"Laissez les grenouilles croasser" : le maire d'un village girondin veut inscrire le bruit de la campagne au patrimoine national
Le maire de Gajac s'inquiète de voir le chant du coq, le tocsin de l'église ou le meuglement des vaches au coeur de conflits de voisinage, voire de procédures judiciaires.
Chant du coq, tocsin de l'église ou encore le meuglement des vaches. Bruno Dionis du Séjour, le maire du petit village girondin de Gajac, 400 habitants, veut inscrire le bruit de la campagne au patrimoine national.
Ce qui a motivé cet élu à se lancer, c'est la multiplication des plaintes devant les tribunaux des néo-ruraux - ces habitants qui décident quitter les villes - contre les nuisances sonores du monde rural. Pour mener à bien son projet, il a publié une lettre qui rencontre un bel écho. Un député de Lozère a même annoncé vouloir déposer une proposition de loi à l'Assemblée nationale.
Bruno Dionis du Séjour est en poste depuis 12 ans à Gajac. Il n'a jamais eu de problème de voisinage mais il reçoit des dizaines de courrier qui lui rappellent qu'ailleurs en France, la campagne en irrite plus d'un. "À Grignols, dans le Lot-et-Garonne, il y a une personne qui m'a écrit et qui m'a dit : 'Ça fait 8 ans que je suis en procès avec mes voisins parce que mes grenouilles croassent'. Il faut arrêter ! Laissez les grenouilles croasser. Non mais franchement..."
Les personnes arrivent à la campagne, achètent une vieille grange, en font une maison d'habitation et après, elles ne veulent plus entendre des bruits d'animaux. Mais ça n'est pas possible !
Bruno Dionis du Séjour, maire de Gajacà franceinfo
Dans la ferme de Peyrot, un peu à l'écart du village, Eléonore Fink est l'heureuse propriétaire de coqs, d'ânesses, de chevaux, de chiens, de canards et de grenouilles. Ce qui ne plaît pas toujours. "Je fais du tourisme équestre et j'ai un petit camping à la ferme. C'est arrivé que deux ou trois clients soient partis parce que les coqs dérangeaient, se désole-t-elle. C'est sûr, ça réveille quand on n'est pas habitué. Mais on se rendort si on est en vacances."
Au pire, des bouchons d'oreilles peuvent toujours faire l'affaire. D'autant qu'il y a beaucoup plus important pour Eléonore Fink."Le désherbant ! Ça, ça fait de gros dégâts !" Le glyphosate est encore utilisé, par certains riverains, pour désherber.
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