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Sauver ce qui reste du patrimoine de Beyrouth : des associations se mobilisent

Une initiative pour tenter de sauver le patrimoine culturel et naturel de Beyrouth a été lancée le 4 avril à Paris par le World Monuments Fund (WMF) et deux ONG libanaises.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Vue sur la ville de Beyrouth, ici en septembre 2015.
 (ALISON WRIGHT / ROBERT HARDING HERITAGE / ROBERTHARDING)

Le World Monuments Fund (WMF) et deux ONG libanaises ont lancé une initiative pour tenter de sauver ce qui peut l'être du patrimoine culturel et naturel de la métropole libanaise où les projets de constructions menacent autant le bâti ancien que l'espace vert.

Le patrimoine de Beyrouth constamment menacé par les promoteurs

"L'implication de la population locale est fondamentale", a déclaré Alessandra Peruzzetto, spécialiste du Moyen-Orient au WMF, en soulignant que l'organisation internationale avait retenu deux sites emblématiques pour cette campagne de sensibilisation : le Palais Heneine et la péninsule de Dalieh el-Raouché. Une série d'événements doivent avoir lieu à Beyrouth autour de ces deux sites le mois prochain, du 19 au 21 mai, afin de sensibiliser la population.

Cette initiative intervient alors que vient de commencer il y a une semaine la démolition de l'une des plus anciennes brasseries du Moyen-Orient, la Grande Brasserie du Levant fondée en 1930, pour laisser place à un luxueux complexe résidentiel dans le quartier de Mar Mikhael, dans l'est de la capitale libanaise. 
La Grande Brasserie du Levant, datant de 1930, ici photographiée le 29 mars 2017. Le bâtiment a été démoli peu après. 
 (ANWAR AMRO / AFP)
"Au Liban tous les hommes politiques sont aussi promoteurs ou alliés à un promoteur : nous ne connaissons pas la notion de conflit d'intérêt", a dénoncé lors de la présentation de l'initiative à l'université de la Sorbonne, Antoine Atallah, vice-président de Save Beirut Heritage (Sauvons le patrimoine de Beyrouth).

"Moins de 1m2 d'espaces verts par habitant"

Le Palais Heneine, une bâtisse du XIXe siècle, "est en danger parce que son propriétaire le laisse se dégrader, alors qu'il est classé monument historique depuis vingt ans", a-t-il déploré. Intervenant par vidéoconférence, la co-fondatrice de la Coalition pour la Protection du Littoral de Dalieh el-Raouché a fait valoir que "l'accès à la mer n'est plus possible à Beyrouth à cause des constructions" et que la capitale libanaise a désormais "moins de 1m2 d'espaces verts par habitant".
Partout dans Beyrouth (ici en octobre 2015), les vieux immeubles laissent la place à de nouvelles constructions. 
 (PATRICK BAZ / AFP)

"On peut trouver une harmonie entre la préservation et le développement : nous sommes contre la destruction", a expliqué Mounir Bouchenaki, conseiller à l'Unesco, relevant que dans le monde arabe "le seul pays qui a réussi à inverser le cycle de la destruction c'est le Maroc". Le Palais Heneine et la péninsule de Dalieh el-Raouché ont été mis sur la liste du patrimoine en danger du WMF, organisation indépendante à but non lucratif créée en 1965 à New York pour sauver sites et monuments à travers le monde. Les militants pour la conservation du patrimoine libanais et les habitants de Beyrouth déplorent depuis des années la construction de nouveaux immeubles en hauteur aux dépends d'anciennes bâtisses et de la qualité de vie de la capitale. Beyrouth a déjà perdu une grande partie de ses demeures traditionnelles, dont le nombre a chuté de 1.200 en 1995 à 400 en 2010.

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