Victor Hugo, les souvenirs se vendent à la pelle...
Depuis quatre générations, les héritiers directs de Victor Hugo conservaient scrupuleusement ces quelque 500 objets (photos, meubles, croquis, souvenirs divers) ayant appartenu à l’écrivain (1802-1885) et certains de ses descendants. Ces «vestiges familiaux» (selon leurs propres termes) possèdent pour la plupart une valeur plus affective qu’artistique, même si une collection de dessins de l’écrivain suscite un intérêt croissant de la part des experts.
Ces dernières décennies, la collection était regroupée au mas de Fourques, à Lunel, résidence de l’arrière-petit-fils de Victor Hugo, Jean Hugo (1894-1984), peintre et décorateur. Or, depuis la disparition de sa veuve Lauretta, en 2005, se pose la question du partage de ce précieux patrimoine. Les sept enfants de Jean et Lauretta Hugo ont décidé d’établir un inventaire et d’organiser une vente. Dans un communiqué cité jeudi par Libération, ils expliquent le cheminement de leur décision : «Elevés parmi tous ces souvenirs de famille dans la maison de notre père, c’est seulement après le décès de notre mère que nous avons entendu le mot ‘partage’ qui entraîna le mot ‘dispersion’, qui à son tour nous fit prononcer le mot ‘vente’ puisqu’en effet : comment couper en sept la couronne de Léopoldine ?»
Des reliques sacrées et une collection de photos et de dessins
La couronne de l'infortunée Léopoldine Hugo, l’une des filles de l'écrivain, est l’une des reliques les plus sacrées du clan. La jeune fille de 19 ans la porta lors de son mariage en février 1843, six mois avant de se noyer accidentellement dans la Seine avec son mari. Parmi les autres pièces conservées jusque-là par la famille, figure une curiosité : le guéridon, surnommé "guéridon parlant", autour duquel Jean Hugo pratiquait des séances de spiritisme avec les écrivains Raymond Radiguet, Jean Cocteau et Paul Morand au début des années 1920.
La collection renferme par ailleurs de très beaux portraits photographiques datant de l’époque de l’exil volontaire du clan Hugo à Jersey (1852-1855), qui avait été causé par le coup d’Etat et l’avènement de Napoléon III. Enfin, les institutions et les collectionneurs avisés guettent également avec intérêt la mise en vente de quelque cinquante dessins et croquis de Victor Hugo, un événement en soi.
Les plus sentimentaux ne pourront s’empêcher de déplorer la dispersion aux quatre vents d’une collection très personnelle, non dénuée de portée émotionnelle, ayant appartenu à l’un des plus écrivains français les plus admirés au monde. On aimerait imaginer ces souvenirs ensemble, à portée de regard, réunis dans un musée… Mais que font les pouvoirs publics ? «L’Etat va peut-être se manifester pendant la vente», estime Lionel Gosset, qui dirige le département des collections de Christie’s. «Mais en amont, on ne sait jamais quelle sera son attitude. Ce genre de pièces part souvent dans des institutions et finit en général dans de bonnes mains», souligne-t-il, confiant. Dénouement attendu mercredi...
Exposition de la collection Hugo (415 lots, 500 objets)
Samedi 31 mars 2012 (12H-18H)
Lundi 2 avril (10H-18H)
Mardi 3 avril (10H-18H)
Christie’s France
9, avenue Matignon, Paris 8e
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