Pourquoi Benjamin Millepied quitte-t-il l'Opéra de Paris ?

Il ne sera resté qu'un an mais aura marqué l'institution. A une semaine de l'ouverture de la nouvelle saison, le chorégraphe Benjamin Millepied quitte la direction du ballet de l'Opéra de Paris. "Après mûre réflexion, j'ai décidé de mettre fin à mes fonctions au sein de l'Opéra de Paris", écrit-il dans un communiqué publié sur Twitter, jeudi 4 février.

Nommé en 2014, il était devenu, à 38 ans, l'un des plus jeunes directeurs du ballet. Selon les informations de France Info, le mari de l'actrice américaine Natalie Portman pourrait retourner vivre à Los Angeles (Etats-Unis) pour s'occuper de sa compagnie, LA Dance Project.

Le directeur de l'Opéra de Paris, Stéphane Lissner doit s'exprimer, lui, lors d'une conférence de presse à 15 heures. Pourquoi quitter si vite un si prestigieux ballet ? Francetv info vous donne les principales raison de ce départ.

Parce que ses idées étaient difficilement acceptées

Une institution vieillissante loin des idées révolutionnaires de son jeune directeur. En un peu plus d'un an, Benjamin Millepied a installé une nouvelle génération de danseurs classiques, a renouvelé les équipements et a mis en place de nouvelles règles pour préserver la santé de ses 154 danseurs.

Dans son communiqué, il se félicite d'ailleurs d'avoir permis le "développement considérable du mécénat et des collaborations avec de prestigieuses institutions culturelles françaises" et mis en place "une programmation artistique ambitieuse" et une meilleure "offre de soins dont les danseurs peuvent désormais bénéficier".

Malgré tout, l'intéressé ne se disait "pas satisfait", dans un documentaire de Canal+ (ci-dessous) repris par Le Figaro, face à la rigidité de l'enseignement à l'école de danse de l'Opéra ou à la difficulté du concours interne pour les danseurs. "L’idée même d’un classement, c’est ingrat pour un danseur. On parle ici d’art, pas de sport", soulignait Benjamin Millepied à Paris Match.

Parce qu'il avait sous-estimé la paperasse

Benjamin Millepied aurait également "sous-estimé le poids de la part administrative de sa fonction", d'après France Info. Une information confirmée par le chorégraphe dans son communiqué : "Mes fonctions de directeur de la danse occupent aujourd'hui une telle place qu'elle réduit considérablement celle, essentielle à mes yeux, de la création et de l'expression artistique", justifie-t-il.

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— Benjamin Millepied (@B_Millepied) 4 Février 2016

Si l'homme pense mêler l'artistique à l'administratif lorsqu'il débarque au Palais Garnier, en octobre 2014, il est loin de la réalité. Préavis de grève, circuit bureaucratique strict et lourd, organisation vétuste... Tout est bien "loin des réflexes de gestion américains", note la radio, qui ajoute que le directeur du ballet de l'Opéra a peut-être été trop peu soutenu par ses supérieurs.

Parce qu'il s'est mis le personnel à dos

Il y a aussi Relève, le documentaire qui lui est consacré le 23 décembre 2015 sur Canal+. "Benjamin Millepied y dénonçait la hiérarchie interne au ballet et un racisme insidieux", rappelle France Info. Sur ces images, il enchaîne les critiques à l'égard de la grande institution. "Etre danseur, c’est s’exprimer, pas tenter de ressembler à un motif sur du papier peint !" critiquait-il, ajoutant que le ballet était parfois "ennuyeux à mourir".

"Son style parfois un rien désinvolte ou sa surmédiatisation en auront énervé plus d'un", explique aussi Paris Match. Ses propos lui auraient en effet attiré les foudres du personnel de l'Opéra. "L’ambiance était houleuse depuis décembre et ne s’était pas arrangée", décrit le danseur étoile Stéphane Bullion dans Le Monde. Karl Paquette, également étoile, s'est, lui, dit choqué par les remarques de Benjamin Millepied avant d'ajouter : "Je danse depuis trente ans dans la maison, j’adore cet Opéra de Paris, je ne m’y suis jamais senti aussi mal que depuis six mois."