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"The State", une série sur des jeunes qui s'engagent pour l'EI, arrive en France

La série "The State", qui arrive lundi sur Canal+ et le 18 septembre aux Etats-Unis sur National Geographic, a nécessité 18 mois d'enquête sur l'enrôlement au sein du groupe jihadiste Etat islamique pour le scénariste Peter Kosminsky, qui dit en être sorti "durablement bouleversé".
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Le réalisateur Peter Kosminsky entouré des acteurs de "The State", sa série sur des jeunes qui s'engagent auprès de l'organisation Etat islamique (Beverly Hills, le 25 juillet 2017)
 (Frederick M. Brown / Getty Images North America / AFP)

"The State" (L'Etat), série en quatre épisodes, créée par l'auteur de "Wolf Hall" (fiction remarquée sur Thomas Cromwell), traite de la formation en Syrie d'un groupe de jeunes Britanniques. Une jeune femme et son garçon de 10 ans, une jeune fille et deux jeunes gens, qui vont devoir s'adapter à leur nouvelle vie dans un camp de l'Etat islamique.


Une fiction qui se veut "très réaliste"

"C'est le sujet le plus bouleversant que j'aie jamais exploré, à part mon film 'No child of mine'", a déclaré à l'AFP Peter Kosminsky. Un film diffusé il y a quelques années sur Arte, traitant du viol d'une adolescente par son père qui la prostitue. "Ca donne un peu l'échelle" de l'horreur, dit-il à l'AFP.
 
Sa fiction "très réaliste", tournée en partie dans le sud de l'Espagne, est le fruit d'une enquête intensive menée en Angleterre, en France et en Allemagne en 2015. Ce processus qui a duré 18 mois l'a conduit "à mener des interviews" de candidats au départ en Syrie et de jeunes qui en sont revenus. Ils ont accepté de parler à condition que leurs échanges restent "confidentiels et anonymes".
 
"Je respecte cet engagement", souligne Peter Kosminsky, qui dit avoir dû visionner de nombreuses vidéos "que j'aurais préféré ne jamais voir et lire une énorme quantité de documents plein d'histoires très, très tristes et dérangeantes".

Une formidable sensation d'appartenance

Le sort des femmes et enfants yézidis "vendus comme esclaves sexuels sont des scènes qui rappellent des périodes prébibliques", poursuit-il. "Ils sont obligés d'assister à la décapitation de leurs proches masculins, puis passent d'un violeur à un autre."
 
Peter Kosminsky, 60 ans, voulait que sa série "reflète bien ce qui est ressorti de cette enquête". A savoir que lorsque les jeunes arrivent sur place, "ils éprouvent aussitôt une formidable sensation d'appartenance à une fraternité, dont ils sont frustrés en Occident", fait-il valoir, "en tout cas au début". Une question qui tenaillait le scénariste était de savoir "comment leur conviction qui s'est forgée en dehors de l'Etat islamique, en Europe de l'Ouest, survit au principe de réalité de l'EI ?".
 
Un jeune islamiste lui a fait observer combien il se sentait exister désormais : "Avant je n'étais qu'un simple ouvrier sur un chantier et aujourd'hui, ce que je fais ébranle la politique du président des Etats-Unis !"

Des polémiques au Royaume-Uni

Il y a déjà eu de nombreuses fictions et documentaires sur l'Etat islamique et ses exactions, mais le scénariste voulait raconter "une histoire sur le quotidien de ces jeunes" enrôlés, une fois sur place, "ce qui n'avait encore jamais été fait à ma connaissance".
 
La série a suscité des polémiques au Royaume-Uni, où elle est diffusée depuis le 20 août sur Channel 4. La Daily Mail accuse le réalisateur de "glorifier l'Etat islamique". Channel 4 défend la série, estimant qu'elle est basée sur une recherche minutieuse et qu'elle traite d'un sujet important, rapporte The Guardian. Pour ce dernier quotidien, "The State" ne justifie pas l'extrémisme. Au contraire, la série pourrait être une vidéo convaincante pour dissuader de rejoindre l'EI. Mais le critique du Guardian estime qu'elle échoue à nous faire comprendre pourquoi les personnages ont choisi de s'engager pour l'Etat islamique.
 

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