Sur le point d'être inculpé, Kevin Spacey redevient Frank Underwood dans une vidéo énigmatique
:quality(50)/2019/04/11/kevin_spacey_-_let_me_be_frank.jpg)
Selon le bureau du procureur Michael O'Keefe, Kevin Spacey, ex-star de la série "House of Cards" et acteur de cinéma renommé, sera formellement inculpé le 7 janvier à Nantucket d'"attentat à la pudeur" et de "coups" après la validation d'une plainte au pénal contre lui le 20 décembre par un juge local.
L'acteur âgé aujourd'hui de 59 ans a été accusé par plusieurs autres hommes d'agression depuis le début du mouvement #MeToo en octobre 2017 et est depuis persona non grata à Hollywood.
Une vidéo de 3 minutes, un jeu de mots, un discours énigmatique
En reprenant la même élocution que cet homme politique cynique prêt à tout pour défaire ses adversaires, l'acteur évoque les actions et manigances du personnage tout en insinuations, au point qu'il semble évoquer les accusations contre lui-même dans la réalité. Et il s'adresse directement au spectateur, comme dans un épisode de "House of Cards".
Son message : il ne faut pas croire tout ce qu'on dit sur lui
Filmé dans une cuisine, vêtu d'un tablier imprimé de Pères Noël, Kevin Spacey - qui avait disparu de la circulation depuis les premières accusations contre lui il y a plus d'un an - laisse entendre dans cette vidéo qu'il ne faut pas croire tout ce qu'on dit sur lui."Si je n'ai pas payé pour les choses dont nous savons tous les deux que j'ai faites, je ne vais certainement pas payer pour les choses que je n'ai pas faites", lance-t-il notamment en s'adressant au téléspectateur. Avant d'ajouter de façon sibylline que ses fans rêvant de le voir revenir à l'écran sauront bientôt "toute la vérité".
Contacté par l'AFP, Netflix s'est refusé à tout commentaire. Et des représentants de l'acteur n'ont pas réagi dans l'immédiat.
L'essentiel de la vidéo traduit en français
Je sais ce que vous voulez. Oh, bien sûr, ils ont peut-être essayé de nous séparer, mais ce que nous avons est trop fort, trop puissant. Mais après tout, nous avons tout partagé, vous et moi. je vous ai confié mes secrets les plus profonds, les plus sombres. Je vous ai montré exactement ce dont les gens sont capables. Je vous ai choqué(e) avec mon honnêteté, mais par dessus tout, je vous ai mis(e) au défi, je vous ai fait réfléchir. Et vous m'avez fait confiance. Même si vous saviez que vous n'auriez pas dû.
(...) Qu'importe ce que les gens diront, de plus, je sais ce que vous voulez. Vous voulez mon retour. Bien sûr, il y en a qui croient tout et qui attendent avec impatience que j'avoue tout. Ils n'en peuvent plus d'attendre que je déclare que tout est vrai et que je reçoive ce que je mérite.
(...) Vous ne jugeriez pas dans la précipitation sans des faits, n'est-ce pas ? L'avez-vous fait ? Non, pas vous. Vous êtes plus intelligent(e) que ça.
(...) Je peux vous promettre une chose : si je n'ai pas payé pour les choses que nous savons tous les deux que j'ai faites, je ne vais certainement pas payer pour les choses que je n'ai pas faites. Bien sûr, ils diront que je ne respecte pas les règles (...) Je ne l'ai jamais fait. Et vous avez adoré ça. En dépit de tout ce qui est arrivé (...), des Unes dans la presse, de ma destitution sans procès, en dépit de tout, et même de ma propre mort, je me sens étonnamment bien. Ma confiance remonte chaque jour et bientôt, vous saurez toute la vérité. Attendez une minute. Maintenant que j'y pense, vous ne m'avez jamais vu mourir, en réalité, n'est-ce pas ? Les conclusions peuvent être si trompeuses. Je vous manque ?
Un jeune homme se serait décidé à porter plainte suite à l'affaire Weinstein
Lors d'une conférence de presse en novembre 2017, la mère du jeune homme qui affirme avoir été agressé avait indiqué que son fils, alors âgé de 18 ans et fan de Kevin Spacey, avait rencontré l'acteur dans un bar-restaurant de la station balnéaire près de Boston. L'acteur avait, selon elle, poussé son fils à boire alors même qu'il n'avait pas l'âge légal de 21 ans, avant de lui "fourrer la main dans le pantalon et d'attraper ses parties génitales".L'agression avait continué jusqu'à ce que l'acteur s'absente pour aller aux toilettes, avait raconté Heather Unruh. Une femme était alors venue à la rescousse du garçon, visiblement troublé, et lui avait dit de partir en courant, ce qu'il avait fait, selon la mère. Heather Unruh avait expliqué que son fils n'avait pas porté plainte sur le moment, "essentiellement par gêne et par peur". C'est seulement lorsque d'autres plaintes contre l'acteur avaient émergé, dans le sillage des accusations contre le producteur de cinéma Harvey Weinstein, qu'il s'était décidé à parler.
Les médias britanniques ont fait état il y a plusieurs mois d'une enquête criminelle pour agressions sexuelles contre Kevin Spacey à Londres, où l'acteur a dirigé pendant onze ans le théâtre du Old Vic. Mais à ce jour, aucune inculpation n'a été rapportée.
La police de Los Angeles a aussi indiqué enquêter sur une plainte déposée en août contre l'acteur, après avoir clos un autre dossier dont les faits présumés, qui remontaient à 1992, étaient prescrits. L'acteur fait aussi l'objet de plaintes au civil.
Spacey évincé de "House of Cards" et effacé du dernier Ridley Scott
Après les premières accusations, celui qui a été récompensé à deux reprises aux Oscars pour ses rôles dans "Usual Suspects" (1995) et "American Beauty" (1999) - où il excellait dans le maniement d'une subtile ambiguïté - avait été débarqué par Netflix de "House of Cards" dont il tenait le premier rôle.Dans la dernière saison et épilogue de la série, sortie en novembre, son personnage Frank Underwood a disparu : il est mort dans son sommeil. "Maintenant que j'y pense, vous ne m'avez en réalité pas vu mourir", dit Kevin Spacey dans sa vidéo, avant de conclure énigmatiquement après une légère pause: "Les conclusions peuvent être si trompeuses. Je vous manque ?"
L'acteur a également été effacé du dernier film de Ridley Scott, "Tout l'argent du monde", où ses scènes ont été re-tournées in extremis par Christopher Plummer.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.