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Attaqué de toute part, le cirque traditionnel prépare sa riposte

Accusé d'être cruel avec les animaux, ou simplement démodé, le cirque traditionnel, dont Monaco se fait chaque année la vitrine en récompensant les plus beaux numéros du monde, n'en finit plus de subir des critiques, mais la profession n'entend pas se laisser faire et prépare sa contre-attaque.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Performance du Cirque national acrobatique chinois au Festival de Monte-Carlo (22 janvier 2019)
 (Yann Coatsaliou / AFP)
Sur la piste, auprès du public invité à signer une pétition, mais aussi en coulisses dans le giron de la fédération mondiale du cirque dont les bureaux sont abrités par la Principauté et qui a tenu une 10e assemblée générale aux allures de conseil de guerre, la contre-attaque s'organise.

"Quand il y a la qualité et une production intéressante, le public suit. Les cirques qui ont de sérieux problèmes sont ceux qui suivent des formats très traditionnels", assure Zsuzsanna Mata, directrice générale de la fédération qui envisage de s'ouvrir au cirque contemporain. "Nous sommes en train de modifier nos statuts, c'est une nécessité, nous avons besoin d'unité."

Une consultante britannique et une experte en lobbying invitées à Monte-Carlo

À l'occasion du 43e festival international de Monaco, qui s'achève dimanche, la fédération avait convié une consultante britannique qui travaille à un état des lieux du cirque en Europe et une ancienne contorsionniste australienne Jasmine Straga, passée maître dans l'art du lobbying en s'inspirant de méthodes utilisées pour sauver les courses de lévriers dans son pays.

"Le cirque va bien, mais il est sous pression", a exposé cette dernière. "C'est un mouvement international", confirme le journaliste spécialisé indien Arul Horizon dont le pays s'apprête à interdire les animaux domestiques au cirque, 10 ans après avoir banni les fauves puis les éléphants.

Grande patrie de cirque, l'Italie souffre aussi, selon Francesco Mocellin, président du club des amis du cirque: "Les gens sortent moins, le cinéma est lui-aussi pénalisé, et les animaux sont devenus un problème".

Chili, Hongrie, Monaco, îlots de résistance

Le Chili, qui a accueilli le 1er congrès des cirques sud-américains en 2018, et la Hongrie, où le cirque a des entrées politiques au plus haut niveau, font figure d'îlots de résistance, avec Monaco. "La princesse Stéphanie fait un boulot fantastique mais la tâche est rude", estime l'ancien trapéziste hongrois Laci Endresz, directeur du cirque britannique Blackpool Tower Circus (400.000 entrées par an).

Bien que capable de dresser de toute sorte d'animaux - chiens, chimpanzés, tigres, kangourous ou lions -, il s'abstient de présenter le moindre numéro avec animaux depuis 30 ans: "Pas même un mini-poney ! J'ai eu le malheur de le faire pour un spectacle inspiré de Cendrillon, et j'ai tout entendu !"

Gros efforts sur la dramaturgie et la personnalisation des numéros

À Monaco, aucune troupe n'échappe désormais à un sérieux coup de frais en matière de dramaturgie et de personnalisation des numéros. Les acrobaties restent incroyables et les prouesses physiques spectaculaires, mais même pour un simple numéro de trapèze ou de mât chinois, les artistes ne se contentent plus d'enchaîner les figures à la force des muscles mais racontent une histoire et créent un univers.

La musique, les costumes, la lumière, tout est chorégraphié. Le quatuor de voltige russe Prilepin troque ainsi le collant de gymnaste pour exécuter des sauts périlleux en costume-cravate dans un numéro hommage aux Beatles.

Le prolifique producteur russo-géorgien Gia Eradze, récompensé par un Clown d'or, la plus haute distinction du festival, pousse la logique à son comble en déployant sur scène des tenues à couper le souffle au carrefour de la fête foraine, de l'opéra et du cabaret. Robes à crinoline démesurée, coiffures Marie-Antoinette ruisselant de perles, plumes, paillettes, strass, boules lumineuses, le public en redemande et a longuement ovationné lors du gala ses transformistes émergeant de six œufs capitonnés géants, hommage au joailler impérial Fabergé.

La relation entre les animaux et leur maître mise en vedette

Quant aux animaux dont la princesse Stéphanie défend bec et ongle la présence controversée sur la piste, les numéros insistent sur l'affection entre l'animal et son maître. C'est noyé dans la crinière d'un lion que le dresseur britannique Martin Lacey Jr a terminé sa prestation dans la cage, quand le plus jeune fils de la famille Gärtner, lui, s'est présenté au public lové dans la trompe d'une éléphante couchée sur la piste.

Extraits de numéros du Festival du Cirque de Monte-Carlo 2019

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