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La série à succès "Extraordinary Attorney Woo" ouvre un débat sur la place des autistes en Corée du Sud

La série sud-coréenne "Extraordinary Attorney Woo" met en scène une brillante avocate autiste, qui plonge souvent dans des situations d'isolement social. Cette fiction est devenue la série non anglophone la plus regardée de Netflix depuis un mois. 

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
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L'avocate Woo Young-woo est jouée par l'actrice Park Eun-bin.  (HANDOUT / NETFLIX)

C'est une nouvelle série sud-coréenne qui cartonne sur Netflix, mais son scénario est tout autre que Squid Game. Dans Extraordinary Attorney Woo, le spectateur peut suivre les aventures de Woo Young-woo, une avocate très brillante qui présente cependant des signes visibles de l'autisme, un handicap dans sa vie sociale. 

Cette histoire passionne à travers le monde : Extraordinary Attorney Woo est devenue la série non-anglophone la plus regardée de la plateforme de streaming Netflix depuis plus d'un mois, suivant les traces d'un autre phénomène sud-coréen, Squid Game. Mais la série déclenche surtout un débat en Corée du Sud où des milliers d'autistes disent se sentir invisibles dans la société. Certains applaudissent la visibilité qu'apporte la série sur le tabou qu'est parfois l'autisme, quand d'autres estiment que la série dépeint un personnage qu'on ne rencontre pas dans la réalité. 

"J'ai senti que j'avais une responsabilité morale"

Tout au long des 16 épisodes, l'avocate Woo Young-woo y apparaît extrêmement intelligente mais présente aussi des signes visibles de l'autisme comme l'écholalie -la répétition précise de mots ou de phrases, souvent en dehors de leur contexte.

L'actrice principale Park Eun-bin, 29 ans, qui a recueilli des critiques élogieuses, rapporte avoir d'abord hésité à accepter le rôle, consciente de l'influence que pourrait avoir la série sur la perception des personnes autistes. "J'ai senti que j'avais une responsabilité morale en tant qu'actrice", affirme-t-elle à l'AFP.

"Je savais (que la série) allait inévitablement avoir une influence sur les personnes autistes et leurs familles", explique-t-elle, ajoutant qu'elle se demandait si elle était capable d'incarner ce personnage complexe. "C'était la première fois que je n'avais aucune idée de ce qu'il fallait faire, de la façon d'exprimer les choses, pendant que je lisais le scénario", admet-elle.

Mais en Corée du Sud, certaines familles comptant des personnes autistes qualifient la série de pure "fantaisie" et considèrent que son personnage n'est pas crédible. Pour beaucoup d'individus atteints d'un trouble du spectre autistique, réussir comme Me Woo reviendrait pour "un enfant à décrocher une médaille olympique en cyclisme sans avoir encore appris à marcher", explique à un média local Lee Dong-ju, mère d'un enfant autiste.

"Les gens ne reconnaissent pas du tout les formes légères d'autisme"

Si Me Woo est sans conteste "un personnage fictif créé pour maximiser l'effet dramatique", son histoire est en réalité plus vraie que ne le pensent de nombreux Sud-Coréens, observe la professeure de psychiatrie Kim Eui-jung au Ewha Womans University Mokdong Hospital. Environ un tiers des personnes présentant un trouble du spectre autistique ont une intelligence moyenne ou supérieure à la moyenne, ajoute-t-elle, et peuvent ne pas présenter de caractéristiques autistiques visibles, ou même réaliser qu'elles en sont atteintes.

C'est ce qu'a vécu Lee Da-bin, dont le diagnostic n'a eu lieu que tardivement. "Les gens ne reconnaissent pas du tout les formes légères d'autisme", dit-elle. Mme Lee partage de nombreux traits avec le personnage de l'avocate, de l'hypersensibilité
à l'excellence académique malgré les brimades. Elle a grandi en sachant qu'elle était différente, se reprochant de ne pas être capable de s'intégrer.

"C'était une époque où (je) ne prononçais pas plus de 10 mots par jour"

Lee Da-Bin

une Sud-coréenne atteinte d'autisme

C'est seulement après avoir abandonné sa scolarité et débuté un suivi psychiatrique pour une dépression que son autisme a été diagnostiqué, donnant un sens à ses tourments d'adolescente dans ses relations aux autres. "C'était une époque où (je) ne prononçais pas plus de 10 mots par jour", confie Mme Lee. "J'avais passé ma vie entière à penser que j'étais simplement une personne bizarre...et que c'était ma faute si je ne pouvais pas me rapprocher des autres."

"La sensibilisation du public à l'autisme de haut niveau et sa compréhension sont
très limitées en Corée du Sud", analyse Kim Hee-jin, professeure de psychiatrie
à l'hôpital universitaire Chung-Ang de Séoul. Le grand public considère l'autisme comme "un trouble qui implique une grave déficience intellectuelle", observe-t-elle, ce qui contribue au manque général de diagnostic et de prise en charge précoces.

Déceler plus tôt les cas d'autisme

Un suivi commencé à un jeune âge peut aider les personnes autistes à ne pas "se
sentir coupables des difficultés qu'elles rencontrent (...) par exemple pour nouer
et entretenir des amitiés". Lee Da-bin pense qu'un diagnostic effectué plus tôt aurait pu lui permettre de prévenir d'énormes blessures et douleurs.

Depuis que son cas a été décelé, elle a pu reprendre des études avec, en ligne
de mire, une carrière en médecine. Comme l'avocate Woo Young-woo, dont les difficultés à sortir avec quelqu'un et les rêves de vie indépendante sont décrits de manière touchante, Mme Lee explique qu'elle souhaite vivre en se sentant autonome et capable de nouer des relations. "Je veux gagner assez d'argent pour subvenir à mes besoins et me payer mon propre logement, où je pourrai vivre avec quelqu'un que j'aime."

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