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"The Bold Type", ou quand le féminisme atteint les séries grand public

Avec l’arrivée sur les écrans américains de la nouvelle série The Bold Type, une tendance à la télé, légèrement inspirée du cinéma, se confirme : celle du "pop féminisme", un féminisme au goût du jour, revendiqué haut et fort par d'incontournables personnalités de la pop comme Beyoncé, Taylor Swift et Miley Cyrus.
Article rédigé par franceinfo - Paméla Rougerie
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Les trois amies Kat, Jane et Sutton, de nouveaux modèles de femmes ambitieuses.
 (Freeform)

Le féminisme, question taboue au petit écran ? Si, il y a encore quelques années, certaines héroïnes auraient eu du mal à assumer cette étiquette auparavant controversée, aujourd’hui, elles le revendiquent haut et fort.  La série “The Bold Type” (traduire “Le genre audacieux”), dernière-née de la vague pop féministe dans les séries, et diffusée sur la chaîne américaine grand public Freeform (auparavant nommé ABC Family), en est un exemple.

À l’affiche, trois jeunes new yorkaises, Jane, Kate, et Sutton, qui travaillent dans un magazine féminin revampé pour plaire aux femmes actives et politiquement engagées du XXIe siècle. Parmi les sujets abordés par le magazine : les classiques questions de sexualité d’habitude taboues (“Témoignage : je n’ai jamais eu d’orgasme”), mais aussi des reportages abordant des questions plus sensibles (“Portrait d’une photographe musulmane, immigrée et lesbienne qui veut avoir le droit de s’exprimer”).

Côté vie personnelle, les jeunes femmes ont chacune des ambitions, calquées sur les storylines habituelles du genre : l’une veut devenir une journaliste politique que l'on prend au sérieux, l’autre veut percer dans la mode malgré son milieu d’origine défavorisé, et la dernière (qui est "social media editor", en charge des réseaux sociaux du magazine) veut secouer son univers professionnel en abordant des sujets politiquement engagés.

Un discours plus affirmé et public

On est donc loin des longs brunchs peu réalistes des héroïnes de “Sex and the city” où plusieurs New-Yorkaises passaient leur temps à narrer leurs vies amoureuses chaotiques, sans se soucier des autres problèmes contemporains. Même si la série, à l’époque, avait fait sauter les carcans de la télé traditionnelle en abordant la sexualité féminine sans tabou, il lui manquait encore cette conscience politique et sociétale (seulement portée par le personnage de Miranda, une femme austère moins appréciée des fans) qui aurait pu la faire rentrer dans la case des séries aux messages féministes.

En 2017, le problème est réglé, et la recette marche : le renouvellement de la série n’est pas encore confirmé, même si la critique, elle, est positive. Enfin, estime-t-elle, on aborde des questions de sexualité féminine sans complexe. Enfin, on voit des femmes ambitieuses se soutenir au lieu de s’écharper pour attirer l’attention des hommes de leur environnement. Avec l’arrivée d’une série comme “The Bold Type” sur une chaîne de télévision aussi grand public que Freeform, on constate donc un virage des séries féministes vers des chaînes plus généralistes.
Car la tendance n’est pas nouvelle. Mais elle se cantonnait aux chaînes connues pour leur esprit subversif. C’est le cas de la série à succès “Girls”, diffusée sur la chaîne câblée HBO (connue pour “Game of Thrones” ou “Sex and the city”), qui relate la vie de jeunes new yorkaises de façon crue. Lena Dunham, héroïne controversée de la série, est rapidement devenue, avec ses nombreuses scènes de nu dévoilant sa plastique éloignée des codes hollywoodiens, une représentante de ce mouvement féministe au petit écran.

Humour, politique et adolescence

Moins connue, mais plus drôle, la série “Broad City”, diffusée sur la chaîne Comedy Central, où l’on suit la vie complètement barrée d’Abbi et Ilana, deux meilleures amies dont les frasques égalent celles des meilleures séries comiques aux rôles principaux souvent campés par des hommes. Sur Amazon, on parle aussi d’une petite révolution. Dans “Good Girls Revolt”, tout un bureau d'enquêtrices d’un grand magazine américain se bat pour obtenir un salaire équivalent à celui des reporters de leur rédaction, un statut réservé… aux hommes.
Le mastodonte du streaming Netflix s’est lui aussi essayé au genre, avec brio : impossible de ne pas mentionner “Orange is the new black”, la série qui a probablement propulsé le diffuseur au rang de producteur incontournable de séries télévisées. Ce long récit de la vie quotidienne au sein de prison de femmes, croisé avec leurs vies respectives avant leur arrestation, s’est distingué par sa richesse, son approche sans fard des problématiques croisées avec le féminisme comme le racisme, la sexualité, ou encore la religion, non sans humour.

Les jeunes ont eux aussi droit à ce discours féministe ouvert et décomplexé, comme dans la série norvégienne “Skam”, qui a fait un carton dans toute l’Europe et sur les réseaux sociaux. Dès le premier épisode, la jeune Noora, un des personnages préférés des fans de la série, revendique le féminisme pour défendre une amie “slut-shamée” (accusée d’être une “salope” par une camarade de classe). Rafraîchissant.
La tendance n’est pas près de s’essouffler. En novembre prochain, Netflix publiera une série intitulée “She’s gotta have it”, basée sur le film “Nora Darling n’en fait qu’à sa tête” de Spike Lee. En tête d’affiche, Nora Darling, une jeune artiste new-yorkaise et de sa vie compliquée, partagée entre trois amants. Une attitude qui, dans les années 80, était seulement tolérée par les hommes. Le film d’origine avait déjà conquis la critique de l’époque. On n’en attend pas moins pour cette reprise.

"The Bold Type" est diffusée tout l'été les mardi soirs sur la chaîne américaine Freeform.

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