"Cabaret et jeune public, antinomique ?" : Kamel Ouali relève le défi au Paradis Latin
"On peut mettre en musique s’il vous plaît ?", lance Kamel Ouali, chorégraphe et metteur en scène. Il est aussi connu pour avoir été le professeur de danse emblématique de l’émission Star Academy. Les danseurs s’étirent dans les coins de la grande salle du Paradis Latin. Ce sont les dernières répétitions avant la première de Mon premier cabaret, le nouveau spectacle d'un des music-halls les plus anciens de Paris, qui débute mercredi 14 décembre.
Les performeurs se positionnent sur un plateau tournant divisé en trois parties. Premier tableau à l’ambiance égyptienne avec hiéroglyphes qui laisse place au Mont Fuji japonais, pour finir sur Venise et son ambiance romantique. Tout cela est vite balayé par une danse Bollywood rythmée et entraînante, qui hurle la joie de vivre. " Là, Océane, qui est au milieu, sera dans un costume d’éléphant démesuré", montre Kamel Ouali en souriant dans son survêtement gris.
Le directeur artistique fait certains ajustements. "Les éventails ne sont pas assez hauts", explique-t-il en montant sur la scène pour remonter de assemblages de plumes. Cinq millions d’euros ont été nécessaires pour réaliser ce spectacle accessible à partir de cinq ans.
Une nouvelle offre pour le jeune public
Le nouveau spectacle de Kamel Ouali est né après un constat agaçant. "Dans l’ensemble, il y a très peu de spectacles pour le jeune public. Je suis un jeune papa et j’ai regardé par curiosité ce qu’il se faisait pour les gamins. Je me suis rendu compte qu’il y avait très peu de choses", déclare le metteur en scène.
On sent tout de suite chez lui l’aura du jeune papa encore au milieu des couches. Il s’attendrit auprès de jeunes bambins qui viennent assister aux répétitions avec leurs parents, et n’hésite pas à les prendre dans ses bras. Ces enfants sont d’ailleurs impressionnés par la mise en scène. "Oh le rideau à paillette, il brille comme l’éclair !" lance l’un d’eux. "On va mettre ça dans ta chambre"; ironise sa mère.
Kamel Ouali dispose depuis 2019 d’un véritable écrin au Paradis Latin, où il peut laisser libre cours à sa création. Il y présente depuis plus de trois ans la revue L’Oiseau Paradis qu’il avait lancé avec la Miss Univers 2016, Iris Mittenaere. "Je me suis dit que j'allais proposer au producteur et au propriétaire de la salle, Walter Butler, de monter un spectacle jeune public de cabaret. Il m’a dit "mais ce n’est pas un peu antinomique cabaret et jeune public ?" Je lui ai dit, justement je vais relever le défi", se remémore Kamel Ouali.
Le cabaret ou la liberté
Avec ce spectacle, Kamel Ouali a pu laisser exprimer sa créativité : " le cabaret c’est l’endroit où je me sens le plus libre. Même si on raconte une histoire on peut passer d’un univers à l’autre sans choquer l’audience parce que tout d’un coup ce n’est pas assez puriste", raconte-t-il.
Kamel Ouali essaye d’être le plus diversifié possible en multipliant les références. "L’idée est que les gamins qui aiment les super-héros en retrouvent, ceux qui sont fans de Stranger Things saisissent des allusions. Ce n’est pas pour les séduire, c’est pour les interpeller", précise-t-il. Un combo qui permet notamment d’évoquer d’autres formes artistiques moins familières au jeune public : "À un moment donné, la meneuse de revue chante l’hymne à l’amour d’Edith Piaf. Je me dis grâce au numéro qu’il y a eu avant et après, ils vont être curieux de savoir qui est cette artiste. Peut-être que plus tard, ils auront envie de l’écouter", complète-t-il.
Et pas de cabaret sans french cancan : "Je n’ai pas voulu faire un cancan traditionnel donc je le fais avec des LED. On apparaît et on disparaît comme par magie", ajoute Kamel Ouali.
De jeunes danseurs pour un jeune public
La troupe est d’une jeunesse rare, entre 17 et 23 ans. "Je ne suis pas du tout dans le jeunisme, mais je me suis dit que pour faire un spectacle jeune public, c’était bien d’avoir des gens très jeunes pour que le public puisse s’identifier", explique Kamel Ouali.
Ces danseurs viennent de tous les univers : du classique au moderne, en passant par le hip-hop, aucun ne se ressemble. " J’ai toujours dans mes troupes des gens qui viennent de partout. Je n’arrive pas à avoir des gens qui ont la même taille, qui ont le même cursus. Ce qui m’intéresse c’est la personnalité de chacun. Donc j’ai une fille d’1,54m, et une autre d’1,80m", indique le chorégraphe.
Le jeune public pourra facilement s'identifier dans les musiques qui résonneront dans la salle. Soprano et Justin Bieber accompagnent la quête du jeune Léo qui tombe amoureux de Paradis, la meneuse de revue. Pour la conquérir, Léo décide de voyager jusqu'au bout du monde.
Kamel Ouali ne délaisse pas non plus les parents : "Pour être très honnête, je dis plus que je fais un spectacle familial qu’un spectacle pour enfant. Je souhaite aussi que les parents ne viennent pas à reculons, même si c’est pour leurs enfants. Je veux qu’ils prennent aussi du plaisir."
"Mon premier cabaret" au Paradis Latin du 14 décembre à juin 2023 les mercredis, samedis et dimanches en journée, et tous les jours durant les vacances scolaires à 14h.
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