"Marie-Antoinette" sur Canal + : une série rafraichissante sur une reine libre et rebelle

Véritable icône de l'histoire de France, Marie-Antoinette a beaucoup fait parler et en a inspiré plus d'un. Après Sofia Coppola en 2006 et Benoît Jacquot en 2012, c'est désormais au tour de l'Anglaise Deborah Davis, co-scénariste du film La Favorite, de s'intéresser à l'épouse de Louis XVI. Cette nouvelle création originale de Canal+ raconte le destin de cette jeune princesse autrichienne qui a quitté son pays natal très jeune pour épouser le dauphin de France.

Cette coproduction internationale, tournée en partie à Versailles et à Fontainebleau, devrait s'étaler sur trois saisons. La première se déroule de 1770 à 1780 et raconte l'arrivée de la princesse à Versailles, à seulement 14 ans. La formidable Emilia Schüle en Marie-Antoinette y découvre le monde impitoyable de la Cour et les règles de l'étiquette française auxquelles elle doit se plier. Autre épreuve pour la jeune duchesse : elle doit consommer son union avec le dauphin Louis pour assurer l'union entre la France et l'Autriche et éviter une guerre.

Plongée intime dans Versailles

Avec un budget de 23 millions d’euros, les créateurs de la série n'ont pas lésiné sur les moyens en termes de décors et de costumes. Portée par des comédiens impressionnants, cette plongée dans l'univers royal est particulièrement réussie. Louis Cunningham, déjà présent dans la série La Chronique des Bridgerton, incarne Louis XVI, jeune homme maladivement timide et dont certains historiens pensent aujourd'hui qu'il aurait pu être atteint de troubles autistiques. Il forme avec Emilia Schüle un superbe duo, capable de dépeindre la relation très particulière entre les deux époux qui n'ont partagé l'intime qu'après sept ans de mariage. 

Deborah Davis décrit le quotidien de Versailles, ce microcosme fait d'alliances, de trahisons et de cruauté. Là aussi, les acteurs James Purefoy et la Française Gaia Weiss dans leurs rôles respectifs de Louis XV et Madame du Barry sont exquis. On est d'ailleurs un peu frustrés de les voir si peu en raison d'une ellipse de plusieurs années dans les premiers épisodes. C'est là toute la difficulté de cette saison : raconter dix ans de la vie de Marie-Antoinette et surtout, sept années de relation quasi-inexistante entre les deux mariés. Et pourtant, cette relation intime est sur toutes les lèvres de la Cour. Le sexe a une dimension éminemment politique puisque seule la naissance d'un fils peut permettre à Louis XVI et Marie-Antoinette d'asseoir leur pouvoir ou à l'inverse, de le perdre.

Une héroïne avant-gardiste

A contre-courant de l'image de femme frivole et vaniteuse décrite notamment par Sofia Coppola, la scénariste de la série a choisi de montrer une toute autre image de la princesse autrichienne. Elle n'est qu'une enfant naïve et touchante quand elle arrive en France. Puis elle grandit et devient peu à peu une femme qui sait ce qu'elle veut et ne se laisse pas faire. Progressivement elle comprend les codes de la Cour et décide d'établir ses propres règles. Passionnée de mode et de musique, elle s'entoure de nouveaux amis et forge Versailles à son image. Une héroïne libre, rebelle et féministe en somme. Cette narration inédite apporte une vraie fraîcheur, encore faut-il se prendre au jeu. Certaines scènes où Marie-Antoinette se révolte contre son frère ou Louis sont si peu réalistes qu'elles peuvent déconcerter. Malgré tout, le pari d'une héroïne moderne est globalement réussi. Il ne reste plus qu'à attendre les saisons suivantes, en espérant qu'une plus grande importance soit donnée aux arcanes du pouvoir et à la situation politique de Paris.

Deux épisodes tous les lundis à 21h à partir du 31 octobre sur Canal+ ou en replay sur myCANAL.