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Festival de la fiction de la Rochelle : déferlante de séries et de téléfilms sur le sujet des violences faites aux femmes

Quatre ans après #MeToo, les chaînes de télévision et le cinéma s'emparent de la question des violences faites aux femmes, avec de nombreux téléfilms et séries présentés au festival de la fiction de la Rochelle.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Festival de la fiction la Rochelle 2021, Nicole Ferroni, Nicolas Martinez, Hubert Delattre, Marie Gillain, Christophe Laubion, Andrea Bescond, Jean-Michel Cortona présentent "A la folie" (M6) (FRANCK CASTEL / MAXPPP)

Violences conjugales, agressions sexuelles, prostitution adolescente... Quatre ans après #MeToo, une vague de fictions traitant des violences faites aux femmes déferle sur les chaînes françaises, une tendance salutaire aux yeux des personnalités engagées du secteur.

"Il était temps que les chaînes et les médias en général s'emparent de ces sujets !", se réjouit auprès de l'AFP Andréa Bescond (Les Chatouilles), co-réalisatrice et au casting du téléfilm A la folie (M6), sur l'emprise d'un pervers narcissique, en compétition au festival de la fiction de la Rochelle. Porté par Marie Gillain et Alexis Michalik, cette fiction, inspirée du vécu de sa co-scénariste, l'humoriste Eléonore Bauer, s'inscrit dans une sélection assez sombre, reflet de son époque.

Viol, agressions sexuelles 

Adaptée d'une oeuvre québecoise, la série choc de TF1 Fugueuse suit la descente aux enfers d'une adolescente qui, sous l'emprise d'un homme plus âgé, va tomber dans la prostitution, après avoir été violée. Celle de 13e RUE, J'ai tué mon mari, traite des violences conjugales.

Côté téléfilms, les employés d'une imprimerie se mobilisent dans Boomerang (France Télévisions), emmenés par Louise, campée par Corinne Masiero, pour défendre une ouvrière agressée sexuellement par un collègue protégé par la direction.

Dans Doutes, huis clos tendu d'Arte, Muriel Robin incarne la présentatrice d'une émission d'investigation menant l'enquête sur son propre mari, accusé par une jeune femme de l'avoir violée enfant.

"Prise de conscience"

Et la liste s'allonge encore avec les programmes annoncés en dehors du festival : Elle m'a sauvée (M6) sur le féminicide de Julie Douib, à l'origine du Grenelle contre les violences conjugales, Service Volé (TF1), adapté du livre d'Isabelle Demongeot, violée par son entraîneur de tennis, H24 (Arte), série de courts-métrages écrits par des écrivaines et tirées de 24 histoires vraies de violences en tous genres...

"C'est le signe d'une prise de conscience" commente pour l'AFP Olivier Wotling, directeur de la fiction d'Arte France.

"Comme la parole s'est libérée, on est dans le mouvement du monde", explique son homologue de France Télévisions, Anne Holmes, rappelant que MeToo a entraîné nombre d'articles, d'ouvrages, de témoignages, et qu'il "faut à peu près deux ans pour faire une fiction".

C'est un sujet qui "passionne le public", ajoute Florent Gellie, le directeur des programmes de fiction du groupe M6, citant les énormes succès d'audiences de TF1 avec son téléfilm sur Jacqueline Sauvage en 2018.

"Susciter le débat"

Pour M6, le traitement de ces sujets suit la modification, depuis deux ans, de sa ligne éditoriale vers des "fictions sociétales engagées", susceptibles de plaire à la ménagère de moins de 50 ans, qui, "on ne va pas s'en cacher", reste "la cible commerciale privilégiée des chaînes privées". Il s'agit aussi de "susciter le débat" dans les foyers, estime Anne Holmes, revendiquant le rôle "précurseur" du service public en la matière. 

Corinne Masiero espère ainsi que Boomerang va "déclencher la parole chez les téléspectateurs", comme ce fut le cas parmi les équipes du tournage. "Quand on en parle on se rend compte que tout le monde a subi des agressions (sexuelles) ou connaît quelqu'un qui a en été victime", constate cette militante qui a monté un spectacle sur les violences faites aux femmes, Les vaginites, et a "demandé à être référente harcèlement sur deux tournages".

Le petit écran permet en outre de toucher un large public, insiste Andréa Bescond. Son film sur la pédocriminalité, Les Chatouilles, avait réalisé près de 400.000 entrées en salles en 2018, et rassemblé 3,6 millions de spectateurs lors de sa diffusion sur France 2.

"C'est assez magique la télévision si on a besoin de délivrer un message", estime celle qui jouera dans Touchées, téléfilm de TF1 réalisé par Alexandra Lamy sur l'escrime thérapeutique pour les femmes victimes de violences sexuelles. "Maintenant il faut que la société politique évolue avec ce grand progrès de la société civile, et là pour l'instant on est vraiment à la traîne".

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