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"Rouge", l'exposition parisienne qui vous plonge au pays des soviets

L'exposition "Rouge", au Grand Palais de Paris, retrace 35 années pendant lesquelles les artistes soviétiques ont participé, à travers leurs créations, à la Révolution et à la propagande du régime.

Article rédigé par Anne Chépeau - Édité par Adrien Bossard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'exposition "Rouge", au Grand Palais de Paris, va durer jusqu'au 1er juillet. (ANNE CHEPEAU / FRANCEINFO)

À Paris, le Grand Palais consacre, jusqu'au 1er juillet, une exposition à l’art soviétique de la Révolution de 1917 à 1953, année de la mort de Staline. Cette exposition "Rouge" retrace 35 années de création de l’utopie artistique, des années 20 au réalisme socialiste stalinien.

Plus de 200 œuvres, quelque 300 documents, il fallait bien cela pour raconter des décennies de compagnonnage entre art et pouvoir soviétique. "Beaucoup d'artistes d'avant-garde vont adhérer à la Révolution et vont vouloir participer, à travers leur art, au bouleversement du mode de vie exigé par le socialisme, explique  Nicolas Liucci-Goutnikov, conservateur au centre Pompidou et commissaire de l’exposition. Ils vont donc rejeter ce qu'ils considèrent comme un art bourgeois, la peinture, la sculpture, et vont vouloir se concentrer sur toutes les disciplines qui ont un lien direct avec la vie : le théâtre, l'architecture et les arts imprimés."

Gustav Klucis, pionnier du photomontage

C’est à cet élan qu’est consacré la première partie de l’exposition. Le photomontage fait partie des nouveaux modes d’expression utilisés par les artistes. Une technique dont Gustav Klucis est le pionnier et dont le pouvoir va s’emparer. "Ce qui est particulier avec le photomontage, c'est qu'il va très rapidement être mis au service de la propagande, bien entendu. Et cette propagande va célébrer les réalisations en cours de la société soviétique mais aussi la figure de ses chefs", détaille Nicolas Liucci-Goutnikov

Gustav Klucis est finalement exécuté en 1938, quand le pouvoir reprend le contrôle de l’art et impose une figuration réaliste. Ce que l’on a appelé le réalisme socialiste, un kitsch d’Etat, dont on peut voir quelques exemples dans l’exposition comme le tableau d’Alexandre Deineka, Donbass - Pause déjeuner"On voit cinq jeunes hommes qui font du sport dans une rivière, décrit le commissaire de l'exposition. En arrière-plan, on distigue un train de marchandises. On est dans le Donbass, dans l'actuelle Ukraine, une zone qui est, à l'époque soviétique, en plein développement économique. Ce sont sans doute des ouvriers qui font leur pause déjeuner et qui prennent le temps de faire du sport. On voit qu'ils sont loin d'être des ouvriers accablés par la tâche, ils sont pleins d'espoir, d'énergie. C'est cette espèce d'optimisme que l'on veut insuffler à la population laborieuse."

Un tableau caricatural comme celui dans lequel Gorki lit un de ses contes autour d’une table à un Staline décontracté. Des œuvres qui prêtent aujourd’hui à sourire, mais qui ont, en leur temps, accompagné la propagande d’un régime, responsable de l’enfermement et de la mort de millions de personnes, artistes compris.

Exposition "Rouge" au Grand Palais - Reportage d'Anne Chépeau

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