"Maniac" : on a été cobaye du lancement futuriste de la nouvelle série Netflix
"Bonjour, comment vous sentez-vous aujourd'hui ?" Matricule N°35 autour du cou, affublés d’une blouse d’hôpital, nous sommes escortés par des infirmières d’un soir vers la salle obscure. Ou plutôt le labo. Une trentaine d’autres "patients" sont installés en cercle dans des sièges blanc. Nous avons beau chercher du regard, pas d’écran de projection en vue. Seuls une tablette et un smartphone sont fixés sur les sièges. Vous allez vite comprendre pourquoi. Au plafond, une constellation de leds dessine les lettres de la série : M-A-N-I-A-C. Toit étoilé sur fond de musique interstellaire, le ton est donné. Et ce n’est que le début.
Des capteurs cérébraux pour calculer nos émotions
Tout le monde est confortablement installé dans les sièges individuels. La séance peut débuter ? Il manque un détail. Un régiment de blouse blanche sort alors de la pénombre, un casque à la main. Ecouteurs audio ? Détrompez-vous. Il s’agit d’un ensemble de capteurs permettant de calculer en temps réel les zones stimulées de notre cerveau. Et donc nos émotions. Le dispositif, conçu par une compagnie américaine, est loin d'être un gadget.Capteurs harnachés sur le front et à l’arrière du crâne, il faut maintenant se connecter avec l’application mobile. "Détendez-vous les yeux ouverts, nous demande l’infirmière, maintenant faites la même chose les yeux fermés…" Connexion en cours… Ca y est. Notre cerveau est connecté à l'application. Les zones stimulées s'illuminent en temps réel sur l'écran. Fascinant. Un tantinet angoissant aussi !
Concentration, stress, excitation, intérêt... Vous l’aurez compris, ce casque va relever en temps réel nos émotions lors du visionnage de la série, diffusée sur tablette. Ambiance Big Brother.
Eux aussi sont impressionnés par la mise en scène dont ils ignoraient tout. Le réalisateur Cary Joli Fukunaga et Patrick Somerville, scénariste qui s'est inspiré d'une série norvégienne du même nom, font une brève apparition : "Je remercie Netflix pour cette idée de fou", s’amuse le réalisateur. "Dans cette série, il ne faut pas s'attendre à voir Emma Stone et Jonah Hill tels que vous les connaissez. Maniac est une série très étrange." Nous sommes prévenus.
Série rétro-futuriste et onirique
Sur une seule saison de dix épisodes (nous n'en verrons que trois), Maniac raconte l'histoire d'Annie Landsberg (Emma Stone) et d'Owen Milgrim (Jonah Hill), deux personnages paumés et traumatisés par leur passé qui vont participer à une expérience clinique. Owen, fils d’un riche industriel new-yorkais, souffre de schizophrénie. Dépressif et prisonnier d’un monde imaginaire, il cherche à se reconstruire. Annie Landsberg, elle, est une toxico, dépendante d’une pilule produite par une compagnie pharmaceutique : "Neberdine Pharmaceutical & Biotech".
Tous deux décident de participer à un essai clinique organisé par cette même entreprise. Trois jours de traitement censés résoudre les traumatismes de manière permanente, sans complications ni effets secondaires. Le principe : plonger les patients dans un monde de rêves créé par leurs souvenirs. "Eradiquer toute forme de souffrance humaine, pour toujours". C’est la promesse de ce test et l’espoir d’une nouvelle vie pour nos deux héros. Mais, bien sûr, rien ne va se passer comme prévu.
Un duo détonnant
Boutons grossiers et couleurs criardes, les amateurs de science-fiction seront comblés. "Maniac" nous plonge dans un univers rétro-futuriste tout droit sorti d’un James Bond des années 70. Et où l’intelligence artificielle en charge du programme pourrait avoir des liens de parenté avec "Hall" de "2001, L’Odysée de l’espace".En plus d’une intrigue alléchante, la série réalisée par Cary Joli Fukunaga, réalisateur du prochain James Bond, a un argument de choc : son casting. Avec une Emma Stone rebelle et barrée qu’on avait découverte dans le délirant "Birdman", d’Iñárritu. Bien loin donc de son personnage angélique de "La La Land". Et un Jonah Hill en schizophrène dépressif. Une réussite.
Entre "Inception" et "Black Mirror", sans révolutionner le genre, l’univers onirique de "Maniac" offre une grande possibilité de création avec une identité visuelle séduisante. S'il faut attendre le troisième épisode pour entrer réellement dans l'intrigue, et entrevoir le potentiel de la série, la suite s’annonce prometteuse.
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