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"Quand l'art déco séduit le monde" : prolongation à la Cité de l'Architecture

L'Art déco, sa modernité, sa pureté, son luxe, rayonnent à la Cité de l'architecture à Paris. L'exposition "1925. Quand l'Art déco séduit le monde", montre comment ce style, né à Paris, s’est lancé à la conquête du monde grâce à la créativité des architectes et décorateurs français. L'exposition est prolongée jusqu'au 3 mars 2014. Avec une nocturne supplémentaire le vendredi.
Article rédigé par Sophie Jouve
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
La tasse à café de Jacques-Emile Ruhlmann (1879-1933)
 (RMN-Grand Palais (Sèvres, Cité de la céramique) )

Reportage : P.Sorgues, P.Tribo, N.Thouny
Maquettes et dessins d'architecture, mobilier, peintures et sculptures, objets d'art, photographies, mode et transports font revivre ces Années folles marquées par un appétit de vivre et une soif de consommer après les traumatismes de la Grande guerre.
Bugati type 40 (1927)
 (DR)
De l'Art nouveau à l'Art déco
L'Art déco puise ses racines dans l'Art nouveau né en 1890 en Europe. Ce dernier exalte la courbe, les formes végétales, les ornements mais il disparaît avec l'entrée en guerre.
 
L'Art  déco prend le relais avec une simplification des lignes, des motifs géométriques, qui correspondent à une industrie en mutation, à une révolution des transports (automobile et l'aviation), à une nouvelle société qui se met en place.
 
Judicieusement, en ouverture de l'exposition, le commissaire Emmanuel Bréon a placé côte-à-côte des éléments des deux styles pour aider le visiteur à "faire la différence". Ainsi ces deux villas : le Castel d'Orgeval d'Hector Guimard (Art Nouveau) et la Villa Cavrois de Mallet-stevens (Art déco).
Maison Art nouveau d'Hector Guimard/ Castel d'Orgeval, Villemoisson-sur-Orge 
 (Cité de l’architecture et du patrimoine / musée des Monuments français / Hervé Ternisien. )
La Maison Art Déco. Robert Mallet-Stevens, Villa Cavrois, 1929-1932
 (Cité de l’architecture et du patrimoine / musée des Monuments français / Hervé Ternisien.   )
L'Exposition internationale des arts décoratifs et moderne de 1925
"l'Art  déco, c'est d'abord l'envie de faire ensemble, c’est une entreprise collégiale", explique Emmanuel Bréon, conservateur en chef du patrimoine à la Cité de l'Architecture. "L'architecte fait appel à un ferronnier, à des ébénistes, à des sculpteurs, à des peintres", ajoute-t-il. Ces professionnels qui jouent collectif, vont par ailleurs partager et diffuser leurs réalisations, par le biais de portfolios.
           
"L'Hôtel du collectionneur", présenté à l'"Exposition internationale des arts décoratifs et modernes de 1925" à Paris, est un bon exemple du savoir-faire d'un décorateur-assemblier, surnommé le "Pape de l'Art déco" : Jacques-Henri Ruhlmann. Près de quarante artistes ont travaillé sous sa direction. Ce bahut en est un des éléments décoratifs. Seuls de prospères industriels et financiers peuvent s'offrir des décors aussi somptueux; ce sont eux que Ruhlmann veut séduire.
Bahut dit Meuble Elysée 1920  Jacques-Emile Ruhlmann (1879-1933) 
Marqueterie de loupe d'amboine vernie et ivoire sur bâti de chêne et tulipier, bronze argenté 
 (Mobilier National / photographe Philippe Sebert)

"Nous voulons montrer que l'Art  déco est vraiment né à Paris en 1925, avec cette fameuse exposition internationale", souligne Emmanuel Bréon.
           
Preuve s'il en est, ce pavillon du tourisme conçu pour l'exposition, par l'architecte Robert Mallet-Stevens (1886-1945). Une géométrie aérienne et nouvelle, un bâtiment en béton ultra moderne avant l'heure.

  Le Pavillon du tourisme de Mallet-Stevens  
 (Cité de l'Architecture)


L’exposition de la Cité de l’architecture nous prend par la main, nous fait prendre conscience de ce moment de créativité extrême qui touche à tous les aspects de la vie quotidienne : tissus, mobilier, mode, voiture, cinéma... L’art déco englobe des objets pour l’élite et des objets populaires, comme les gardes corps de nos pavillons et de nos immeubles.

Siège provenant du Grand salon du paquebot Ile de France
1927, Louis Süe (1875-1968) et André Mare (1885-1932)
 (Collection Écomusée de Saint-Nazaire/cliché Jean-Claude Lemée photographe)
Tissu perroquets et jets d'eau,  1917, par Charles Stern. Damas soie et coton.
 (© Manufacture de Soiries Prelle, Paris)

L'architecture est l'héritage le plus évident de l'Art déco. Premiers garages, premiers cinémas... Henri Sauvage est chargé d'agrandir la Samaritaine, en leur donnant une vue sur la Seine. Ce batiment, avec ses bow-windows et ses pilastres cannelés, devient un des ouvrages de référence. 

La Samaritaine
 (Cité de l'Architecture)

Le rayonnement de ce style est tel que de nomlbreux architectes américains viennent passer 4 ans en France à l’Ecole des Beaux Arts.

Dans sa dernière partie, l’exposition, à l'abri de petites alcôves, décline l’influence de l’art déco dans les grandes villes du monde. Un art nationalisé par chaque pays, « folklorisé par chacun ».
 
New York (son Rockefeller Center, son Chrysler building...), Boston, Chicago, Montréal, Buenos Aires, Rio (son Christ dû à Paul Landowski), Shanghai, se laissent séduire.
 
La France en fera une sorte de style officiel pour les bâtiments de la République, comme en témoignent son ambassade à Belgrade, conçue dans les années 1930 par Roger-Henri Expert ou l'ambassade de France à Ankara (1939) d'Albert Laprade.
 

Ambassade française à Belgrade par Roger-Henri Expert
 (Cité de l'Architecture)

 
La crise, puis la seconde guerre mondiale vont effacer les années folles. Les tenants du modernisme et de Le Corbusier vont l'emporter. Mais partout dans le monde se sont créées des "Art deco society" qui vont entretenir la flamme. "Partout sauf en France !" regrette Emmanuel Bréon.

Une exposition ludique, pédagogique et passionnante, vivement conseillée aux familles qui disposent d'un espace "Grandir en 1925", avec jeux de constructions, expositions de jouets d'époque et livres réédités.
              
  
"1925. Quand l'Art  déco  séduit le monde, à la Cité de l'Architecture de Paris
1 Place du Trocadéro, Paris XVIe
01 58 51 52 00
De 11h à 19h, nocturnes le jeudi jusqu'à 21h et le vendredi

Jusqu'au 3 mars 2014
            

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