La cristallerie de Saint-Louis : dans les coulisses d'une fierté française
Synonyme de luxe et de fête, le cristal est fruit d'un savoir-faire ancestral et d'une fabrication complexe et délicate. En France, la cristallerie de Saint-Louis voit le jour en 1586 à Saint-Louis-lès-Bitche, dans la vallée de Münzthal en Moselle. A l'époque, elle ne produit pas de cristal à proprement parler, mais du verre, car le cristal ne sera découvert en France qu'en 1781, cent ans après les Anglais, à l'époque seuls gardiens du secret du cristal au plomb.
En 1767, elle obtient le titre de Verrerie Royale de Saint-Louis par ordre du roi Louis XV, et se développe pour devenir un fleuron de l'économie française. A la découverte de la composition du cristal par M. de Beaufort, son ancien directeur, et devient la cristallerie de Saint-Louis. Dès 1825, elle abandonne le verre pour ne se concentrer que sur la fabrication du cristal, qu'elle fourni directement à la couronne. C'est notamment dans cette manufacture qu'a été introduite la notion d'Art de la Table, c'est-à-dire l'utilisation de plusieurs verres différents en fonction de leur usage. Aujourd'hui, la cristallerie de Saint-Louis est la propriété du groupe Hermès, un des leaders du luxe français.
Un secret de fabrication soigneusement gardé
La composition exacte du cristal fabriqué à la cristallerie de Saint-Louis est un secret gardé depuis des générations par les ouvriers qui le travaillent. Car chaque manufacture de cristal possède sa recette propre, et celle de Saint-Louis est réputée dans le monde entier pour la qualité de son produit. La divulgation de ce secret industriel serait une catastrophe pour le prestige et le caractère unique du cristal ludovicien. Les artisans qui le travaillent sont donc tenus au devoir de réserve quant aux proportions de verre et de plomb utilisés dans la fabrications des verres, des vases ou des lustres.
Le processus de fabrication du cristal ludovicien est presque intégralement manuel, et la qualité qui résulte de ce savoir-faire le rend plus compétitif que le cristal industriel moins cher mais d'une qualité et d'un raffinement bien moindres. Ici, le verre est toujours soufflé à la bouche, et les gestes ainsi que les outils des 260 ouvriers de la cristallerie restent les mêmes malgré le passage des siècles. Rien n'est laissé au hasard, et les produits finis sont soigneusement inspectés par des "choisisseurs". En cas d'erreur ou de défaut, même minuscules, le cristal est renvoyé à l'atelier. Les moules qui donnent leur forme aux œuvres sont eux aussi inspectés et rénovés régulièrement, afin d'éviter que des détails comme une rayure impacte toute la chaîne de production.
Un cristal qui rayonne à l'international
La cristallerie de Saint-Louis bénéficie d'un rayonnement et d'un prestige conséquent à l'international. Symboles du savoir-faire artisanal français, les pièces qu'elle produit sont reconnues dans le monde entier pour leur qualité de facture, et sont très prisées par les fortunés, notamment en Asie de l'Est, en Russie ou au Moyen-Orient. Aujourd'hui l'export représente 70% du chiffre d'affaire du cristal français.Et cette reconnaissance internationalle ne vient pas seulement de ses clients aux quatres coins du globe, mais aussi des artistes et designers de renommée mondiale, comme Kiki van Eijk ou Paola Navone. Les partenariats que la cristallerie avec ces grands noms du design et de l'art lui permettent d'innover dans le dessin de ses produits etd'atteindre un marché plus attiré par la modernité.
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