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La singulière maison de Pierre Loti à Rochefort cherche mécènes pour rouvrir

Dans sa maison de Rochefort l'écrivain voyageur Pierre Loti (1850-1923) avait recréé les décors découverts lors de ses périples qui l'ont conduit de l'Egypte au Japon. Depuis cinq ans cette incroyable maison-musée est fermée dans l'attente d'un très onéreux chantier de rénovation. La municipalité en appelle au mécénat pour mener à bien son ambitieux projet de restauration.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Claude Stefani, conservateur des musées de Rochefort inspecte la maison de Pierre Loti
 (XAVIER LEOTY / AFP)

Le 30 septembre 2012, dernier jour de visite de la maison de l'écrivain rochefortais, "la file d'attente courait sur une centaine de mètres dans la rue", se souvient Claude Stéfani, conservateur du patrimoine de cette ville de Charente-Maritime. Depuis, cette bâtisse à deux étages du XVIIe siècle n'a pas rouvert ses portes et aucune date n'est même avancée tant le chantier est complexe. Des travaux d'urgence ont été menés et la façade, qui penchait dangereusement sur la rue, a été consolidée mais la charpente attend encore d'être reprise.

La faute à Pierre Loti

L'auteur de "Pêcheur d'Islande", "Aziyadé" ou "Ramuntcho", si célèbre en son temps que la République lui offrit des funérailles nationales, est lui-même responsable de la précarité de la bâtisse, qui accueillit autrefois le tout Paris dans un décor extravagant où l'ancien marin se mettait en scène pour des fêtes qui détonnaient dans l'austère port protestant. "En transformant sa maison natale, Pierre Loti l'a fragilisée, souligne Claude Stéfani. Il a joué les apprentis sorciers en architecture. Il a abattu des plafonds, cassé des murs et ajouté du poids, des colonnes et une fontaine en marbre, de la céramique...".
Rien n'arrêtait Julien Viaud, vrai nom de l'écrivain, pour recréer les décors découverts lors de sa longue carrière dans la marine, bourlinguant de la Turquie au Japon en passant par l'Egypte ou la Chine. Sollicitée par la mairie de Rochefort, propriétaire du musée depuis 1969, la Fondation du patrimoine mène aujourd'hui une campagne de souscription pour restaurer la collection d'armes, de mobilier et d'objets métalliques qui ornait les pièces.

Reportage  France 3 Atlantique : N. Combès / J. Bouchon / M. Gimenez

Sabres, épées, poignards 

Ce sont quelque 200 objets dont près de 80 pièces exceptionnelles: sabres, épées, poignards, fusils, lances, couteaux, casques que l'écrivain, élu à l'Académie française en 1891, a réunis au cours de ses voyages. "La restauration est délicate, souligne le directeur adjoint des affaires culturelles de la ville, David Bodin. Les armes sont corrodées, certaines ont perdu leurs verreries".
Des travaux structurels importants devront aussi être menés dans ce "Musée de France" classée monument historique : "Le plafond en bois de la mosquée, peint et doré, ne peut pas être démonté, détaille Claude Stéfani. Les insectes xylophages
ont tellement rongé le bois qu'il sera restauré sur place. Mais avant cela, il faudra le consolider avec des étais". Or, la mairie de Rochefort ne peut pas réunir le budget nécessaire. "Il faut 12 à 13 millions d'euros pour restaurer entièrement la maison, estime le maire (LR) Hervé Blanché. La ville n'en a pas les moyens. Pour comparer, notre budget investissement s'élève à 6 millions d'euros par an, pour tout faire".

Un projet ambitieux

La municipalité a malgré tout lancé un projet ambitieux pour dépasser la moyenne de 40.000 visiteurs annuels. En 2009, elle a racheté la maison mitoyenne. "Plusieurs salles d'exposition y verront le jour, dévoile David Bodin. Elles présenteront les différentes facettes de Pierre Loti, son enfance, l'écrivain, le marin, l'homme mondain. L'historique de certains éléments patrimoniaux y sera aussi retracé, comme le plafond de la mosquée, que Pierre Loti a ramené de Damas, ou les boiseries".

Les Américains mettent la main à la poche

D'autres pièces de la maison seront aussi ouvertes, comme la chambre aux abeilles, de style antique. Pour mener à bien ce projet, Hervé Blanché "cherche une solution pour que quelqu'un prenne les travaux à sa charge" et fait donc appel au mécénat.
"Moi-même j'ai donné, dit-il. Grâce au voyage de l'Hermione aux États-Unis en 2015, j'ai pris contact avec une association américaine de mécénat, la Flora family foundation. Elle a organisé un gala et une des héritières de Hewlett Packard a versé une dizaine de milliers d'euros. J'appelle tout le monde à donner", lance-t-il.

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