Pierre Arditi joue Paul Sneijder au théâtre : "C’est crevant à jouer mais c’est magnifique"
Pierre Arditi est sur scène à Paris dans une pièce adaptée d’un roman de Jean-Paul Dubois "Le Cas Sneijder", un de ses plus beaux rôles au théâtre, depuis plusieurs années.
Pierre Arditi est sur scène au théâtre de l’Atelier à Paris, jusqu’au 22 avril (puis en tournée dans toute la France) dans Le Cas Sneijder, une pièce adaptée d’un roman de Jean-Paul Dubois. Cette pièce offre à Pierre Arditi un de ses plus beaux rôles au théâtre, depuis plusieurs années. C’est le metteur en scène Didier Bezace, avec lequel Pierre Arditi travaille depuis plus de 15 ans, qui lui a proposé ce rôle magnifique.
Pierre Arditi joue Paul Sneijder dans "Le Cas Sneijder", un "rôle magnifique". Il se confie à Anne Chépeau
Paul Sneijder est le seul survivant d’un accident d’ascenseur, dans lequel il a perdu sa fille aînée. Depuis ce jour, sa vie est comme suspendue et il a une obsession : comprendre ce qui a pu provoquer cet accident. Pour cela, il dessine inlassablement sur les murs de son bureau des rouages d’ascenseur. Le reste lui est devenu indifférent, même sa vie de couple. "Le personnage m’intéresse parce qu’il porte des choses tellement déchirantes et puissantes, et en même temps des choses qui peuvent nous arriver à nous. On peut découvrir qu’on appartient à un monde qui n’est pas celui qu’on voulait, auquel on croyait. Donc, à un moment donné, le personnage se retire comme la mer qui s’en va à marée basse. Il s’absente d’un monde qu’il ne reconnaît plus et qui n’est plus le sien", explique l’acteur.
Un monde de la verticalité, symbolisé par les ascenseurs
Cette pièce raconte la lente descente d’un homme vers la dépression, un homme envahi par le désespoir. Mais elle porte aussi en elle une violente critique de la société dans laquelle Paul Sneijder a vécu jusque-là. Cet homme plongé dans une terrible solitude intérieure porte un regard à la fois lucide et caustique sur le monde qui l’entoure, ce monde de la verticalité et de la réussite, qui lui est désormais étranger.
"Ce monde vertical, dont les ascenseurs sont les rois, crée un monde puissant, fait de "corporate leaders" de "corp. managers". C’est un monde dans lequel il est en trop et sa fille aussi, et elle le paie de sa vie", poursuit Pierre Arditi.
C’est une espèce de monde de la compétitivité "at the top", au sommet. Il faut toujours être plus haut, il faut toujours être plus puissant, être plus fort. Et à l’intérieur de ça, qu’est-ce que nous devenons, nous, pauvres petites machines humaines ? Rien. Ce monde-là nous broie
Pierre Arditià franceinfo
Paul va donc s’inventer un nouveau monde, où il communique avec le fantôme de sa fille et avec Charlie, le chien qu’il promène… car il se fait embaucher comme promeneur de chiens. La pièce passe d’un moment à l’autre du drame à la comédie. Le rire a aussi sa place dans cette histoire tragique.
Un personnage complexe et bouleversant
Pour Pierre Arditi, tout en intériorité et absolument bouleversant, ce rôle est un vrai cadeau. "Le personnage est riche, c’est une palette large, c’est un "thèseux" au fond. Il parle peu en dehors de cette voix "off" mais qui est en fait une voix "in", ou "on". C’est ce qui sort de son cerveau et qu’on entend pendant qu’il fait autre chose d’ailleurs, on a l’impression que son cerveau nous parle", explique Pierre Arditi , ajoutant : "C’est ça qui est beau, on ne peut jamais s’ennuyer avec un personnage comme ça." "Mais l’inconvénient c’est qu’il est tellement riche qu’il faut vraiment être au sommet de ce qu’on est capable de créer parce que sinon on passe à côté" conclut l'acteur.
Sneijder c’est mon frère. S’il saigne je saigne, s’il pleure je pleure, s’il a mal j’ai mal et quand il ricane, il ricane pour masquer un mal qui est encore plus puissant. C’est crevant à jouer mais c’est magnifique
Pierre Arditià franceinfo
Dans Le cas Sneijder, tous les comédiens sont d’une grande justesse, remarquablement dirigés par Didier Bezace. Une mention spéciale pour la scénographie conçue par Jean Haas. Dans le bureau de Paul, dont les murs sont couverts de dessins et de calculs, des portes s’ouvrent et se ferment pour laisser apparaître les différents décors dans lesquels Paul Sneijder évolue. Des portes qui rappellent évidemment celles de l’ascenseur qui a fait basculer sa vie.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.