Propos d'Izïa Higelin contre Macron : on vous résume en six actes la polémique autour de la chanteuse
Izïa Higelin a choisi de rompre le silence dans un entretien à Ouest-France, lundi 10 juillet, quatre jours après sa prestation controversée au festival Les Nuits Guitare, à Beaulieu-sur-Mer (Alpes-Maritimes). La chanteuse de 32 ans assure désormais que ses propos ont été "mal interprétés" et "décontextualisés", après le tollé déclenché par son évocation imagée du lynchage d'Emmanuel Macron. Franceinfo revient sur les rebondissements des derniers jours.
Acte 1 : une tirade improvisée sur scène
Tout débute jeudi lors d'un monologue sur scène, entre deux morceaux. Izïa Higelin improvise une tirade, et se glisse brièvement dans la peau d'Emmanuel Macron. "Je pense que ce que le peuple veut, ce dont le peuple a envie, c'est qu'on m'accroche à 20 mètres du sol telle une piñata humaine géante, et qu'on soit tous ici présents munis d'énormes battes avec des clous au bout comme dans Clockwork Orange [titre original du film Orange mécanique]".
La chanteuse poursuit son récit, comme on le voit sur une vidéo postée par le magazine culturel InOut Côte d'Azur : "Et là, on le ferait descendre, mais avec toute la grâce et la gentillesse que les gens du Sud ont, déclare-t-elle. On aurait tous notre batte avec nos petits clous, et dans un feu de Bengale de joie, de chair vive et de sang, on le foutrait à terre, mais gentiment tu vois..." La chanteuse ironise ensuite : "Je vois déjà le gros titre de Nice-Matin demain : Izïa appelle au meurtre de Macron", rapporte le quotidien régional.
Acte 2 : des propos dénoncés par le maire de Beaulieu
"Cela n'a pas surpris ses fans, qui ont compris son ironie et même ri au début de son long speech", rapporte Jimmy Boursicot, un journaliste de Nice-Matin interrogé par Le Parisien. Prévenus par des spectateurs, les gendarmes tentent de cueillir la chanteuse à l'issue du concert, d'abord dans les loges puis dans son bus, avant de constater qu'elle est déjà partie.
"La réglementation fait qu'on ne peut pas y rentrer comme ça. Il y a eu de longues palabres entre le manager et la gendarmerie", déclare à Nice-Matin le maire de Beaulieu, Roger Roux, arrivé sur les lieux vers minuit. "On se croirait à un meeting de La France insoumise", poursuit-il, avant d'exprimer son dépit. "Aujourd'hui, on a envie de tout sauf d'entendre quelqu'un menacer, insulter, salir qui que ce soit." Son adjointe à la Culture, Marie-José Lasry, était présente au concert. Elle explique au quotidien que "des amis sont partis outrés" et avoir été "très embêtée". "Je me demandais s'il fallait que je la fasse virer", dit-elle.
Acte 3 : un torrent de réactions
Les images de la prestation sont largement commentées sur les réseaux sociaux. La députée Renaissance du Nord Violette Spillebout, notamment, pointe un "appel au meurtre" dans un contexte de violence contre les élus. Le festival Les Nuits Guitare, de son côté, estime que les propos d'Izïa Higelin lui sont "propres" et que la "production se détache de toute prise de position".
Acte 4 : une enquête ouverte à son encontre
Le parquet de Nice annonce samedi l'ouverture d'une enquête visant la chanteuse pour "provocation publique à commettre un crime ou un délit". Les investigations sont confiées à la brigade territoriale de la gendarmerie de Beaulieu-sur-Mer et à la brigade de recherches, ajoute le procureur de Nice, Xavier Bonhomme, précisant que l'enquête ne fait pas suite à une plainte. Cette procédure peut se terminer par un "classement sans suite si le procureur décide d'abandonner les poursuites", explique au Parisien Antoine Gitton, avocat spécialisé dans le droit de la presse. Ou par un "renvoi devant le tribunal correctionnel".
Acte 5 : un concert annulé dans le Nord
Deux jours plus tard, la mairie de Marcq-en-Barœul (Nord) décide d'annuler un concert de la chanteuse, prévu jeudi soir avant le feu d'artifice, à la veille du 14-Juillet. Le contrat liant les parties est résilié "unilatéralement", précise cette commune dirigée par le maire LR Bernard Gérard. Les propos d'Izïa Higelin sont jugés "en contradiction avec les valeurs de rassemblement et d'unité qui prévalent" lors de la fête nationale. "Ils indignent l'ensemble des Marcquois comme tous ceux qui sont attachés aux valeurs de la République", ajoute la municipalité. La chanteuse devait se produire "pour un concert public, gratuit et familial" sur l'hippodrome de la ville.
La direction des Francofolies de La Rochelle, en revanche, a fait savoir que la chanteuse se produirait bien mercredi 12 juillet, comme prévu.
Acte 6 : des explications en interview
Izïa Higelin revient finalement sur la polémique, dans un entretien à Ouest-France. "Je suis bien désolée que cela ait été mal interprété, décontextualisé", déclare-t-elle notamment, assurant n'avoir à "aucun moment" "voulu inciter à la violence ou à la haine". Elle livre ensuite une explication de sa digression sur scène : "C'est une histoire, un liant improvisé et surréaliste entre deux titres, qui parle de tout et de rien et qu'il ne faut surtout pas prendre au premier degré". Elle décrit enfin ses concerts comme des "lieux de bienveillance et d'amour, de folie et d'improvisation", et évoque "une histoire fantasmée, un moment partagé d'esprit libre, artistique".
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