Reportage Traduction, relecture... Comment le comics américain "Moi ce que j'aime, c'est les monstres" a été adapté pour la France

La maison d'édition "Monsieur Toussaint Louverture", l'éditeur français de cette bande dessinée à succès, tente de reproduire jusqu'à l'écriture de l'autrice.
Article rédigé par franceinfo, Augustin Arrivé
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Emil Ferris, autrice de "Moi ce que j'aime, c'est les monstres", reçoit le Fauve d'Or du meilleur album au festival d'Angoulême en 2019 (YOHAN BONNET / AFP)

C'est un comics, une BD américaine, que les fans craignaient de ne jamais pouvoir lire : la suite, en vente vendredi 8 novembre, de l'énorme succès de librairie "Moi ce que j'aime c'est les monstres", d'Emil Ferris. Elle avait reçu en 2019 le prix du meilleur album au festival d'Angoulême, le grand prix de la critique et l'Eisner Award (équivalent de l'oscar de la meilleure BD). Cinq ans plus tard, c'est l'occasion de se pencher sur le travail de fourmi de l'éditeur malin qui en avait acheté les droits. Mais l'adaptation d'une BD américaine se révèle bien plus complexe que ce qu'on imaginerait.

La version définitive de "Moi ce que j'aime, c'est les monstres", à côté des cartons d'épreuves corrigées. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

D'énormes cartons sont empilés dans les étagères de "Monsieur Toussaint Louverture", la petite maison d'édition girondine qui adapte en France le best-seller d'Emil Ferris. À l’intérieur de l'une des boîtes, des milliers de feuilles volantes : "On conserve toutes les épreuves corrigées", précise le patron des lieux, Dominique Bordes. "Il y a les corrections qui sont à intégrer, puis on vérifie si cette intégration a été bien faite".

Faire correspondre la taille du texte et l'écriture de l'autrice

Car adapter un comics américain, c'est beaucoup plus qu'un passage du texte dans "Google traduction" : "On parle de relecture de style. Il faut retrouver le style de l'autrice, trouver le sens exact, le sous-texte qu'elle a voulu mettre. Après, il y a un prémontage, faire correspondre le texte avec la taille des bulles. Et la troisième étape, c'est de faire lettrer à la main le livre."

Dominique Bordes, patron de la maison d'édition Monsieur Toussaint Louverture (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Pendant six mois, Lisa Folliet, l'assistante éditoriale a pris sur ses heures de sommeil pour assembler ce grand puzzle, à partir de numérisations multiples de l'écriture de l'autrice : "Quand quelqu'un écrit à la main, il écrit rarement deux fois la même lettre, comme on avait plusieurs jeux de police, il ne peut jamais y avoir deux lettres d'affilée qui se ressemblent", précise Dominique Bordes. "C'était très minutieux", ajoute Lisa Folliet. 

"Ça rendait un peu fou. Quand je me promenais dans la rue, les lettres des devantures se transformaient toutes seules, c'était particulier."

Lisa Folliet, assistante d'édition

à franceinfo

"On aimerait que ça soit plus simple à faire, ajoute Dominique Bordes. C'est pour cela que les autres éditeurs ne prennent pas ces livres. Moi, on me donnerait des Marvel, je serais très content de voir si je peux apporter quelque chose. Ça a l'air un peu vain de faire tout ça, mais on veut que l'expérience du lecteur français soit la plus proche possible de ce qu'a voulu Emil Ferrris."

Sans parler de la logistique pour que ça arrive jusque dans votre librairie. Ce tome 2, très attendu et très réussi, sort en librairie à 57.000 exemplaires, un tirage exceptionnel pour une bande dessinée américaine.

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