Louvre : aux racines d'Alexandre le Grand
Longtemps, les érudits se sont détournés de la Grèce du Nord, située à l’écart des grandes régions archéologiques que sont l’Attique (région entourant Athènes) ou le Péloponnèse, couvertes de vestiges monumentaux. Il faut dire aussi que dans l’Antiquité, on se gaussait de ces cousins excentrés… Mais la Macédoine n’est pas celle que l’on croyait
Cette région a commencé son essor aux VI et Ve siècles avant notre ère, grâce notamment à ses ressources en eau et en bois ainsi qu’à ses mines d’or et d’argent. La menace perse la force alors à sortir de son isolement. Les élites locales s’enrichissent comme le montrent aujourd’hui leurs tombes remplies d’or.
A la fin du Ve, le roi Archélaos invite à sa cour les plus grands artistes grecs parmi lesquels le célèbre auteur Euripide. En 359, à 22 ans, Philippe II monte sur le trône. C’est lui qui va vraiment permettre à la Macédoine d’atteindre son apogée. Il réforme son armée et unit autour de lui la quasi-totalité des cités grecques. Avec un objectif : laver l’affront de l’invasion perse. Le flambeau sera repris par son fils Alexandre III, qui sera plus tard appelé le Grand.
Les premières opérations archéologiques sont menées au XIXe siècle. Elles se poursuivent pendant la Première guerre mondiale sous l’impulsion… de l’armée française d’Orient. Les fouilles menées depuis 1977 par des équipes grecques ont confirmé l’importance exceptionnelle de la région. Elles ont notamment permis de découvrir intacte à Aigai, dans un tumulus de 110 m de diamètre et 12 m de haut, trois tombes royales, dont celle de Philippe II, restée inviolée. On a même retrouvé le théâtre où fut vraisemblablement assassiné le même Philippe en 336 av. J.-C.
Des artistes virtuoses
L’exposition présente certains des plus beaux produits de ces fouilles, qui ont pour la première fois quitté la Grèce. Dès l’entrée, le visiteur peut admirer la copie d’une très fine mosaïque dite « de la chasse au lion », composée de galets de rivières et de lames de terre cuite. Mosaïque qui figurait dans la salle de banquets d’une riche demeure. Autre merveille figurant dès la première salle: une scintillante couronne en or de feuilles et de glands de chênes semblant sortir tout droit d’une luxueuse joaillerie parisienne. Ces couronnes étaient souvent portées lors de concours dramatiques ou athlétiques.
Des bracelets à têtes de bouquetin, eux aussi en or, trahissent une influence perse, sans doute rapportée dans les bagages des compagnons ou des successeurs d’Alexandre. Un vase à boire, haut de 24,4 cm et pesant… 1,2 kg d’argent, montre la virtuosité des artistes et artisans macédoniens. Trouvé dans la tombe de Philippe II, il prouve aussi le raffinement du roi, pourtant décrit comme un barbare et un ivrogne par l’orateur athénien Démosthène.
Parmi les quelque 500 objets présentés, on peut aussi admirer des casques en bronze dont l’un recouvre un masque humain en or. Un regret au passage: l’emploi très fréquent, dans les explications, de termes incompréhensibles pour le profane, entre « alabastre», « chtonien », « skyphaï » et autre « protomé ». Dans le livre d’or, un visiteur va jusqu’à suggérer le recours à un « dictionnaire spécialisé » !
Un beau portrait d’Alexandre en marbre, les cheveux bouclés, la tête un peu penchée, montre un souverain éloigné de toutes ces contingences terrestres, le regard tourné vers un ailleurs inaccessible. Alexandre le Grand tel que le décrit le mythe.
"Au royaume d'Alexandre le Grand", musée du Louvre à Paris, du 13 octobre 2011 au 16 janvier 2012
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