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Un jihadiste condamné à 9 ans de prison pour destructions de mausolées au Mali

Les juges de la Cour pénale internationale (CPI) ont reconnu mardi à La Haye, lors d'un verdict historique le jihadiste malien Ahmad Al Faqi Al Mahdi coupable de la destruction de mausolées protégés à Tombouctou et l'ont condamné à neuf ans de détention.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Ahmad Al Faqi Al Mahdi, le jihadiste accusé de destructions de mausolées, le 22 août 2016 à la Cour pénale internationale de La Haye, aux Pays-Bas
 (Patrick Post / AP / SIPA)

M. Al Mahdi, le crime pour lequel vous avez été reconnu coupable est très grave", a affirmé le juge Raul Pangalangan : "La chambre vous condamne à neuf années de détention." Cette peine constitue un "avertissement à ceux qui commettent ces crimes ou ceux qui envisagent de les commettre, qu'il s'agit d'un crime sérieux", a souligné auprès de l'AFP, peu après, la procureure de la CPI Fatou Bensouda. "C'est un crime de guerre et ils seront tenus responsables."

De leur côté, des habitants de Tombouctou ont salué cette condamnation comme "une leçon" et "un exemple", auprès de l'AFP.

Un peu plus tôt, les juges avaient conclu que l'accusé était coupable de la destruction de mausolées dans la ville malienne de Tombouctou, étant donné "sa participation directe à de nombreux incidents et son rôle en tant que porte-parole pour justifier les attaques dans les médias".

L'accusé, en costume gris, chemise blanche et cravate rayée, a écouté la lecture du jugement de manière concentrée, hochant de temps en temps la tête. En se rasseyant après la lecture de la sentence, il a mis une main sur son cœur.

Neuf mausolées détruits en 2012

Des dunes du Sahara à celles de la mer du Nord, au pied desquelles se dresse la CPI, le Touareg Ahmad Al Faqi Al Mahdi est accusé de crime de guerre pour avoir "dirigé intentionnellement des attaques" contre neuf des mausolées de Tombouctou, dans le nord du Mali, et contre la porte de la mosquée Sidi Yahia entre le 30 juin et le 11 juillet 2012.

Après avoir plaidé coupable à l'ouverture de son procès, cet homme aux petites lunettes avait demandé pardon à son peuple, assurant être "plein de remords et de regrets". Disant avoir été à l'époque "sous l'emprise" de groupes jihadistes, il avait appelé les musulmans du monde entier à résister "à ce genre d'actions".

La procureure affirme que l'accusé, né vers 1975, était un membre d'Ansar Dine, l'un des groupes jihadistes liés à Al-Qaïda qui ont contrôlé le nord du Mali pendant environ dix mois en 2012, avant d'être en grande partie chassés par une intervention internationale déclenchée en janvier 2013 par la France.

Les organismes de droits de l'Homme insatisfaits

En tant que chef de la Hisbah, la brigade islamique des mœurs, il aurait ordonné et participé aux attaques contre les mausolées, détruits à coups de pioche, de houe et de burin. Cette brigade est accusée par des organisations des droits de l'Homme de s'être livrée à des crimes contre l'humanité, incluant des crimes de torture, des viols et la mise en esclavage sexuel de femmes de Tombouctou.

Au début du procès, ces organisations avaient regretté que les charges contre Al Madhi ne soient pas élargies pour inclure ces crimes. Pour ses avocats, l'accusé est pourtant "un homme honnête" qui, à un moment donné, "s'est trompé". "C'est un homme qui voulait construire quelque chose de mieux", avait affirmé Jean-Louis Gilissen lors de sa plaidoirie.

Les juges retiennent des circonstances atténuantes

L'accusation avait requis entre neuf et onze ans de détention, et la défense s'était engagée à ne pas interjeter appel si la peine décidée par les juges se trouvait effectivement au sein de cette échelle. Les juges ont retenu plusieurs circonstances atténuantes, dont son admission de culpabilité, sa coopération, son empathie pour les victimes et ses remords ainsi que sa "réticence initiale à commettre les crimes".

Ce procès, le premier pour destruction de biens culturels, a vu une avalanche d'autres primeurs : premier accusé à reconnaître sa culpabilité, Ahmad Al Faqi Al Mahdi est le premier jihadiste à être jugé à La Haye et le premier accusé dans le cadre du conflit malien. Les experts et les Nations unies espèrent que le jugement "mettra fin à l'impunité" pour la destruction de biens culturels, alors que de nombreux sites sont régulièrement détruits en Irak ou en Syrie.

Mais même si la liste des sites en danger ne cesse de s'allonger, d'autres poursuites ne seront pas évidentes. Ni l'Irak, ni la Syrie n'ont signé le Statut de Rome, le traité fondateur de la CPI. Sans décision de l'ONU, aucune enquête n'est possible.

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