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"13 novembre : Fluctuat Nec Mergitur" : un documentaire Netflix donne la parole aux rescapés

Dans leur nouveau documentaire en trois parties, les frères Gédéon et Jules Naudet abordent le sujet douloureux des attentats du 13 novembre 2015. Intitulé "13 novembre : Fluctuat Nec Mergitur", la production Netflix recueille les témoignages de quarante témoins de cette soirée où Paris a basculé dans l'horreur.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Temps de lecture : 3min
Les documentaristes et frères Gédéon et Jules Naudet se sont fait connaître pour leur documentaire tourné en direct lors du 11 septembre 2001.
 (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
Quarante témoins (rescapés, pompiers, médecins, infirmiers, forces de l'ordre, politiques) des attentats de Paris et Saint-Denis, ont accepté de se confier dans ce film en trois volets que Jules et Gédéon Naudet dédient "à toutes les victimes" de cette funeste soirée.

Révélés par leurs images tournées en direct de l'attaque du World Trade Center le 11 septembre 2001, les deux frères ont décidé de se pencher sur les attentats du 13 novembre 2015 dans leur nouveau documentaire diffusé à partir de vendredi sur Netflix.

Éviter la propagande

Le nom du documentaire, "13 novembre : Fluctuat Nec Mergitur", reprend la devise latine inscrite sur le blason de la capitale française signifiant "il est battu par les flots, mais ne sombre pas". Elle symbolise aussi, depuis les attentats, la résistance face au terrorisme.   
https://twitter.com/NetflixFR/status/999198292570451968
Les frères réalisateurs reconstituent la chronologie des événements avec des témoignages entrecoupés d'images inédites. Pour leur sécurité, seuls les prénoms des survivants sont mentionnés. Aucun groupe terroriste n'est nommé, les agresseurs réduits à la seule ignominie de leurs actes. Les documentaristes tenaient à "s'assurer que le film ne puisse jamais être utilisé à des fins de propagande."

Face caméra 

Chaque témoin a été installé, seul, dans un studio entièrement noir, "isolé du reste du monde" pour témoigner de son 13 novembre "face à la caméra sans même voir l'équipe de tournage", dissimulée derrière de grands draps noirs. "Ainsi, on donne l'impression que chacun parle au téléspectateur, droit dans les yeux", déclare Jules Naudet. 

"Il s'agissait de créer une espèce de bulle où oublier le monde extérieur", poursuit-il. Ils se replongent dans le drame, "en racontant au présent". Huit mois de préparation et de rencontres ont été nécessaires pour instaurer la confiance. "On leur a raconté notre expérience du 11 septembre, les étapes de notre propre traumatisme dont ils étaient très curieux", continue Gédéon Naudet. "Ils expriment des choses que l'on partage entre survivants", ajoute-t-il, "ils sont eux-mêmes surpris d'en raconter autant, comme en thérapie". 

"L'Enfer de Dante"

Au Bataclan, où se produisait les "Eagles of Death Metal", certains otages se souviennent avec mépris de leurs assaillants. Les qualificatifs sont éloquents : "le grand débile", "le petit furieux", "ces brêles". Parfois, les pensées in situ sont teintées d'humour noir : "je ne vais pas me faire buter par un mec en jogging !", s'insurge mentalement une otage.
 
"La salle se transformait en une espèce d'immense râle collectif d'agonie", assure un survivant, gorge serrée. Un autre évoque l'"héroïsme discret" de l'entraide spontanée. "C'était tellement horrible qu'au bout d'un moment mon cerveau a coupé les sons parce que c'était insoutenable", explique une otage.

En pénétrant avec ses hommes dans la salle de concert, le Commissaire Molmy, chef de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI), est sidéré face au carnage : "ce sont des images qui restent gravées... ça me fait penser à L'Enfer de Dante". Sa colonne donne bientôt l'assaut, un kamikaze saute. La douzaine d'otages est libérée en à peine plus d'une minute. Il n'est que 00h21 alors que le cauchemar a été si long. Comme disent les frères Naudet : "le temps est élastique".
 

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