Notre-Dame de Paris dévoile les secrets de sa reconstruction à la Cité de l'architecture et du patrimoine
Dès l’entrée, une immense photographie de la cathédrale au lendemain de l’incendie. La flèche et la charpente calcinées sont venues s’écraser à la croisée du transept. Un trou béant permet d'apercevoir le ciel. On entre dans l’exposition Notre-Dame de Paris : des bâtisseurs aux restaurateurs, qui se tient à la Cité de l’architecture et du patrimoine jusqu’au 29 avril 2024, en se confrontant à la violence de l’incendie. Sur le côté, le coq qui ornait le sommet de la flèche, témoin malheureux de ce qu’il s’est passé, est entièrement cabossé.
Au cœur de la collection de moulages du musée parisien, l’exposition retrace toutes les étapes qui forgent l’histoire de la cathédrale, du chantier du XIIIe et XIXe siècle à celui de nos jours. Les objets y sont exposés telles des reliques : un morceau de la charpente du XIIIe, des vestiges de la flèche mais aussi des tenues de chantier.
L'idée est de répondre aux questions qui entourent la reconstruction du monument. Qui sont les acteurs du chantier ? Quels sont les choix entrepris pour la restauration ? Un acte de transparence pour l'établissement public Notre-Dame qui a parfois brillé par sa discrétion. "Nous voulons maintenir le lien affectif et émotionnel avec la cathédrale", explique Lisa Bergugnat, co-commissaire de l’exposition avec Isabelle Marquette.
Une énergie remarquable
On apprend qu'environ 175 chercheurs sont mobilisés pour mieux comprendre l’histoire de la cathédrale. "Une occasion unique, selon Lisa Bergugnat, d’apporter des connaissances sur les chantiers précédents afin d’éclairer le projet de restauration. Par exemple, nous avons pu identifier les pierres qui ont été utilisées lors de la construction au XIIIe siècle".
Vingt-six charpentiers, dix marbriers, soixante-deux tailleurs de pierre : il est aussi amusant de constater que les savoir-faire mobilisés aujourd’hui sont souvent les mêmes qu'il y a plus d'un siècle. "On entend parfois dire qu’on serait incapable de reconstruire à l'identique. Or, c'est précisément ce qu'on fait. Et si on est capable de le faire, c'est parce qu'on a cet héritage derrière nous", explique de son côté Catherine Chevillot, présidente de la Cité de l’architecture et du patrimoine.
Les secrets de la cathédrale
Une occasion unique est donnée de découvrir la cathédrale "comme on ne l’a jamais vu", assure Lisa Bergugnat. "Beaucoup de choses que vous verrez ici ne seront jamais vues d'aussi près", ajoute-t-elle. Les seize statues (douze apôtres et quatre évangélistes) qui ornaient la flèche à plus de 96 m sont aujourd’hui à hauteur d’homme. Miraculés de l’incendie, ces bronzes ont été démontés quatre jours avant le drame en vue de leur restauration. Ils seront bientôt réinstallés afin de reconstruire la flèche à l’identique. Plaisir particulier à la vue du visage de Saint Thomas, à qui l’architecte Eugène Viollet-Le-Duc a donné ses traits.
À la fin du parcours apparaissent aussi les tuyaux d’orgue, un tableau et des vitraux fraîchement restaurés. Sous nos yeux, la cathédrale renaît alors peu à peu de ses cendres. Début 2024, le grand orgue sera remonté pour être harmonisé. Le tableau exposé de Carle Van Loo, Saint Charles Borromée donnant la communion aux pestiférés, regagnera le beffroi nord. Quant aux vitraux, parfaitement nettoyés, ils seront reposés afin de redonner à Notre-Dame une luminosité perdue il y a des dizaines d’années.
"Notre-Dame de Paris : des bâtisseurs aux restaurateurs" à la Cité de l'architecture et du patrimoine à Paris, du 15 février 2023 au 29 avril 2024.
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