Les Maoris au Quai Branly : leurs trésors ont une âme
En Occident, on aurait tendance à ne connaître de la culture maorie que le fameux haka, cette danse rituelle effectuée par les joueurs de rugby néo-zélandais avant chaque match… Mais celle-ci n’est que l’un des éléments d’une culture très riche.
Les Maoris seraient arrivés à Aoteraoa, le « pays du long nuage blanc », nom (très poétique !) qu’ils donnent à la Nouvelle-Zélande, vers le premier millénaire de notre ère. Venus de Polynésie orientale (Hawaï…), ces excellents navigateurs auraient traversé le Pacifique sur des canots à voile à double coque.
Dans la culture maorie, passé et présent ne font qu’un, la généalogie et le culte des ancêtres y occupent une place prépondérante. Dans le même temps, des liens de parenté unissent les humains et la nature, les choses animées et inanimées, tous traversés par une force ou une qualité vitale, le « mana ».
Le « ta moko », l’art du tatouage traditionnel, vient renforcer ce très fort sentiment d’identité : les Maoris incisaient et gravaient la peau comme ils le faisaient pour le bois. Un art qui a fasciné l’Europe du XIXe comme le montre le commerce des extraordinaires têtes tatouées et séchées. Pour la petite histoire, ceux qui venaient de se faire tatouer le visage devaient, ensuite, être nourris… avec un entonnoir pour éviter les infections ! Un panneau en bois sculpté avec des têtes tatouées permet de comprendre la fascination qu’exerçaient le « ta moko » sur les premiers Occidentaux débarqués en Nouvelle-Zélande.
Motifs géométrique exubérants
D’une manière générale, les 250 objets présentés dans l’exposition, propriété du musée Te Papa, reflètent la conception maorie du monde. Des objets aux motifs géométriques exubérants et chargées de symboles datant du XIIe au XIXe siècle de notre ère. Statues et panneaux en pierre et en bois alternent avec des reconstitutions de maisons de réunion ancestrales et des proues de canot. A voir également : d’étonnants pendentifs de jade anthropomorphes et de très beaux coffres en bois. Ceux-ci renfermaient les « taonga », trésors personnels des chefs emplis de pouvoir spirituel, tels que lames de hache ou objets de parure.
Dans le même temps, des objets d’art contemporain, disséminés çà et là dans l’exposition, montrent les souhaits des créateurs actuels de conserver vivantes des traditions séculaires.
On appréciera particulièrement l’« espace sensoriel » qui permet aux visiteurs de toucher certains objets. Particulièrement appréciables également : une muséographie aérée ainsi que des explications nombreuses et claires sur la situation passée et présente des Maoris, victimes de la colonisation britannique. Lesquels Maoris ont dû se battre pendant des décennies pour faire reconnaître leurs droits.
On regrettera peut-être un parcours quelque peu labyrinthique où il est facile de se perdre, surtout à la fin... Mais il ne s’agit là que d’un défaut véniel : il n’empêche en rien de se passionner pour cette civilisation des antipodes !
« Maori : leurs trésors ont une âme », au musée du Quai Branly. 37, quai Branly. 75007 Paris. Tél : 01 56 61 70 00.
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