L'État fait appel au mécénat d'entreprise pour acquérir un manuscrit de Sade, déclaré "trésor national"
Le célèbre manuscrit de "Les Cent Vingt journées de Sodome", écrit par le marquis de Sade en 1785 lors de son incarcération à la Bastille, a souvent changé de mains. Après l'avoir déclaré "trésor national" en 2017, l'État fait aujourd'hui appel au mécénat pour racheter ce précieux rouleau destiné à la Bibliothèque nationale de France.
C'est un objet mythique de la littérature : un "rouleau de papier" de 12 mètres de long, sur lequel l'écrivain libertin le marquis de Sade a recopié en prison un long roman, Les Cent Vingt journées de Sodome.
Un roman inachevé que l'auteur avait cru perdu à jamais
Le ministère de la Culture a lancé jeudi un appel au mécénat d'entreprise pour acquérir ce célèbre manuscrit du marquis, qui vaut 4,55 millions d'euros. Sade, âgé de 45 ans et lourdement condamné pour une série d'affaires de moeurs, est emprisonné à la Bastille en 1785 quand il recopie Les Cent Vingt journées de Sodome.
Roman inachevé, Les Cent Vingt journées de Sodome, ou l'école du libertinage raconte les sévices sexuels inouïs imposés à des victimes enfermées dans un château par des libertins fortunés. Sade mourut en 1814 en pensant que son oeuvre la plus importante était définitivement perdue.
Ce "trésor national" a changé de mains à de nombreuses reprises
Dans son "avis d'appel au mécénat d'entreprise pour l'acquisition par l'État d'un trésor national" publié au Journal officiel, le ministère indique chercher des financements, contre réduction de l'impôt sur les sociétés, afin d'acquérir cet "extraordinaire manuscrit autographe du premier véritable ouvrage du marquis de Sade".
Ce "rouleau de papier" de 12 mètres de long, "accompagné de son étui", est destiné à la Bibliothèque nationale de France. Cet objet mythique a connu un parcours mouvementé depuis sa rédaction, rappelle le ministère de la Culture. "Probablement découvert lors du pillage de la forteresse de la Bastille ou de sa démolition" à l'été 1789, il disparaît pendant plus d'un siècle.
Il est racheté par un psychiatre allemand, Iwan Bloch, qui publie pour la première fois le roman en 1904. En 1929, un collectionneur, Charles de Noailles, l'acquiert à son tour. Il est volé à sa fille Nathalie par un éditeur qui le vend en 1982 à un collectionneur suisse, Gérard Nordmann. Puis il est racheté à ses descendants en 2014 par un homme d'affaires français, Gérard Lhéritier, à l'origine d'une société qui se révélera une escroquerie, Aristophil.
Pour empêcher une nouvelle vente, la ministre de la Culture Françoise Nyssen le classe "trésor national" en 2017.
Le ministère de la Culture a lancé jeudi un appel au mécénat d'entreprise identique pour l'acquisition d'un autre "trésor national", à savoir "un ensemble de manuscrits autographes d'André Breton", poète surréaliste (1896-1966). La somme à réunir est de 900 000 euros.
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