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La culture méconnue des Thraces révèle sa splendeur au Louvre
Orphée, fils mythique du roi Oeagre, et le gladiateur Spartacus étaient Thraces, mais cette culture antique de l'est des Balkans reste peu connue. Une exposition au musée du Louvre témoigne de son essor du Ve au IIIe siècle avant J.-C.
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Une occasion pour le public de découvrir cette culture
Cette civilisation raffinée à la confluence des influences perses, romaines et macédoniennes, entendit rivaliser avec Rome et Athènes dans le domaine des arts, à défaut d'y être parvenue militairement et politiquement. "La Thrace ancienne est surtout célèbre pour ses pièces d'orfèvrerie uniques", rappelle Milena Tonkova, l'une des commissaires de l'exposition (15 avril - 20 juillet) où certaines oeuvres sont montrées pour la première fois.
Mais "ce ne ne sera pas la énième exposition en France sur l'or des Thraces : c'est une occasion pour le public de voir cette culture d'une manière plus large", souligne Françoise Gaultier, directrice du département Antiquités grecques, étrusques et romaines au Louvre.
Vases d'or
Tout en or, le trésor de Panagurichté, datant du début du 3e siècle avant J.-C. et finement ciselé de scènes mythologiques, sera un temps fort de l'exposition, avec une amphore, un plateau orné de têtes de Noirs et sept rhytons (vases en forme de corne) parés de têtes d'animaux. Cette splendeur "traduit une volonté du souverain thrace de se montrer l'égal de ses voisins, les héritiers d'Alexandre le Grand qui buvaient du vin dans des vases d'or, comme les dieux", explique le professeur bulgare Totko Stoïanov, également commissaire de l'exposition. Les Thraces peuplaient l'est de la péninsule balkanique - la Bulgarie actuelle, la Turquie d'Europe, le nord de la Grèce et le littoral danubien de la Roumanie - avant d'être envahis par les Celtes et conquis par l'Empire romain. Leur culture est marquée par le voisinage avec les Grecs, mais aussi par l'art perse achéménide. Les trésors thraces ont naguère permis à la Bulgarie de s'ouvrir au monde, à l'époque communiste, les objets d'orfèvrerie parcourant les salles d'exposition mondiales du Mexique à l'Inde et au Japon.
La tête de Seuthès III
Le Louvre, dont c'est la première exposition sur le sujet, se fixe cependant un objectif différent, celui de mettre en perspective cette civilisation. "Nous voulons montrer les Thraces comme des acteurs du monde antique, au même titre que les Grecs, les vieux Macédoniens ou les Romains", explique Alexandre Baralis, commissaire français. La naissance et l'évolution du royaume des Odryses, le plus brillant sans doute de Thrace, de 479 à 278 av. J.-C., du départ des Perses à l'arrivée des Celtes, est illustrée par une variété d'objets archéologiques pour certains inédits. Quatre tombes thraces découvertes au centre de la Bulgarie, remarquables par leur richesse et jamais montrées au public seront notamment reconstituées au Louvre. Avec pour clou de l'exposition la tête en bronze, grandeur nature, du roi odryse Seuthès III (320-280 av. JC), aux yeux en alabastrite à la vivacité étonnante. Ce souverain fut enterré avec sa couronne d'or, son armure, des coupes à boire et même des dés en verre. "Ce visage de Seuthès va personnaliser auprès du public la Thrace antique", souligne M. Baralis.
Une autre image de la Bulgarie
Pour les autorités bulgares, qui ont signé un accord de coopération de cinq ans avec le Louvre, cette exposition va également offrir une autre image du pays, jusqu'à présent surtout connu pour ses plages sur la Mer Noire. "L'exposition au Louvre nous offre un tremplin pour promouvoir le tourisme culturel", souligne la ministre du Tourisme, Nikolina Anguelkova.
"La Bulgarie a un des plus riches patrimoines d'Europe", rappelle le ministre de la Culture, Vejdi Rachidov. Ces dernières années, une dizaine de tumulus thraces ont été aménagés pour accueillir les touristes, dans ce pays qui compte également des centaines de monastères orthodoxes aux riches peintures murales.
La coopération avec le Louvre a par ailleurs permis la restauration, financée par la France, "d'objets d'art auxquels les musées bulgares n'avaient pas les moyens de toucher depuis un siècle", se félicite Bojidar Dimitrov, directeur du musée historique national. Deux expositions venant du Louvre sont prévues l'été prochain en Bulgarie, dont l'une autour du trésor romain de Boscoreale, découvert dans les cendres d'une villa romaine sur les pentes du Vésuve.
L’épopée des rois Thraces. Découvertes archéologiques en Bulgarie
Du 16 Avril - 20 juillet 2015 au Louvre - Espace Richelieu
Cette civilisation raffinée à la confluence des influences perses, romaines et macédoniennes, entendit rivaliser avec Rome et Athènes dans le domaine des arts, à défaut d'y être parvenue militairement et politiquement. "La Thrace ancienne est surtout célèbre pour ses pièces d'orfèvrerie uniques", rappelle Milena Tonkova, l'une des commissaires de l'exposition (15 avril - 20 juillet) où certaines oeuvres sont montrées pour la première fois.
Mais "ce ne ne sera pas la énième exposition en France sur l'or des Thraces : c'est une occasion pour le public de voir cette culture d'une manière plus large", souligne Françoise Gaultier, directrice du département Antiquités grecques, étrusques et romaines au Louvre.
Vases d'or
Tout en or, le trésor de Panagurichté, datant du début du 3e siècle avant J.-C. et finement ciselé de scènes mythologiques, sera un temps fort de l'exposition, avec une amphore, un plateau orné de têtes de Noirs et sept rhytons (vases en forme de corne) parés de têtes d'animaux. Cette splendeur "traduit une volonté du souverain thrace de se montrer l'égal de ses voisins, les héritiers d'Alexandre le Grand qui buvaient du vin dans des vases d'or, comme les dieux", explique le professeur bulgare Totko Stoïanov, également commissaire de l'exposition. Les Thraces peuplaient l'est de la péninsule balkanique - la Bulgarie actuelle, la Turquie d'Europe, le nord de la Grèce et le littoral danubien de la Roumanie - avant d'être envahis par les Celtes et conquis par l'Empire romain. Leur culture est marquée par le voisinage avec les Grecs, mais aussi par l'art perse achéménide. Les trésors thraces ont naguère permis à la Bulgarie de s'ouvrir au monde, à l'époque communiste, les objets d'orfèvrerie parcourant les salles d'exposition mondiales du Mexique à l'Inde et au Japon.
La tête de Seuthès III
Le Louvre, dont c'est la première exposition sur le sujet, se fixe cependant un objectif différent, celui de mettre en perspective cette civilisation. "Nous voulons montrer les Thraces comme des acteurs du monde antique, au même titre que les Grecs, les vieux Macédoniens ou les Romains", explique Alexandre Baralis, commissaire français. La naissance et l'évolution du royaume des Odryses, le plus brillant sans doute de Thrace, de 479 à 278 av. J.-C., du départ des Perses à l'arrivée des Celtes, est illustrée par une variété d'objets archéologiques pour certains inédits. Quatre tombes thraces découvertes au centre de la Bulgarie, remarquables par leur richesse et jamais montrées au public seront notamment reconstituées au Louvre. Avec pour clou de l'exposition la tête en bronze, grandeur nature, du roi odryse Seuthès III (320-280 av. JC), aux yeux en alabastrite à la vivacité étonnante. Ce souverain fut enterré avec sa couronne d'or, son armure, des coupes à boire et même des dés en verre. "Ce visage de Seuthès va personnaliser auprès du public la Thrace antique", souligne M. Baralis.
Une autre image de la Bulgarie
Pour les autorités bulgares, qui ont signé un accord de coopération de cinq ans avec le Louvre, cette exposition va également offrir une autre image du pays, jusqu'à présent surtout connu pour ses plages sur la Mer Noire. "L'exposition au Louvre nous offre un tremplin pour promouvoir le tourisme culturel", souligne la ministre du Tourisme, Nikolina Anguelkova.
"La Bulgarie a un des plus riches patrimoines d'Europe", rappelle le ministre de la Culture, Vejdi Rachidov. Ces dernières années, une dizaine de tumulus thraces ont été aménagés pour accueillir les touristes, dans ce pays qui compte également des centaines de monastères orthodoxes aux riches peintures murales.
La coopération avec le Louvre a par ailleurs permis la restauration, financée par la France, "d'objets d'art auxquels les musées bulgares n'avaient pas les moyens de toucher depuis un siècle", se félicite Bojidar Dimitrov, directeur du musée historique national. Deux expositions venant du Louvre sont prévues l'été prochain en Bulgarie, dont l'une autour du trésor romain de Boscoreale, découvert dans les cendres d'une villa romaine sur les pentes du Vésuve.
L’épopée des rois Thraces. Découvertes archéologiques en Bulgarie
Du 16 Avril - 20 juillet 2015 au Louvre - Espace Richelieu
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