"Très contente pour Charleville, on le mérite" : au musée Rimbaud, les visiteurs se pressent pour découvrir les manuscrits du poète
Ce n'est pas vraiment une surprise. Avant même l'ouverture des portes dans la matinée du samedi 17 février, les premiers visiteurs se sont rassemblés sur les marches de l'ancien moulin qui abrite aujourd'hui le musée Rimbaud. C'est dans cette bâtisse majestueuse, sur les bords de la Meuse, que quatre nouveaux manuscrits tout juste acquis par le musée de Charleville-Mézières sont présentés au public jusqu'au 18 février.
Trois d'entre eux, deux lettres et un recueil de poèmes, ont été achetés aux enchères puis offerts par l'entrepreneur ardennais Pascal Urano. La troisième lettre exposée a été acquise par la Ville elle-même, en collaboration avec l'État, la région et la Fondation du patrimoine.
"On a vu ça dans la presse, on a vu ça un peu partout, donc ça nous intéresse", témoigne dans un sourire un amateur de la première heure. On devine son impatience.
Au 3e étage, la foule, accueillie au compte-goutte, attend patiemment. Dans la pénombre d’une salle exiguë, on peut y découvrir ces documents d’exception. Notamment une lettre écrite par Arthur Rimbaud à sa sœur Isabelle. Nous sommes en juin 1891, le poète est au crépuscule de sa vie, miné par une jambe récemment amputée. Depuis son lit de mort à l’hôpital de la Conception de Marseille, il détaille sa souffrance et sa solitude.
Ne pas troubler la solennité de l'instant
Lunettes sur le nez, le regard concentré sur le document manuscrit, un admirateur déchiffre les mots du poète et lit un extrait à voix haute. "Pour moi, je ne fais que pleurer jour et nuit, je suis un homme mort, je suis estropié pour toute ma vie", écrit Rimbaud à sa sœur.
"C'est émouvant, confie le lecteur. Il se rend compte de son état de malade et de personne handicapée et qu'il n'y a plus beaucoup d'espoir dans cette vie." Un autre visiteur, un homme d'âge mûr, ne cache pas son émotion : il chuchote pour ne pas troubler la solennité de l'instant. "Un poète comme Rimbaud ne mourra jamais. Pour moi c’est une idole."
Ces deux passionnés sont loin d'être les seuls à s'émerveiller. Telle cette mère de famille qui découvre avec son fils une autre lettre rédigée en 1883 depuis le Yémen dans laquelle Arthur Rimbaud, bien plus en forme, raconte qu’il aime l’endroit où il vit. Il s’adresse à sa sœur, mais aussi à sa mère, Vitalie. "J’ai toujours aimé Rimbaud, explique la visiteuse. Je trouve normal de le faire découvrir aux enfants."
Remettre en lumière la ville natale du poète
Pour les habitants de Charleville-Mézières, ces pièces, qui viennent enrichir la collection déjà riche de 1 300 œuvres du musée Rimbaud sont une fierté. Une manière de remettre en lumière la ville natale du poète. "Je suis très contente pour Charleville, déclare une visiteuse. Je pense qu'on le mérite car il y a assez de médisances sur Charleville."
Les manuscrits partiront dans un atelier dès lundi 19 février pour être restaurés, avant de faire leur retour au musée Rimbaud au mois de juin.
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