Mandela, Gainsbourg, Hendrix : l'INA et ses trésors audiovisuels
Toute la semaine, la rédaction de France 2 nous immerge dans les archives de la télévision et de la radio grâce aux pépites de l'INA. Etablissement unique au monde, présent avec des antennes dans toutes les régions de France, l'Institut National de l'audiovisuel n'a rien d'un lieu poussiéreux. A l'image des techniques, les métiers ont évolué et les professionnels qui y travaillent ont à coeur de faire vivre la mémoire et l'histoire. Les souvenirs télé des Français sont toujours bien vivants grâce à l'INA.
Une série réalisée par N. Lemarignier / J. Ababsa / M. Laporte
Episode 1 : 15 millions d'heures d'images
À Saint-Rémy-l'Honoré, à 45 kilomètres de Paris se cache le trésor de l'Institut national de l'audiovisuel. Les archives sont conservées dans d'immenses entrepôts. Fabrice d'Almeida travaille ici. Toutes les archives n'ont pas été conservées dans des conditions idéales. On trouve des bobines dans de vieilles boites à biscuits. "Une fois déroulées et nettoyées, il y aura des choses bien intéressantes à récupérer", explique le technicien.À Bry-sur-Marne (Val-de-Marne) se trouve le siège de l'Ina. Une équipe décide des archives mises en avant sur le site web. Un impératif, un lien avec l'actualité. Il faut alors choisir, l'Ina possède près de 15 millions d'heures d'images. Il faudrait près de 1 700 ans pour tout regarder. Chaque jour, on découvre quelques pépites débusquées par les fins limiers. Un concert de Jimi Hendrix chez Michel Drucker, ou la Marseillaise revisitée par Serge Gainsbourg.
Episode 2 : La clinique des images et la sauvegarde du patrimoine audiovisuel
Variété, feuilletons, reportages d'actualité ou encore débats politiques, toutes les émissions diffusées au cinéma dans un premier temps puis à la télévision sont analysées puis conservées par l'INA. Des pépites qui racontent des pans de notre histoire mais dont le support est parfois endommagé, la restauration est alors indispensable. C'est avec des ciseaux et de l'adhésif que le technicien recolle les morceaux de pellicule. Un petit passage au four est parfois indispensable pour décoller des bandes.Les images et les sons du patrimoine audiovisuel sont aussi préservés grâce aux yeux et aux oreilles des documentalistes de l'INA. Chaque jour Juliette Cuif analyse, indexe et recherche des images. Un travail d'enquêteur qui exhume des documents rares ou insolites. De la première télé de Jean Réno au duo de François Hardy et Jacques Dutronc en passant pas les accords internationaux fondateurs, l'INA détient des trésors exceptionnels.
Ce savoir-faire précieux permet d'enrichir de nouveaux contenus d'actualité et de vendre les images à des clients du monde entier. "On veut toucher tout le monde et surtout ceux qui n'ont pas conscience de la richesse et de l'immensité du patrimoine audiovisuel et de l'histoire de la télé", explique Stéphane Ramezi qui fait vivre les archives sur le site internet de l'INA.
Episode 3 : La formation professionnelle de l'INA
Monteur, journalistes, techniciens sons ou vidéo, l'INA délivre aussi des formations concernant tous les métiers de l'audiovisuels. 250 étudiants préparent chaque année des diplômes allant de Bac +2 à Bac +5. L'INA s'occupe à la fois des archives, de la formation, mais ce n'est pas tout. En 1974, l'éclatement de l'ORTF a donné naissance à Radio France et les trois chaînes de télé sont devenues autonomes. Tout le reste a été réuni dans l'INA notamment le groupe de recherche musical de l'ORTF, le GRM, qui a pris ses quartiers à Radio France. Ces outils sophistiqués sont utilisés par les compositeurs de musique contemporaine.A Saint-Rémy-l'Honoré, Brice Amouroux sauvegarde des archives dont certaines font partie de l'Histoire, tels que les procès de Maurice Papon, Paul Touvier ou Klaus Barbie. Certaines de ces archives particulièrement sensibles appartiennent au Ministère de l'Intérieur et sont conservées sous cadenas. Les archives nationales d'Afrique du Sud ont confié à l'INA la restauration des enregistrements audio du procès Mandela, des documents secrets également conservés sous scellés. Entendre la voix de Madiba, calme et posée sortir de de la bande-son sans pratiquement aucune égratignure provoque toujours le même frisson. Nous sommes en 1963, l'Histoire de la démocratie et de l'égalité entre les Noirs et les Blancs n'en est qu'à ses balbutiements.
Episode 4 : Le numérique au secours de la pellicule
La restauration des archives demeure l'une des mission centrale de l'INA. Avec le temps, les anciennes pellicules se détériorent et il faut agir avant que les images soient perdues.A l'aide d'une machine de haute technologie, les techniciens étalonnent les images endommagées et rectifient les couleurs. Une numérisation qui intervient image par image. C'est un travail de haute précision. Comptez 15 heures d'ouvrage pour un programme d'une heure. Le plan de numérisation a permis de sauver plus d'un million d'heures d'émissions. Sans ces "docteurs de l'image", les bobines seraient inutilisables et l'histoire de la télé tomberait dans les oubliettes.
45 000 heures de programmes sont disponibles gratuitement sur le site de l'INA. L'organisme en possède des millions d'autres inaccessibles au grand public. On appelle cela le dépôt légal. Depuis 1995, il tourne en continu et enregistre un nombre d'heures de programmes astronomique sur plus d'une centaine de chaines.
A la bibliothèque nationale de France, les chercheurs peuvent les consulter librement. Ils disposent aussi d'informations précieuses comme les audiences, les parts de marché... "Cela donne accès gratuitement à des informations qui autrement seraient payantes et qui freineraient la recherche", confie à France 2 Nathalie Nadaud-Albertini, auteure d'une thèse sur la téléréalité.
Episode 5 : Des archives au service de l'actualité
Mais si cette grande institution alimente les chaînes de télévisions en images, l'INA crée également ses propres programmes qu'elle met à la disposition de tous les publics. La plateforme ina.fr permet au grand public de visionner, commenter et de partager plus de 350 000 documents télé et radio. L'objectif de ses équipes et de nous faire revivre les grands moments de la télévision ou de la radio en nous proposant une sélection pertinente, affûtée et parfois décalée, de documents qui collent au plus près de l'actualité. Ainsi soixante films par an et 2400 documentaires ont été créés depuis 40 ans.
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