"L‘Odyssée sensorielle", une balade immersive au cœur des écosystèmes, à expérimenter au Muséum d’Histoire naturelle
Ce n'est pas tout à fait une exposition, ni une série de vidéos, mais une expérience virtuelle au cœur de la nature aux quatre coins du monde, que nous propose jusqu'en juillet le Muséum national d'Histoire naturelle avec le parcours "L'Odyssée sensorielle".
Depuis les zones tropicales jusqu’au Grand Nord, et des grands fonds marins jusqu'aux cimes des arbres, le Muséum national d’Histoire naturelle nous convie avec L’Odyssée sensorielle à une exposition originale, ou plus exactement à un voyage au cœur des milieux naturels, jusqu’au 4 juillet 2022.
"Sans texte ni commentaire sonore, cette expérience se vit avec vos perceptions comme seule boussole, alors… ouvrez l’œil, tendez l’oreille et fiez-vous à vos sens", est-il conseillé au seuil de ce parcours, pour lequel le visiteur est également prié d’"oublier pour un instant" son téléphone portable.
Des flamants roses au félin de la savane
Dans le premier espace de ce voyage immersif qui en compte huit, nous voilà cernés par les flamants roses, sur les écrans géants qui couvrent les murs. Les majestueux volatiles, saisis au bord d’un lac kenyan, marchent dans l’eau, puis s’envolent et nous les suivons à moins d’un mètre dans leur course dans le ciel, au-dessus des nuages.
Puis les écrans s’ouvrent, nous invitant à passer dans la seconde salle, totalement plongée dans le noir. Le contraste est saisissant avec la luminosité et la grâce précédentes. Autour d’un clapotis, une sorte de marécage, on perçoit une menace sourde et le va-et-vient dans l’ombre d’un grand félin, puis des cris de singes. De fait, ça sent le fauve. Sans doute un point d’eau dans la savane.
Des insectes volants aux vers de terre
D’espace en espace, nous allons ensuite admirer une forêt tropicale guyanaise en partant de la canopée jusqu’aux racines ; percevoir un paysage nocturne comme le font les chauve-souris qui se repèrent dans l’espace grâce aux ultrasons (une vision plutôt féérique composée de points lumineux) et s’inviter, dans un long couloir, sous la surface du sol, entre les racines, le mycélium (la partie souterraine des champignons), les terriers, les taupinières, les fourmis et les vers.
Nous découvrirons plus loin le captivant ballet des insectes, abeilles butineuses, papillons, sauterelles et libellules en très gros plan, et, devenus de ce fait minuscules, ressentir combien est terrifiante la mante religieuse (ici de plus de deux mètres) dévorant sa proie.
Nous plongerons au cœur des récifs coralliens à la rencontre des méduses, mollusques et autres étoiles de mer puis en compagnie des imposants cachalots et des poissons accrochés à eux tels des ventouses, et terminerons par une longue station dans les paysages immaculés du Grand Nord, avec ses pans de glaciers se disloquant dans un fracas impressionnant et ses rares animaux (morse, renard) perdus dans l’immensité minérale des paysages de l’été arctique.
Les masques nuisent hélas à la dimension olfactive de la balade
Si la vue et l’ouïe sont partout convoqués, les masques obligatoires face à la pandémie nuisent hélas à un autre sens essentiel de ce parcours longuement pensé et travaillé pour immerger le visiteur : l’odorat. Si l’on sent le fauve et parfois l’humus, et qu’une bise glacée nous accueille dans la dernière salle, les canons à odeurs disposés tout le long du parcours en synchronisation avec les vidéos se révèlent dans les conditions de pandémie quasi inopérants.
Le parti pris étant de laisser le visiteur s’immerger dans ces écosystèmes sans l’encombrer de commentaires, une petite séance de débriefing s’impose dans l’ultime salle baptisée "Retour d’exploration". Bien que cette promenade virtuelle en pleine nature nous donne à comprendre d’instinct combien tout est lié sur cette planète, le microcosme étant en interaction permanente avec le macrocosme, les détails explicatifs restent bienvenus, un cachalot repéré en train d'ingérer un sac en plastique étant sinon le seul véritable indice des ravages en cours.
D'ailleurs, si cette balade est particulièrement conseillée avec des enfants, avouons qu’un sentiment troublant nous a envahi en présence des quelques très jeunes visiteurs : celui de se trouver dans un futur proche, confinés sur une autre planète, dans un parcours de 45 minutes qui nous donnerait l’illusion d’être encore sur Terre, en nous rappelant la beauté perdue de toutes ses merveilles.
L'Odyssée sensorielle est à expérimenter au Muséum national d'Histoire naturelle jusqu'au 4 juillet, dans la Grande Galerie de l'Evolution
36 rue Geoffroy Saint-Hilaire Paris 5e
Tous les jours sauf le mardi, de 10h à 18h (départs toutes les 5 mn, parcours 45 mn environ, dernière entrée à 17h15)
Tarifs : 10 à 13 euros
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