Qui est Philippe Bénaval, le nouveau conseiller Culture d’Emmanuel Macron
Son mandat à la tête du Centre des monuments nationaux [CMN] allait s’achever en juin prochain, alors qu'il atteindrait l'âge limite de 68 ans. Pour ce proche du président de la République, devenir conseiller Culture de l’Elysée est une manière de conclure avec les honneurs une longue carrière au sein des établissements publics français.
Il s'agit d'un poste clé puisque, sous la présidence d'Emmanuel Macron, les décisions gouvernementales en matière de Culture se prennent généralement plus à l'Elysée que rue de Valois.
Un monument au service du patrimoine
Ce Toulousain d’origine connaît bien les rouages des établissements culturels français. A l’âge de 35 ans, il dirige l’Opéra de Paris puis en 1994, la Bibliothèque nationale de France et les Archives de France. De 2010 à 2012, il est nommé directeur général des patrimoines avant de remplacer, à la tête du Centre des monuments nationaux, Isabelle Lemesle contrainte de démissionner. Depuis sa présidence, le CMN, en charge de cent des plus prestigieux monuments historiques (l’Arc de Triomphe, la Saint-Chapelle, la forteresse de Carcassonne ou encore l’abbaye du Mont-Saint-Michel) peut s'enorgueillir d'accueillir plus de dix millions de visiteurs.
Ces dix dernières années, des centaines de chantiers de restauration ont aussi été lancés. A l’image de la restauration du château de Voltaire dans l’Ain rouvert au public en 2018 ou encore celle du monastère royal de Brou. Si le CMN a perdu la gestion du château de Chambord, transformé en établissement public, Philippe Bélaval a réussi à décrocher celle de l'hôtel de la Marine. Pour rappel, ce monument du XVIIIe, aux abords de la place de la Concorde à Paris, avait failli être transformé en complexe hôtelier de luxe sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
Quelques projets contestés
Si ses succès sont nombreux, certains reproches perdurent. Par exemple, l'œuvre de Felice Varini, Cercles concentriques excentriques, a laissé des marques sur les murs de la cité de Carcassonne plusieurs années après son installation.
En janvier 2021, il a aussi décidé, par l'intermédiaire du CMN, l’abattage de quatorze arbres, dont sept centenaires autour des étangs qui ont inspiré le peintre impressionniste Camille Corot à Ville d’Avray. Ce chantier, ayant pour but de consolider les berges, a malencontreusement conduit à la baisse du niveau de l’eau en aval et à l’invasion de roseaux et de vase, défigurant pour l'heure le paysage.
Ce nouveau conseiller de l’ombre d’Emmanuel Macron s’est aussi fait remarquer en 2011, lorsqu’il a discrètement glissé la corrida dans l’inventaire du patrimoine immatériel de la France. Roger Lahana, vice-président du Comité radicalement anti-corrida Europe, expliquait alors dans Le Huffington Post que le classement de la corrida avait été orchestré "dans l'opacité la plus totale par une commission du ministère de la Culture, sous la houlette de Philippe Bélaval, aficionado convaincu, à l'époque directeur général des Patrimoines et surtout, membre fondateur de l'Observatoire national des cultures taurines".
De nombreux chantiers à venir
Il n’est pour l’heure pas possible de connaître précisément les missions dont il aura la charge ces quatre prochaines années. Nul doute cependant qu’il supervisera la réouverture de Notre-Dame de Paris, prévue fin 2024, ou encore l’inauguration de la Cité internationale de la langue française au château de Villers-Cotterêts, projet cher au président de la République, est dont il a eu la charge depuis 2018.
Soucieux d’une meilleure valorisation des monuments historiques, il s’est aussi déjà exprimé sur la nécessité de métamorphoser l'île de la Cité et a soutenu, dans Le Parisien, le projet de la Mairie de Paris visant à réduire la circulation sur la place de l’Etoile afin de, selon lui, "donner de la majesté à l’Arc de Triomphe".
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