Le français, "langue-monde", se laisse parcourir au château de Villers-Cotterêts, sa cité ouverte à tous les publics
La splendeur retrouvée d'un domaine de 23 000 m², dont 1200 m² dédiés à "un parcours permanent", interactif à souhait, pour rendre compte d'une "langue-monde", le français. Ouverte, c'est le qualificatif revendiqué par la nouvelle Cité internationale de la langue française qui se déploie dans le château de Villers-Cotterêts, dans l'Aisne.
Une Cité au cœur de la cité
Une entrée, côté ville, pour commencer "la déambulation", comme le dit Paul Rondin, directeur de l'institution, qui insiste sur le fait que "le monument est ouvert en permanence", tous les jours (10h-18h) et les soirs de spectacle. Les visiteurs peuvent ainsi librement emprunter "le grand axe qui relie la ville à la forêt de Retz par le château" Renaissance érigé par François Ier. "Vous pourrez rentrer et ne rien faire (en lien avec la Cité internationale). J'insiste là-dessus." Le lieu pourra, par exemple, se transformer en espace de jeux pour les enfants. Ils pourront accéder au Logis royal, "monter dans l'escalier de François Ier (l'escalier du Roi)" et "jouer aux mousquetaires dans le parc du château".
Passer donc, se poser, boire un café ou s'offrir un livre dans la librairie du château, installée dans le Logis royal, accessible via la cour du Jeu de Paume, "la place publique qui distribue toute l'activité de la Cité internationale de la langue française", explique Paul Rondin. Elle est surplombée par un "ciel lexical" qui charrie les mots issus de "tous les coins de la francophonie". "divulgâcher", "ziboulateur", "faire palabre", "motamoter", "rap" ou encore "charabia", des mots choisis par les Cotteréziens, qui se lisent en levant la tête pour observer la verrière contemporaine couvrant la cour.
Le château de Villers-Cotterêts, c'est une offre culturelle multiple servie par une architecture qui réunit, entre autres, 15 salles dédiées au parcours permanent consacré à la langue française, "l'attraction principale de la Cité". C'est, dit Paul Rondin, "une fête foraine des mots". À quoi s'ajouteront spectacles et rencontres qui se dérouleront notamment dans l'auditorium. "On pourra profiter de moments d'écoute : des histoires seront racontées avec un son spatialisé extraordinaire". Les artistes Angélique Kidjo et Daniel Auteuil se produiront, tout comme "de jeunes rappeurs et rappeuses qui auront été en résidence et qui viendront nous montrer leurs premiers travaux".
De même, poursuit le responsable du lieu, "on fera naître par la mise en scène des textes francophones qui nous viennent du monde entier et que des artistes de théâtre mettront au plateau". Dans la cour, faire "des fêtes avec 3 000 personnes" sera possible. "La langue doit être prétexte à tout", résume Paul Rondin. Comme, par exemple, celui "de demander à des chorégraphes d'incarner la langue des signes".
"On a choisi de programmer presque exclusivement les week-ends et les vacances parce que nous voulons nous adresser à des gens qui sont disponibles", précise le directeur de la Cité. Une rencontre avec un auteur dans la librairie, la visite d'une exposition temporaire, un concert ou un spectacle dans l'auditorium ou encore l'exploration du parcours permanent, situé au premier étage du Logis royal, sont alors sereinement envisageables.
Trois regards sur le français
"Nous avons cherché à montrer le français dans toutes ses dimensions", note Xavier North, le commissaire principal du parcours. Précédé d'une salle dédiée au château et à son territoire, il s'organise en "trois moments distincts" et chacun d'eux "correspond à une aile entière du château". "La première séquence de ce parcours est consacrée à la dispersion du français dans le monde". La deuxième "à la réalité de son fonctionnement", et la dernière à "la dimension politique" du français "qui a toujours été l'affaire de l'Etat", rappelle Xavier North. De l'ordonnance de Villers-Cotterêts, qui fait du français la langue juridique et administrative du royaume en 1539, à 1992 où l'on acte que "la langue de la République est le français".
Le parcours se veut ludique et interactif. "Ça doit être du plaisir", martèle Paul Rondin. "Nous ne faisons pas la leçon aux gens ici. Nous ne conservons pas la langue. Nous ne la protégeons pas. Elle n'a pas besoin de nous, la langue française va très bien. Par contre, on doit renouer avec l'idée de plaisir. C'est pour cela que je parle d'un manège de la langue... On s'amuse. Et d'ajouter : "L'immersif, aujourd'hui, fait partie de nos vies et on en trouve ici aussi. Sauf que le sujet est de redécouvrir sa langue française ou ses langues françaises."
Un lieu ouvert "aux publics"
Villers-Cotterêts est "un projet culturel complet", souligne Xavier Bailly, directeur délégué de la Cité internationale de la langue française. Outre l'intérêt du château et le parcours de visite permanent, il y a "des espaces partagés avec des opérateurs qui peuvent être liés à l'innovation pédagogique, à l'enseignement du français langue étrangère, à la lutte contre l'illettrisme". De même, le site est doté "de salles d'action éducatives pour y accueillir les scolaires". La Cité accueille ainsi un lieu de formation et d'apprentissage de la langue pour apprenants et formateurs, 12 ateliers de résidence pour les artistes, des chercheurs et des entrepreneurs ainsi qu'un centre de technologie de la langue.
Ce château "sera grand ouvert aux publics avec une orthographe à laquelle nous sommes encore plus attentifs – 'aux publics' au pluriel–, qu'il s'agisse des artistes, des scolaires des personnes en situation de précarité linguistique, des gens d'ici, de ce territoire, ou des visiteurs venant de l'étranger voire du monde entier", conclut Xavier Bailly.
Le concept de la Cité internationale de la langue française fait déjà des émules. "Depuis que ce projet est né, confie Paul Rondin, il y a énormément de pays qui nous interrogent : 'Comment allez-vous faire ? On n'aimerait bien faire la même chose'. Comme quoi, constate le directeur de la Cité, "une maison pour notre langue nous manque". En France, ce manque sera officiellement comblé le 30 octobre, date de l'inauguration de la Cité internationale de la langue française.
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