Séisme en Italie : le terrible bilan pour le patrimoine architectural
"On reconstruira, peut-être, mais jamais on ne reverra ces lieux tels qu'ils étaient auparavant", se désole le père Luciano Avenati, curé de Preci, en Ombrie, l'une des communes les plus touchées par le séisme du dimanche 30 octobre.
5000 sites ont subi des dégâts
L'abbatiale Sant'Eutizio, l'un des sites monastiques les plus anciens d'Italie où il officiait il y a quelques jours encore, est en ruines. "C'est une perte inestimable, toute cette région aura du mal à se relever, et les générations qui nous suivront ne pourront savoir ce qu'elle était qu'à travers les images du passé", poursuit-il.
L'évaluation des dommages est en cours mais, selon une première estimation des autorités, quelque 5.000 sites ont subi des dégâts, à des degrés divers, dans les deux régions.À Norcia, toujours en Ombrie, commune devenue depuis dimanche 30 octobre un des symboles de la catastrophe, deux églises sont à terre, dont la basilique San Benedetto, joyau du XIVe siècle, dont seule la façade est restée debout. Idem à Visso ou Macerata, localités des Marches où plusieurs édifices religieux ont été partiellement détruits.
À Rome aussi, des monuments ont été touchés. Des lésions ont été identifiées sur la façade de la basilique Saint-Paul hors les murs et sur la coupole de l'église Saint'Ivo de la Sapienza, chef-d'œuvre de l'art baroque, construire par Francesco Borromini.
Comment reconstruire ? Et comment protéger ce riche patrimoine ?
À l'urgence de secourir les populations sinistrées s'ajoute, depuis deux mois, l'inquiétude quant au sort du patrimoine architectural des Marches et d'Ombrie : comment le protéger contre de nouveaux séismes ? Les édifices détruits seront-ils reconstruits comme l'a promis notamment le président du conseil Matteo Renzi ? Quand ? Avec quels moyens ?"Toutes les œuvres endommagées seront replacées à l'endroit où elles étaient", a tenu à rassurer le ministre italien des Biens culturels, Dario Franceschini, faisant allusion aux monuments mais aussi aux fresques, statues, tableaux ou encore vitraux qu'ils contiennent. "Nous avons des compétences pour le faire, y compris pour des fragments de fresque d'un centimètre carré", a assuré de son côté Antonia Pasqua Recchia, responsable de la "Task force" constituée par le ministère italien des Biens culturels après le séisme fin août, au journal romain Il Messaggero.
Mais la tâche s'annonce immense et surtout très coûteuse. Le bilan est "désastreux. Même certaines oeuvres qui avaient été mises en sécurité ont été perdues, comme à Castelluccio", un petit village près de Norcia, non loin de l'épicentre du séisme du 30 octobre, selon Antonia Pasqua Recchia.
Parer au plus pressé
À Camerino, le clocher du Sanctuaire de Santa Maria in Via, qui avait été restauré après le séisme de 1997, s'est lui aussi effondré la semaine dernière. "Nous allons reprendre nos vérifications, y compris sur les édifices qui avaient déjà été contrôlés", a fait savoir Giorgia Muratori, la représentante du ministère des Biens culturels pour la région des Marches. Il s'agit de contrôles techniques pour établir si les fissures ou autres dommages peuvent compromettre la stabilité de tout l'édifice. "Mais dans bien des cas, nos techniciens ne peuvent pas encore intervenir et doivent attendre le feu vers des pompiers", qui doivent vérifier au préalable qu'il n'y a pas de danger pour les équipes, précise-t-elle.Afin de parer au plus pressé, la "Task force" culturelle va s'employer à protéger les décombres des intempéries. Dans le petit village de Campi, les experts s'apprêtaient à rassembler les fragments tombés de l'église médiévale de San Lorenzo. Mais avec la chute de son campanile, l'idée est désormais de recouvrir tous les décombres avec une toile renforcée, a ainsi expliqué Antonia Pasqua Recchia.
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