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Le Musée National de Rio de Janeiro dévasté par un incendie

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Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Un énorme incendie a ravagé dimanche soir le Musée National de Rio de Janeiro, joyau culturel du Brésil, un sinistre qualifié de "tragédie pour la culture", mais sans qu'aucune victime n'ait été signalée jusque-là. Le feu, d'origine inconnue, a débuté vers 19h30 locales alors que le musée était fermé, réduisant en cendres des collections et des archives de grande valeur, ont indiqué les médias.
"Jusqu'à présent, il n'y a pas de rapports faisant état de victimes. Il (le feu) s'est propagé très rapidement. Il y a beaucoup de matières inflammables" dans le musée, a indiqué à l'AFP un porte-parole des pompiers de Rio de Janeiro.

Les images aériennes de TV Globo montrent le majestueux bâtiment, d'une superficie de 13.000 mètres carrés dans la partie nord de Rio de Janeiro, ravagé par d'immenses flammes pendant des heures. Malgré l'envoi rapide de pompiers, le feu a gagné des centaines de salles du musée, détruisant tout sur son passage. Après plus de trois heures et demie de lutte, les pompiers n'ont toujours pas réussi à contenir l'incendie, a constaté un photographe de l'AFP.

Le Musée National, qui a fêté en juin son bicentenaire, compte parmi les musées les plus anciens et les plus prestigieux du Brésil. Cette institution culturelle, qui abrite plus de 20 millions de pièces de valeur, se présente comme le plus grand musée d'histoire naturelle et anthropologique d'Amérique latine.

Créé en 1818 par le roi Jean VI et installé depuis 1892 dans l'ancien palais impérial de Saint-Christophe, le musée est situé dans le parc de Boa Vista dans le nord de Rio, qui abrite également un exceptionnel jardin botanique de 40 hectares.

"Deux cents ans de travail, de recherche et de connaissance ont été perdus"

Le site internet du Musée National détaille les œuvres présentes dans le bâtiment: une collection égyptienne, une autre d'art et d'artéfacts gréco-romains, des collections de paléontologie comprenant un squelette d'un dinosaure trouvé dans la région de Minas Gerais ainsi que le plus ancien fossile humain découvert au Brésil, connu sous le nom de "Luzia".

"Aujourd'hui est un jour tragique pour le Brésil. Deux cents ans de travail, de recherche et de connaissance ont été perdus", a déclaré le président Michel Temer dans un communiqué de presse. Le directeur adjoint du musée, Luiz Fernando Dias Duarte, a confié qu'il ressentait "un profond découragement" et "une immense colère". "Toutes les archives historiques, qui étaient conservées dans un secteur intermédiaire du bâtiment, ont été complètement détruites. Ce sont 200 ans d'histoire qui ont disparu."

Luiz Fernando Dias Duarte a accusé les autorités brésiliennes de "manque d'attention" et a souligné qu'il n'y a jamais eu de "soutien efficace et urgent" à une adaptation du palais, ancienne résidence officielle de la famille royale et impériale.

"La tragédie aurait pu être évitée"

Le ministre de la Culture Sergio Sa Leitao, a reconnu plus tard que "la tragédie aurait pu être évitée" et que "les problèmes s'étaient accumulés au fil du temps" pour l'établissement. Il indiqué qu'en 2015, sous l'ancienne présidente de gauche Dilma Rousseff, le musée été "fermé faute de ressources pour son entretien".

Lié à l'Université fédérale de Rio de Janeiro (UFRJ), l'institution a subi des coupes budgétaires.

Tristesse et indignation du monde universitaire

Alors que les flammes consumaient ce joyau de la culture brésilienne, la tristesse s'est mêlée à l'indignation des chercheurs, des professeurs et des étudiants. Certains d'entre eux ont appelé à une manifestation de protestation lundi devant le bâtiment détruit.

L'incendie "est une tragédie pour la culture", a témoigné à TV Globo le directeur d'un autre musée brésilien, le Musée historique national, Paulo Knauss. Le sénateur Lindenbergh Farias du Parti des travailleurs (PT, à gauche) a dénoncé le manque de moyens pour soutenir le musée et a fait le lien avec les réductions de dépenses ordonnées par le gouvernement.

La paléontologie et la zoologie, points forts du musée

De 1889 à 1891, le bâtiment de style néoclassique a accueilli l'Assemblée constituante du Brésil, avant de recevoir en 1892 le musée royal, situé jusque là dans le centre de Rio, et qui comprenait les collections, notamment égyptienne, acquises par la famille royale portugaise. Sa bibliothèque compte 537.000 ouvrages dont 1.560 ouvrages rares comme une "Histoire naturelle" de 1481, précise le musée sur son site.

Le musée est particulièrement réputé pour la richesse de son département de paléontologie, avec plus de 26.000 fossiles, dont un squelette de dinosaure découvert dans le Minas Gerais (centre) et de nombreux spécimens d'espèces disparues (paresseux géants, tigres à dents de sabre). Sa collection d'Anthropologie biologique abrite le plus ancien fossile humain découvert au Brésil, connu sous le nom de "Luzia".

Avec 6,5 millions de spécimens, son département de zoologie comprend une exceptionnelle collection de poissons (600.000), amphibiens (100.000), mollusques, reptiles, coquillages, coraux et papillons. Son herbier, riche de 550.000 plantes, a été créé en 1831.

Dédié dès le 19e siècle à la recherche, le Musée national de Rio est la plus ancienne institution scientifique du pays, qui s'est ouverte à l'enseignement dès 1927. Chercheurs et laboratoires occupent ainsi une grande partie du Musée, qui a développé tout au long du siècle dernier une politique d'échanges internationaux, de publications et d'enseignement. D'importantes personnalités scientifiques ont visité le musée, comme Albert Einstein ou Marie Curie, précise le site.

Des coupes budgétaires et un précédent sinistre

Au fil des ans, le Musée a connu d'importantes difficultés budgétaires, et a dû être temporairement fermé en 2015 "faute de ressources pour son entretien", a reconnu dimanche le ministre brésilien de la Culture Sergio Sa Leitao.

En août 1995, le bâtiment avait déjà subi d'importants dégâts après des orages qui avaient endommagé le département d'archéologie, et notamment des momies égyptiennes de plus de 3.000 ans. Les dégâts avaient également été importants dans le secteur des palévertébrés, certaines parties d'un squelettes de tyranosaure s'étant dissoutes dans l'eau.

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