Pour ses 120 ans, parade du Belem et d'une flotte éclectique sur la Loire
Voiles fermées et moteur allumé, le Belem a largué les amarres samedi peu avant 13H, avec à son bord seize membres d'équipage et une quarantaine de stagiaires participant aux différentes tâches. Dans le sillage de l'ancien navire marchand, construit par les chantiers Dubigeon à Nantes en 1896, et désormais bateau école, une flotte éclectique de plusieurs dizaines d'embarcations, qui chacune à son tour fait retentir sa corne de brume.
Bateaux de patrimoine, de pêche et portuaires, voiliers, avirons ou pneumatiques, remorqueurs de la Loire, "on se retrouve même à partager la navigation avec des vieux gréements, des navires portuaires antérieurs au Belem, qui ont peut-être travaillé ensemble. Ce sont en quelque sorte des retrouvailles", déclare le commandant du navire Aymeric Gibet.
Sur la photo de famille, figurera le plus vieux bateau de plaisance français, également Nantais, le Vezon, construit en 1887, relate Marc Tourneux, coordinateur nautique de cette parade. "Chacun des marins professionnels ou de plaisance a accepté de jouer le jeu pour rendre hommage au Belem et à la ville qui l'a vu naître. (...) C'est un grand moment", se réjouit-il.
Navire classé aux monuments historiques depuis 1984
Mis à l'eau le 10 juin 1896, le Belem a effectué 33 campagnes commerciales jusqu'en 1914, transportant dans sa coque d'acier des marchandises du Brésil, de Guyane et des Antilles. Sauvé de l'abandon par le duc de Westminster qui le transforme en élégant yacht de croisière, qui le revend ensuite au brasseur Arthur Ernest Guiness, il passera sous pavillon italien après la Seconde guerre mondiale. Le trois-mâts de 58 mètres est racheté en 1979 par la Caisse d'Epargne, qui créera un an plus tard la Fondation Belem et qui embarque à son bord des stagiaires, huit mois par an. "Symboliquement", ce navire classé aux monuments historiques depuis 1984 a convoyé en cette "journée très particulière" une douzaine de jeunes de l'Ecole de la deuxième chance, souligne le commandant Gibet, qui a pris la barre du Belem il y a un mois."C'est une journée magique, une expérience unique. Plein de gens sur la berge regardent ce monument passer, on ne mesure pas l'importance de cet événement", témoigne Corinne, l'une des formatrices de l'Ecole, qui a elle, malgré les vents contraires, "tiré des cordes pour monter une voile".
Alors que la flotte entourant le Belem arrive à mi-parcours, des coups de canon retentissent au large, bientôt suivis d'un concert de cornes de brume et de biniou et des applaudissements des curieux présents sur les rives de l'estuaire. Un peu retardé en raison d'une crue de la Loire et d'une marée plus haute, le fleuron du patrimoine maritime français est accueilli en fanfare et par un feu d'artifice. Il accoste à son ponton vers 19H.
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