"La Marseillaise", l'histoire de l'hymne national racontée au musée de la Révolution française
À Vizille en Isère, le Musée de la Révolution française explore l’histoire de notre hymne national, "La Marseillaise", de sa naissance à ses multiples interprétations en France et à l’étranger.
Présentée jusqu’au 4 octobre au Musée de la Révolution française à Vizille en Isère, cette exposition intitulée sobrement La Marseillaise retrace non seulement l’histoire de cet hymne mais explore aussi son influence historique à travers la musicologie et les arts visuels. Peintures, sculptures, affiches, gravures, vidéos, extraits de films cultes ou musiques… Toutes ces œuvres rappellent qu’au-delà des clivages, des polémiques, voire des rejets que peut susciter La Marseillaise, elle n’en reste pas moins un hymne quasi universel, peut-être le plus connu au monde.
De Strasbourg à Marseille
On a beau connaître (quasi) par cœur le principal couplet, un petit rappel historique s’impose quant à la naissance de La Marseillaise.
En avril 1792, à la suite de la déclaration de guerre du roi à l’Autriche, le maire de Strasbourg demande à un officier français en poste dans la ville - le désormais célèbre Claude Joseph Rouget de Lisle - de composer un chant qui va devenir le Chant de guerre pour l’armée du Rhin.
Ensuite, elle doit beaucoup à un général de brigade de la Révolution française, dont le nom est peu connu du grand public. Il s'agit de François Mireur. En 1792, il se rend à Marseille pour organiser la fusion des volontaires qui s'engagent pour combattre l'Autriche. "Il entonne le Chant de l'armée du Rhin au club des Jacobins de Marseille", raconte Alain Chevalier, le directeur du Musée de la Révolution française de Vizille. Il est adopté immédiatement par tout le monde et deviendra le Chant des Marseillais."
Les fédérés volontaires de Marseille le reprennent et le chantent en arrivant à Paris pour participer à l’insurrection des Tuileries le 10 août 1792 (insurrection qui marquera la chute de Louis XVI et de la Monarchie). Devenue chant national en 1795, interdite sous l’Empire et la Restauration, La Marseillaise ressurgit en 1830, puis en 1848, comme chant d’émancipation.
Moins d’un siècle après la Révolution, en 1879, il est rétabli comme hymne national.
Le plus universel des hymnes ?
Entre-temps, ce chant a conquis le monde dont il scande les rébellions. Dès 1793 en Amérique du Sud ; en 1794 en Pologne puis au XIXe siècle quand elle accompagne les opposants au tsar ou après 1850 quand elle est revendiquée par les Espagnols républicains. En 1989, on l’entend sur la place Tienanmen à Pékin et lors de la chute du mur de Berlin.
Preuve d'une universalité qui dépasse les clivages, La Marseillaise a été revisitée des milliers de fois, tant dans les paroles que dans la musique. Les exemples les plus célèbres restent celui des Beatles qui l’ont repris en 1967 en introduction de leur chanson All You Need Is Love ou encore Serge Gainsbourg en 1979 qui offre une version reggae sans toucher aux paroles mais crée malgré tout une grosse polémique.
En 2009, le groupe Chanson Plus Bifluorée prend le contrepied et sort une Marseillaise de la Paix. Et la liste est encore longue !
Une source d'inspiration
Quant aux représentations picturales, elles apparaissent à partir de la Révolution de 1830 : en 1833, le sculpteur François Rude magnifie le départ des volontaires dans un haut-relief monumental de pierre ornant l’Arc de triomphe, à Paris. Autre image devenue iconique, celle de Rouget de Lisle chantant La Marseillaise, peinte par Isidore Pils en 1849.
Dans un style plus moderne et radicalement différent, l'expo montre comment La Marseillaise a inspiré le monde du cinéma avec des affiches et des cinéastes français et internationaux. On redécouvrira aussi l’artiste franco-algérienne Zoulikha Bouabdellah qui exécute une danse du ventre sur l’air de La Marseillaise dans une vidéo.
Exposition "itinérante"
Coproduite par le Musée d’Histoire de Marseille, le Musée de la Révolution française à Vizille et le Musée Historique de la Ville de Strasbourg, cette exposition devait à l'origine suivre le cheminement originel de La Marseillaise. Elle aurait ainsi dû commencer à l’automne dernier à Strasbourg (où Rouget de Lisle la composa en une nuit) avant de partir pour Marseille (point de départ des volontaires qui la chantèrent en arrivant à Paris en juillet 1792).
Mais pandémie oblige, c'est finalement le musée de la Révolution française à Vizille qui ouvre ce cycle d’expositions. À côté d'une base d'oeuvres et un catalogue commun, chaque musée va développer une facette particulière de La Marseillaise. Ainsi, à l’automne, le Musée d' Art moderne et contemporain (MAMCS) de Strasbourg s’attachera à ses aspects sociologiques puis le Musée d'histoire de Marseille se focalisera sur sa création.
Exposition "La Marseillaise". Musée de la Révolution française, Place du château - 38220 Vizille. Tél. : 04 76 68 07 35. Jusqu'au 4 octobre 2021. Tous les jours sauf le mardi de 10h à 12h30 et de 13h30 à 18h. Entrée gratuite pour tous
L'expo partira ensuite :
Au MAMCS à Strasbourg, du 5 novembre 2021 au 20 février 2022
Au Musée d’histoire de Marseille en mars 2022
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