Restitution de 26 œuvres au Bénin : "C’est un jour historique" pour l’écrivain et économiste sénégalais Felwine Sarr
Ces œuvres "sont chargées d'Histoire", raconte l'écrivain. "Elles permettront aux Béninois de retrouver les traces matérielles d'une dimension de leur Histoire."
Felwine Sarr, écrivain et économiste sénégalais, co-auteur avec Bénédicte Savoy de Restituer le patrimoine africain (éditions Philippe Rey et Le Seuil) salue "une étape importante et un jour historique" sur franceinfo mardi 9 novembre car la France restitue officiellement 26 œuvres des trésors royaux d'Abomey pillés au 19e siècle par les troupes coloniales. C'est la dernière étape d'un processus lancé en 2017 par Emmanuel Macron qui avait promis de rendre une partie du patrimoine africain conservé en France.
"J'anticipe la joie des Béninois qui recevront ces œuvres qui leur ont longtemps manquées", explique Felwine Sarr qui ne cache pas son émotion. Ces œuvres représentent des statues de Ghézo, Glélé, Behanzin, les trois derniers rois de l'Empire d'Abomey qui a été défait par le général Dodds en 1892. Des pièces qui sont des symboles de la royauté, mais aussi des œuvres spirituelles. "Elles sont chargées d'Histoire, raconte l'écrivain, elles permettront aux Béninois de retrouver les traces matérielles d'une dimension de leur Histoire, et un moment très important pour eux, c'est le moment où l'Empire d'Abomey chute."
Exposées dans un musée vaudou
Les œuvres devraient être célébrées à leur arrivée, avant d'être déplacées au palais présidentiel à Cotonou où elles seront visibles. Les 26 pièces devraient ensuite être exposées à Ouidah, dans un musée vaudou, pour finir leur périple au palais d'Abomey.
Ce ne sont donc au final que 26 œuvres sur les milliers qui ont été pillées, mais pour Felwine Sarr, l'heure n'est pas à la statistique, mais à la symbolique. "Ces 26 œuvres ne sont pas n'importe quel type d'œuvres. Elles ont été centrales dans l'imaginaire du Bénin, aussi au cœur du musée du Quai Branly, explique le spécialiste. Bien évidemment, c'est une étape, le processus doit continuer, mais je pense qu'aujourd'hui elles ne se comptent pas en nombre." Felwine Sarr est optimiste pour la suite : "Je pense que le chemin est ouvert et qu'il est irréversible. Cela va se faire dans le temps. D'ailleurs, le président béninois a demandé d'autres œuvres aujourd'hui, donc je pense que cela va se faire."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.