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Mis en sommeil depuis 40 ans, le Sommet mondial de la culture réunit 160 pays à Mexico

Indispensable culture : l'épidémie de Covid-19 a montré qu'elle était vitale pour la santé publique, estime le coordinateur du sommet mondial de la culture, Pablo Raphael. "Personne n'aurait été capable de survivre au confinement et au stress... sans les livres, la musique et le cinéma".

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
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La place de la Constitucion à Mexico City. (ARTERRA / UNIVERSAL IMAGES GROUP EDITORIAL)

Favoriser la diversité culturelle sur Netflix, Spotify ou YouTube, et lutter contre le trafic du patrimoine maya ou yoruba : tels sont deux des dossiers sur la table d'un sommet mondial de la culture qui se tient de mercredi à vendredi à Mexico, une première depuis 1998.

Les représentants de 160 pays, dont une centaine de ministres qui ont confirmé leur présence, doivent adopter vendredi une déclaration négociée depuis un an à l'issue de cette rencontre intitulée "Mondiacult".

Respecter la diversité et la propriété intellectuelle

La déclaration veut garantir "les droits des artistes" sur les plateformes, a indiqué la directrice générale de l'Unesco Audrey Azoulay, qui va inaugurer "Mondiacult" avec la ministre mexicaine de la Culture Alejandra Frausto. Enjeu : lutter contre "l'appauvrissement de la diversité culturelle et linguistique en ligne", d'après les experts qui ont planché sur la déclaration. Le danger ? Les "systèmes d'intelligence artificielle" et une "régulation insuffisante des algorithmes".

Il sera également question de "la rémunération inéquitable des artistes", et "la concentration inégale des plateformes culturelles mondiales". La plupart sont en effet made in USA - voire California - ou européennes.

L'Unesco souhaite "que tous les artistes aient accès au marché en ligne, que la diversité soit acceptée, et la propriété intellectuelle, respectée", indique une source de l'organisation, sans détail pour l'instant sur les pistes d'action.

"La culture : un bien public mondial" 

Dans le monde réel et l'univers des objets, la Déclaration de Mexico prétend renforcer "le code éthique des marchands d'art". Comment ? Avec un "certificat d'origine" garantissant que les oeuvres qu'ils vendent "ont été obtenues légalement", a confié Mme Azoulay au journal mexicain El Universal.

Le Mexique ne cesse de réclamer le retour au pays de son immense patrimoine méso-américain dispersé en Europe et aux États-Unis. "Mon patrimoine ne se vend pas", martèle la ministre mexicaine de la Culture, Alejandra Frausto, à chaque mise aux enchères à Paris ou ailleurs d'un masque de Tehotihuacan ou de la statue d'une déesse maya.

L'Union africaine a de son côté annoncé l'organisation d'une table ronde sur la lancinante question de "la restitution du patrimoine culturel" aux pays subsahariens.L'Unesco envisage dans le même ordre d'idée pour 2025 "un musée virtuel des biens culturels volés", à la veille de cette rencontre inédite depuis 40 ans.

Dans ses aspects les plus politiques, la Déclaration de Mexico entend définir la culture comme un "bien public mondial" en l'incluant "dans les prochains objectifs de développement durable des Nations unies, comme ce fut le cas de l'éducation en 2015".

"Droit des communautés indigènes à la transmission de leurs traditions" 

Enfin, la rencontre Mondiacult veut déboucher sur "une définition d'un corpus global des droits culturels". Il s'agit du "droit des artistes" mais aussi du "droit des communautés indigènes à la transmission de leurs traditions", précise un porte-parole de l'Unesco. "Les langues indigènes sont essentielles pour sauver la diversité culturelle", détaille la directrice générale. "Dans le grand défi de la lutte contre le changement climatique, les connaissances indigènes sont fondamentales".

La déclaration finale entend mobiliser la culture "dans les discussions internationales sur le changement climatique (...) notamment à travers les systèmes de connaissances traditionnels et autochtones".

Les pays se réuniront par atelier. L'Ukraine participera par vidéo à une table ronde sur "le patrimoine et la diversité culturelle en crise". Avec l'Iran et la Chine, la Russie animera une autre rencontre sur le thème "des politiques culturelles renouvelées et renforcées".

Les experts qui ont préparé la réunion condamnent "les actions qui visent la culture dans le cadre des conflits armés".

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