Les chrétiens d'Irak découvrent le célèbre monastère Mar Behnam saccagé par l'EI
Il y a quelques jours, les troupes pro-gouvernementales ont repris le monastère syriaque catholique de Mar Behnam, à 30 km de Mossoul dans le nord du pays, aux jihadistes du groupe État islamique (EI), qui en avaient le contrôle depuis plus de deux ans. Les quelques fidèles qui réinvestissent le monastère, l'un des plus anciens sites du christianisme en Irak, le trouvent en grande partie saccagé.
Article rédigé par franceinfo
- franceinfo Culture (avec AFP)
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Devant l'autel détruit, le père Charbel Issou écarte les bras, paumes vers le ciel, et entame sa prière devant une pieuse assemblée de combattants irakiens, kalachnikov en bandoulière. "Notre Père qui êtes aux cieux, que ton nom soit sanctifié...", chantent-ils. Sur le mur d'en face, un graffiti proclame en lettres noires : "Allahu Akbar (Dieu est grand)".
Saccage du monastère du 4e siècle
Les troupes pro-gouvernementales ont repris le monastère syriaque catholique de Mar Behnam au groupe État islamique (EI) : bas-reliefs brisés, statue de la Vierge Marie décapitée...
À leur arrivée, les islamistes radicaux ont chassé les moines et mis à sac l'édifice chrétien, construit au IVe siècle après J.-C. à 30 km de Mossoul, où les troupes irakiennes ont engagé mi-octobre une vaste offensive contre l'EI.
"Je suis content de revenir sur ce lieu saint. (...) Mais je suis attristé de le voir dans cet état, démoli", soupire Charbel Issou, l'ancien responsable du monastère en redécouvrant pour la première fois les lieux qu'il avait dû abandonner. Devant le monastère, l'un des lieux de culte les plus anciens et les plus vénérés du christianisme en Irak, un tas de gravats gît sur l'ancien emplacement des tombes de Mar Behnam - un saint syriaque qui a donné son nom au monastère - et de sa sœur Sarah.
Les chrétiens d'Irak visés depuis longtemps
Lorsque les jihadistes ont envahi la plaine de Ninive dans le nord de l'Irak en 2014, ils ont laissé trois options aux chrétiens : se convertir, payer une taxe ou mourir. Environ 120.000 d'entre eux ont pris la fuite. Et il ne sera pas aisé de reconstituer leur communauté, prévient le père Issou. "Vous devriez voir leurs maisons, souffle-t-il. La moitié d'entre elles ont été réduites en cendres." Les persécutions de l'EI sont les dernières d'une longue série visant la minorité chrétienne en Irak, régulièrement attaquée depuis 2003, et la chute de Saddam Hussein. Avant l'invasion américaine, plus d'un million de chrétiens vivaient dans le pays. Ils ne seraient plus aujourd'hui que 350.000, dont la moitié dans la province de Ninive, dont Mossoul est le chef-lieu.
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