Pour les influenceurs, une interdiction de TikTok aux Etats-Unis ferait "du mal à beaucoup de gens"

Le projet de loi visant à interdire TikTok sur le sol américain a été adopté mercredi 13 mars par la Chambre des représentants aux États-Unis. Une décision qui inquiète les utilisateurs du réseau social chinois.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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Rassemblement à Washington DC, États-Unis, le 13 mars 2024 des influenceurs TikTok qui demandent au président Biden de conserver le réseau social. (LENIN NOLLY / NURPHOTO)

L'éventuelle interdiction de TikTok aux Etats-Unis, rendue possible par le vote d'un texte au Congrès mercredi, alarme les influenceurs de la plateforme, qui y voient une manœuvre politique sans fondement. La proposition de loi qui prévoit de contraindre la maison mère chinoise ByteDance à se séparer du réseau social, sous peine de suspension, a été adoptée mercredi 13 mars par la Chambre des représentants.

En cas de vote favorable au Sénat, le président américain Joe Biden a déjà indiqué qu'il promulguerait le texte."Il y a une vraie possibilité que ce soit interdit, c'est dingue", a réagi, auprès de l'AFP, Nathan Espinoza (@beowulftiktok), qui compte plus de 300.000 abonnés sur la plateforme."Dans les commentaires de mes vidéos, les gens disent: 'c'est censé être le pays des libertés.'Et c'est vrai que le fait de voir le gouvernement américain faire quelque chose comme ça paraît très anormal."

Le chef de file des démocrates à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, favorable à la proposition, a martelé que le texte en lui-même n'avait pas valeur d'interdiction."Ils jouent sur les mots", a rétorqué Summer Lucille (@juicybodygoddess), influenceuse avec 1,4 million d'abonnés, venue, avec d'autres, protester contre la mesure devant la Maison-Blanche."Vendre TikTok en cinq ou six mois n'est pas un objectif réaliste", a-t-elle estimé. "C'est voué à l'échec."

Le texte accorderait en effet un délai de 180 jours à la société ByteDance pour se défaire de TikTok, faute de quoi elle serait exclue des boutiques d'applications d'Apple et de Google aux Etats-Unis."Si TikTok s'arrête, des dizaines de milliers de petites entreprises vont devoir mettre la clef sous la porte et la carrière de nombreux créateurs va être compromise", prévient Nathan Espinoza. Selon TikTok, 7 millions de petites entreprises et 170 millions de personnes utilisent la plateforme aux Etats-Unis.

"TikTok fonctionne mieux"

"Ils disent que TikTok est contrôlé par une nation étrangère, mais ils n'en ont apporté aucune preuve", se désole Nathan Espinoza. "Tout est très vague." Les élus à l'origine du texte accusent ByteDance de donner accès à TikTok aux autorités chinoises, qui peuvent ainsi récupérer les données d'utilisateurs américains mais aussi tenter de les influencer."Ce serait frustrant que ce soit interdit, parce que c'est une bonne plateforme pour partager des idées et en trouver", considère Matthew Holliday, adolescent de 16 ans et simple utilisateur de TikTok, à Boston. "Mais si cela peut renforcer la sécurité nationale, je suis pour."

Les dirigeants du réseau social ont, à plusieurs reprises, réfuté ces allégations. Pour beaucoup, cette proposition de loi illustre le décalage entre les élus du Congrès et les utilisateurs de TikTok, en grande majorité jeunes. Les parlementaires "affirment que (le réseau social) est plein de propagande chinoise, alors que, pour moi, c'est justement la plateforme la plus équilibrée politiquement", souligne Nathan Espinoza, estimant que ce n'est pas le cas pour Instagram, Facebook ou YouTube. Selon lui, une interdiction pourrait avoir "un effet énorme" sur la participation des jeunes au scrutin présidentiel de novembre.

Depuis la première tentative de Donald Trump de forcer ByteDance à vendre TikTok, en 2020, la suspension du réseau social a été plusieurs fois évoquée, notamment dans une proposition loi qui n'avait pas abouti, en mars 2023. Pour prévenir le risque d'une disparition, de nombreux créateurs ont donc progressivement élargi leur présence à d'autres réseaux sociaux, en particulier YouTube, qui a opportunément lancé YouTube Shorts, son format de courtes vidéos directement inspiré de TikTok.

Mais pour Steven King, (@btypep), créateur venu d'Arizona et qui compte 6,8 millions d'abonnés, "aucune autre plateforme n'apporte cette sensation de communauté. C'est l'algorithme qui la crée", fait-il valoir, devant la Maison-Blanche."Je n'ai jamais eu de succès avec Instagram ou YouTube", explique Ariella Elm, militante politique de gauche. "Donc je me dis que TikTok fonctionne mieux."

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