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Les boules de Noël de Meisenthal, emblème d'un temple de l'art verrier en quête d'un second souffle

Forte du succès de ses boules de Noël, portée par un vaste projet de rénovation de son site, la verrerie de Meisenthal, en Moselle, lutte pour redonner vie à une région désindustrialisée, ancien haut lieu de l'art verrier.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
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Une personne présente des boules de Noël en verre à l'atelier de la verrerie de Meisenthal, le 1er décembre 2019 (FREDERICK FLORIN / AFP)

En pleine rénovation de son site, la verrerie lorraine de Meisenthal, en Moselle, lutte pour relancer sa région, bastion historique de l'art verrier. Depuis vingt ans, à l'approche des fêtes de fin d'année, elle propose aux amateurs de design une nouvelle boule de Noël, dont la création est confiée à des designers, français ou étrangers. Invités à revisiter cette tradition, ils délaissent volontiers la sphère au profit de formes plus insolites : silex, soucoupe volante, personnage de manga...

L'idée, c'est de perpétuer la "tradition d'inventivité" du site, impulsée à la fin du XIXe siècle par le maître de l'École de Nancy Emile Gallé qui avait installé dans ce coin de Lorraine son "laboratoire du verre art nouveau", explique Yann Grienenberger, directeur depuis 2001 du Centre international d'art verrier (CIAV), cité par l'AFP.

Cette structure publique a été créée en 1992 sur les cendres de la verrerie lorraine. Victime de la mécanisation et de l'arrivée de nouvelles matières comme le plastique, elle avait fermé ses portes en 1969. La légende veut que la boule de Noël soit née à un jet de pierre de Meisenthal, en 1858, année de disette qui aurait poussé un ouvrier de la verrerie voisine de Goetzenbruck à souffler des fruits en verre pour décorer les arbres de Noël...

70.000 objets créés par an, sont 55.000 boules

Un héritage avec lequel le CIAV a renoué en lançant en 1999, à côté des vases, verres ou carafes, deux séries de boules de Noël "made in Meisenthal" : l'une historique (pommes de pin, boules de couleurs), l'autre design, renouvelée chaque Noël. Cette année, après la Tilt, la Sylvestre ou l'"Ovni", la "Lab"  vient enrichir la série : imaginée par les Françaises Clara Bellet et Clémence Paillieux, elle s'inspire de la verrerie de laboratoire.

Fabrication d'une boule de Noël à l'atelier de la verrerie de Meisenthal, le 1er décembre 2019 (FREDERICK FLORIN / AFP)

Sur les 70.000 pièces qui sortent chaque année des fours de Meisenthal, 55.000 sont des boules de Noël, dont 20.000 de la série design. Leur production est rigoureusement artisanale : chaque pièce est entièrement soufflée dans l'atelier par les verriers, véritables "mains savantes" du CIAV, selon Yann Grienenberger.

C'est dans les semaines qui précèdent Noël que la production de boules bat son plein, avec une vingtaine de souffleurs à pied d'œuvre. "On produit chaque jour entre 500 et 600 boules" de Noël, explique à l'AFP Jean-Marc Schilt, 44 ans, dont 17 à Meisenthal. La vente des boules de Noël, produit "iconique" de la verrerie, "permet de nous auto-financer à 80%", souligne Yann Grienenberger qui refuse toute logique industrielle.

Depuis 2010, un gros chantier de rénovation et un musée début 2021

Mais il y a quelques années, un constat s'est imposé : la verrerie était à l'étroit dans ses locaux historiques. En 2010, Yann Grienenberger et son équipe sont parvenus à convaincre plusieurs financeurs, publics et privés, de parier sur le site d'un hectare. À la clé : une enveloppe d'une quinzaine de millions d'euros et trois ans de travaux (2018-2021). C'est ainsi que deux bâtiments ont été livrés en octobre : un nouvel atelier de soufflage et une salle de spectacle, la Halle Verrière, d'une capacité de 3.000 places.

Le Musée du Verre, entièrement rénové, ouvrira début 2021. Objectif : doper la fréquentation du site, qui accueille 60.000 visiteurs par an, et attirer plus de touristes dans cette région reculée des Vosges du Nord qui, aux confins de la Lorraine et de l'Alsace, peine à se remettre de la désindustrialisation. Une "prestation culturelle exigeante" comme le futur CIAV, en redonnant sa "fierté" à un territoire, peut être une réponse à la désertification culturelle et à l'exode des jeunes, professe-t-il.

Ici, il y a une "dynamique" portée par ceux "qui ont subi la fermeture" du site, poursuit Pascal Klein, responsable de la Halle Verrière, dont le père a travaillé à la verrerie jusqu'à sa fermeture. De tels projets, c'est important "économiquement, mais aussi socialement", résume Yann Grienenberger. "C'est la fierté des habitants d'avoir des sites iconiques qui parlent de leur histoire. Être de quelque part, le symboliser par des sites, des objets, c'est la richesse des territoires et leur survie."

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