Patrimoine parisien : Rachida Dati menacerait les projets en cours d'Anne Hidalgo
La nomination surprise de Rachida Dati au ministère de la Culture change totalement la donne du jeu politique parisien en vue des municipales de 2026. "On espère qu'elle ne se servira pas de ce poste pour faire de la politique politicienne", glisse à l'AFP l'entourage du premier adjoint Emmanuel Grégoire. Le nouveau poste de Rachida Dati pourrait contraindre encore plus certains projets de la maire PS Anne Hidalgo.
Mais pour Aurélien Véron, élu du groupe LR et apparentés mené par Rachida Dati au conseil municipal, cette dernière va bien "mettre des bâtons dans les roues de la mairie de Paris, qui a pris la culture à la légère" depuis 2020 et la réélection d'Anne Hidalgo face à Rachida Dati. "Tous les dossiers incontournables à Paris, elle va se pencher dessus", insiste Aurélien Véron, pour qui l'opposante à Anne Hidalgo entend ainsi "conforter" sa position d'opposante numéro 1 en vue des municipales de 2026. Trois dossiers emblématiques pourraient illustrer cette "convergence stratégique", selon Aurélien Véron, du président de la République, Emmanuel Macron et Rachida Dati face à Anne Hidalgo.
Le réaménagement du square de Notre-Dame
Projet inscrit dans le cadre de la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame après son incendie de 2019, le réaménagement des abords du monument fait polémique depuis que la mairie a montré sa volonté d'enlever les grilles du square historique attenant, et y installer une vaste pelouse accessible au public. En mai 2023, les opposants à cette transformation du site ont demandé à Emmanuel Macron et à la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, "d'arrêter d'urgence ce projet et de le revoir en privilégiant la simple restauration du square Jean-XXIII".
En Conseil de Paris, Brigitte Kuster, l'élue LR du groupe de Rachida Dati, avait demandé que le square "demeure fermé pour des raisons de sécurité" et que le mobilier urbain historique "soit conservé". Ce mobilier urbain, notamment les bancs Davioud, "restera", a réaffirmé vendredi l'entourage d'Emmanuel Grégoire, pour qui le projet "est dans une phase trop avancée" pour être interrompu.
"On a passé les deux CNPA (Commissions nationales du patrimoine et de l'architecture), suivies par les ABF (Architectes des bâtiments de France)", deux organismes placés sous la tutelle du ministère, poursuit la même source. En mai 2023, la CNPA, dont l'avis est simplement consultatif, avait approuvé le projet, mais à quatre conditions, dont le maintien de la grille du square.
Bétonisation autour de la tour Eiffel et au Champ-de-Mars
En 2022, Anne Hidalgo avait renoncé à son projet de réfection des abords de la tour Eiffel, qui impliquait l'abattage d'une vingtaine d'arbres, devant la percée médiatique d'associations de défense de l'environnement. À ce moment-là, Rachida Dati avait demandé "un statut de protection patrimoniale du site du Champ-de-Mars et de l'axe tour Eiffel-Trocadéro, livrés au déboisement, à la délinquance et à la bétonisation".
Le projet plus large de réaménagement de la perspective allant du Trocadéro au Champ-de-Mars, auquel elle s'opposait, a été bloqué par la préfecture de police. Les recours devant la justice de la mairie ont été retoqués, mais Anne Hidalgo et Emmanuel Grégoire ont laissé entendre espérer relancer les travaux après les Jeux olympiques.
Démolition du Pavillon des Sources
Ce n'est pas un projet de la mairie, mais cette dernière l'a soutenu en délivrant le permis : la démolition du Pavillon des Sources, un petit bâtiment du site historique des travaux de Marie Curie, tout près du Panthéon, a été arrêtée in extremis début janvier par Rima Abdul Malak, remplacée vendredi par Rachida Dati. À la place, l'Institut Curie voulait y construire un bâtiment de cinq étages pour y installer "le premier centre de chimie biologique sur le cancer en Europe".
Rima Abdul Malak lui a finalement demandé d'envisager "toute alternative possible". Or Rachida Dati avait en octobre écrit à Rima Abdul Malak pour lui demander l'inscription du site "à l'inventaire des monuments historiques", déplorant que la "préservation du patrimoine parisien" soit "trop peu prise en compte par la mairie de Paris dans les opérations d'urbanisme qu'elle autorise". "Dans le domaine du patrimoine, je sais, chère Rachida, que tu vas veiller au destin du Pavillon des Sources de Marie Curie", a déclaré Rima Abdul Malak lors de la passation.
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