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Poitiers : un clitoris géant va être installé sur le campus de l'université pour "revendiquer l'égalité femmes-hommes"

Une sculpture géante va être inaugurée, vendredi, pour sensibiliser à la question des violences faites aux femmes. Franceinfo a interrogé l'université et l'association à l'origine de cette initiative.

Article rédigé par franceinfo
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Une photo non-datée de la sculpture "Le Clitoris", prise dans le jardin de l'artiste Matthew Ellis, à Mirfield (Royaume-Uni). (ALISON ELLIS)

Le pénis en béton qui trône depuis 40 ans sur le campus de l'université de Poitiers (Vienne) aura bientôt son pendant féminin. L'administration inaugure sur son campus, vendredi 24 novembre, une sculpture représentant un clitoris géant, rapporte Centre Presse. L'œuvre, en métal, sera surplombée par les instruments de l'excision afin de sensibiliser à la question des violences faites aux femmes, indique la vice-présidente culture et vie étudiante de l'université, Isabelle Lamothe, à franceinfo"Nous avons passé une convention avec l'artiste, Matthew Ellis, qui nous fait don de cette œuvre", précise-t-elle.

Une réponse au pénis des Bitards

L'administration n'est toutefois pas à l'origine de cette initiative, née grâce aux Ami.e.s des femmes de la libération. Cette association, qui lutte contre la prostitution forcée et les violences faites aux femmes, compte de nombreux étudiants dans ses rangs et collabore depuis plusieurs années avec l'université. Sa présidente, Emma Crews, "parlait avec des amis du phallus installé par la confrérie [estudiantine] des Bitards", raconte à franceinfo Pénélope Muffat, vice-secrétaire de l'association.

Elle se demandait comment on pouvait avoir un pénis géant sur le campus de l'université depuis si longtemps, alors que le clitoris apparaît seulement cette année dans les manuels de sciences.

Pénélope Muffat, vice-secrétaire des Ami.e.s des femmes de la libération

à franceinfo

Une amie d'Emma Crews lui a alors proposé de demander à son mari, sculpteur, de réaliser "un clitoris géant" à installer sur le campus."Elle nous a proposé cette installation artistique et l'université a bien sûr accepté, détaille Isabelle Lamothe. Nous soutenons régulièrement son association, pour l'organisation de festivals ou de soirées sur la lutte contre les violences faites aux femmes."  L'administration ajoute que cette sculpture entre '"dans le cadre de sa mission pour l'égalité femmes-hommes" et de sa politique "d'aménagement du campus avec des œuvres artistiques".

"Une belle œuvre, qui interroge"

L'association souhaitait à l'origine installer le clitoris géant à côté du phallus des Bitards. "Nous ne demandons pas que le pénis soit dégradé ou enlevé, souligne Pénélope Muffat. Ce que nous souhaitons, c'est que les femmes soient également représentées sur le campus." La confrérie des Bitards est d'ailleurs "très contente de voir un clitoris" venir répondre à leur "blanche verge", selon la vice-secrétaire des Ami.e.s des femmes de la libération. Le Crous, propriétaire du terrain où se trouve le pénis en béton, a toutefois refusé que l'œuvre de Matthew Ellis soit installée au même endroit.

Un refus que comprend Isabelle Lamothe, pour qui il ne faut pas "mettre sur le même plan" la sculpture et "la blague potache" des Bitards. "On est souvent dans la moralisation vis-à-vis de la sexualité, rappelle-t-elle. Cette œuvre est une autre façon d'aborder cette thématique, ainsi que les violences faites aux femmes, d'un point de vue artistique et symbolique. C'est une belle œuvre, qui interroge et peut porter ces causes."

Je crois que les étudiants qui passeront devant se mettront à parler du clitoris, mais aussi de la tragédie de l'excision.

Pénélope Muffat, vice-secrétaire des Ami.e.s des femmes de la libération

à franceinfo

"L'affaire Weinstein et les accusations de harcèlement et d'agressions sexuels qui pleuvent en ce moment montrent qu'il est vraiment temps de revendiquer l'égalité femmes-hommes, poursuit-elle. Cette sculpture est une façon de le faire."

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