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Les coulisses de l'Hôtel Drouot, première place de vente aux enchères mondiale

5000 personnes se pressent chaque jour à Drouot. Cet hôtel des ventes parisien est un lieu mythique, connu dans le monde entier. Toute cette semaine, la rédaction de France 3 Ile-de-France consacre sa série à cet immeuble qui recèle de nombreux secrets.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Exposition de la collection Maurice Chevalier à l'Hôtel Drouot en décembre 2013
 (PHOTOPQR/LE PARISIEN)
Manuscrits anciens, meubles d’époque, bijoux inestimables… Chaque jour, des dizaines d’objets d’art transitent par Drouot. La série de France 3 Ile-de-France lève le voile sur les secrets de la première place de vente aux enchères du monde.
 
Reportages: M. De Bohan / O. Badin / M. Chekkoumy / N. Thouny
 

Episode 1 : Effervescence matinale avant l’ouverture des portes

 
Il est 8 heures. Le ballet des transporteurs vient de débuter dans les sous-sols de l’Hôtel Drouot. Tous les objets d’art sont acheminés vers les étages supérieurs qui desservent 16 salles de vente.
Les commissaires-priseurs sont déjà là, prêts à accueillir les œuvres d’art qu’ils mettront en vente dans les prochaines heures. L’un d’entre eux, Elie Morhange, semble fasciné par un petit miroir de poche du 16ème siècle. Celui-ci aurait appartenu à Léonard de Vinci. Tout autour du miroir, on distingue une inscription : "Femme jamais ne te plains de moi car je te rends bien ce que tu me donnes". Ce qui plaît à Elie Morhange, c’est son caractère énigmatique : "Si on bouleverse les lettres, on trouve une autre inscription : Et Léonard de Vinci double Léonard de Vinci et en sont tous les deux époustouflés.". 

Dans une salle attenante, les commissionnaires en garantie sont sur le pont. Il n’est pas possible de voir leurs visages ni d’entendre leurs voix tant ils travaillent dans le culte du secret. Or, argent, platine, les commissionnaires authentifient les métaux précieux en apposant leurs poinçons.

A 11h, chaque objet a trouvé sa place. L’Hôtel Drouot s’apprête à ouvrir ses portes au public.
 

 

Episode 2 : A chacun sa méthode pour dénicher la perle rare

 
En fin de matinée, les acheteurs occasionnels comme les habitués investissent les murs de l’Hôtel Drouot. Bambi Sloan, célèbre décoratrice parisienne, doit entièrement repenser le décor d’un hôtel du Marais. "Je suis décoratrice donc je ne suis experte en rien mais touche-à-tout' confie-t-elle, tandis qu'elle déambule parmi les tableaux des années 30, les faïences asiatiques et les objets des années 70.

Autre visiteur de renom présent à Drouot, le député de l’Oise Olivier Dassault. Il est intéressé par le miroir de poche qui aurait appartenu à Léonard de Vinci. Grand habitué des lieux, l’homme politique nous fait par de son enthousiasme : "Le plus fantastique, c’est de découvrir quelque chose qu’un expert n’assure pas d’être dans la vérité de la signature de l’artiste de l’époque, et qui finalement l’est.".

Pour enchérir, chacun à sa méthode. Certains privilégient le téléphone (comme Olivier Dassault) tandis que d’autres préfèrent assister à la vente de visu (comme Bambi Sloan). Mais pour tous, qu’ils soient riches ou pauvres, l’achat d’un objet d’art n’est jamais gagné d’avance. L’incertitude reste totale jusqu’au coup de marteau du commissaire-priseur. 

 

Episode 3 : Un musée à ciel ouvert


A l’aube, tous les objets qui ont été vendus la veille sont stockés dans les sous-sols de Drouot par les magasiniers. Plus tard, les acquéreurs viendront les chercher. En attendant, Françoise Mérendet, responsable du magasinage, s’assure de l’état de chacune des pièces.
 
Si l’Hôtel de Drouot attire beaucoup de monde, c’est parce qu’il a su fidéliser sa clientèle. Il possède ainsi son propre hebdomadaire, "La Gazette de Drouot", qui recense tous les bibelots, tableaux, mobiliers ou voitures proposés aux enchères. Les lecteurs fidèles sont bien souvent des clients réguliers de l’Hôtel. Bijoutiers, marchands, intermédiaires représentant de riches collectionneurs et retraités se pressent dans les salles d’exposition. Tous ont un amour inconditionnel pour l’objet d’art.
"Quand vous allez à Drouot, vous avez 16 salles qui vendent et qui exposent en même temps tous les jours, cela veut dire que les objets vous en avez 300 x 16 (soit 4800 objets). L’Hôtel Drouot est un musée à ciel ouvert" s’exclame Alexandre Ferri, commissaire-priseur. 
 
Cette semaine, c’est le miroir de Léonard de Vinci qui attire toutes les convoitises. Dans quelques heures, les enchères commenceront. Le miroir promet d’être âprement disputé. Suivant l’acheteur, il rejoindra soit une collection particulière, soit un musée.

 

Episode 4 : "Adjugé, vendu !", le rythme effréné d’une vente aux enchères

 
"Adjugé, vendu !". Depuis 1852, les commissaires-priseurs de l’Hôtel Drouot prononcent cette formule immuable. On entend claquer les marteaux pas moins de 500 000 fois par an.
 
L’heure des ventes aux enchères a sonné à Drouot. Le commissaire-priseur Eric Beaussant met en vente une parure. La concentration est maximale parmi les rangs de l’assemblée. Les clients peuvent enchérir dans la salle, sur internet ou par téléphone. Au bout de quelques minutes, le collier part finalement pour 130 000 euros.
 
Dans la salle à côté, le commissaire-priseur Elie Mohrange trépigne d’impatience : "Une fois que la vente a commencé, on passe à l’action et c’est quelque chose de très fort aussi bien pour moi que pour le public". Cela fait 10 ans qu’il a déniché le miroir attribué à Léonard de Vinci et celui-ci est enfin mis en vente. Les enchères débutent à 40 000 euros. Le miroir est adjugé pour 60 000. C’est un prix décevant au regard de ce qu’en attendait Elie Mohrange. Seule consolation, le miroir rejoindra une collection française.
 
A 17h, le public s’apprête à quitter l’Hôtel Drouot. Tout le quartier vit au rythme du marché de l’art. 1300 enchères ont lieu chaque année dans cet immeuble légendaire. Après une trêve estivale, Drouot réouvrira ses portes le 10 septembre pour une nouvelle année riche en découvertes de pépites en tout genre. 





 

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