliquer les rapports entre les artistes et la machine, depuis l'encyclopédie de Diderot au XVIIIe siècle à nos jours, n’est pas chose aisée pour une exposition grand public ! Mais dans chacune des salles, la scénographie choisie pour nous raconter cette histoire et la qualité des œuvres, 178 œuvres et objets prêtés par près de 70 musées et collectionneurs privés, rendent la compréhension du propos accessible, facile, sans tomber une seule seconde dans le superficiel ou l'approximation. 
 

Monet, César et Fernand Léger côtoient des machines

Nous sommes à Lyon, c’est donc l’un des premiers films des frères Lumière, "L'arrivée d'un train en gare de La Ciotat" (1895), qui ouvre les festivités. Plus qu’un symbôle, car la locomotive fait partie de ces machines qui ont souvent inspiré les artistes. Dans la première partie de l’exposition, on explore d’ailleurs cette fascination. Les premiers engins volants, les premières machines industrielles impressionnent tant par ce qu’elles disent du monde nouveau que par leur esthétisme. Les machines deviennent des œuvres. Un principe qui bouleverse les artistes.

Au début du XXe siècle, Marcel Duchamp est d’ailleurs celui qui va décloisonner les mondes industriels et artistiques. En 1912, alors qu’il visite un salon d’aviation, il tombe en admiration devant une hélice et déclare à ses compagnons Brancusi et Léger : "C’est fini la peinture. Qui ferait mieux que cette hélice ?"
Marcel Duchamp, "Roue de bicyceltte", 1913
 (Marcel Duchamp, "Roue de bicyclette", 1913. Photo : Centre Pompidou, MNAM-CCI. Dist.RMN-Grand Palais / Succession Marcel Duchamp / ADAGP)
Au XIXe siècle, les peintres sont appelés par les industriels à témoigner de la révolution industrielle et à participer à la glorification des machines. On leur ouvre les porte des usines pour qu’ils rendent compte de ce nouveau monde. Un travail qui sera fait par la suite par les premiers photographes. En témoigne dans l'exposition, un impressionnant tableau de Ferdinand-Joseph Gueldry, "Le laminoire" (1901). 
Ferdinand-Joseph Gueldry,  "Le laminoire" , 1901
 (Ferdinand-Joseph Gueldry,  "Le laminoire" , 1901. Nîmes, Musée des Beaux-arts. Photo : Florent Gardin / Adagp )
 Le développement des chemins de fer et des locomotives sera ensuite un sujet d’inspiration pour les impressionnistes, comme Claude Monet, dont le tableau "La gare d'Argenteuil" est présenté. 
Claude Monet, "La gare d’Argenteuil", vers 1872
 (Claude Monet, "La gare d’Argenteuil", vers 1872 / Conseil départemental du Val d'Oise / Photo : J.-Y. Lacôte /Adagp)
Plus tard, au XXe siècle, ce sont Fernand Léger, César ou encore Francis Picabia qui poussent un peu plus loin la réflexion. Des oeuvres rarement exposées de ces artistes sont à découvrir.
César, "Giulietta Alpha Romeo" ,1974, compression de voiture 
 (César, "Giulietta Alpha Romeo" ,1974, compression de voiture / Galerie GP&N Vallois, Paris / Photo : Jeanne Hemmings / Adagp)

Le 7e art, inspiré par les machines

L’expostion fait une large part au cinéma et à la photographie. À côté de la présentation de caméras uniques et rares et d'appareils photos, le visiteur est invité dans un " drive-in" nouvelle génération. Assis ou debout, installé sous une "douche sonore", il peut, grâce à un écran tactile, découvrir une vingtaine d’extraits de films, de Georges Méliès à Scorsese en passant par Alain Resnais, "Matrix" et "Les Temps modernes" de Charlie Chaplin.
Extrait d'"Hugo Cabret" de Martin Scorsese (2011)
 (Jaap Buitendijk / 2011 GK Films)


Méta-Maxi et art contemporain

La dernière partie de l’exposition est consacrée à l’art contemporain des années 80 à nos jours, de la désindustrialisation à la mondialisation. Les artistes construisent maintenant des "machines-œuvres d'art", des engins qui n'ont pas d'utilité mais qui interrogent sur notre société. L'oeuvre de Jean Tinguely en est le meilleur exemple. La visite se termine d'ailleurs avec la découverte de sa gigantesque Méta-Maxi, une sculpture animée inclassable, rarement exposée au public et plus rarement encore mise en marche. 
Jean Tinguely, Méta-Maxi, 1986
 (Jean Tinguely, Méta-Maxi, 1986 / Daimler Art Collection, Stuttgart/Berlin Photographie Daimler Art Collection, Stuttgart/Berlin / Adagp)

La DeLorean de "Retour vers le futur" exposée le 21 octobre

Plusieurs animations autour de l'exposition sont également proposées. La plus attendue est la venue, le 21 octobre, d'une réplique de la célèbre DeLorean du film "Retour vers le futur", la trilogie de Robert Zemeckis, dont on célèbre le trentième anniversaire. Plusieurs surprises autour du film sont annoncées ainsi que la projection de "Retour vers le futur 2", le 21 octobre à 14 heures dans le grand auditorium du musée. 

"L'art et les machines", jusqu'au 24 janvier 2016 
Musée des Confluences, 86 quai Perrache, 69002 Lyon
Tél : 04 28 38 11 90
Ouvert du mardi au dimanche, nocturne tous les jeudis jusqu'à 22 heures

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