Trente ans après son film culte, Mathieu Kassovitz adapte "La Haine" en comédie musicale
Une poignée de main chaleureuse et quelques mots échangés sur un coin de table. A l'occasion d'une projection de son film qui a marqué les années 90, et d'une présentation de son projet de comédie musicale, La Haine : jusqu'ici rien n'a changé, Mathieu Kasssovitz, est venu simplement parler de la jeunesse, de la politique et des banlieues dans le quartier de l'Estaque à Marseille. Des thèmes chers au réalisateur de La Haine.
"On est partis du principe que les institutions n'étaient pas intéressées par nous, raconte un habitant dont les cheveux commencent tout juste à grisonner. Il était sûrement adolescent ou jeune adulte en 1995 quand le film La Haine est sorti en salle. On n'avait pas de lieu pour s'exprimer, poursuit-il, donc on a créé nous-même les événements, les festivals."
S'imprégner de la vie dans les cités
"Nous, quand on est à Paris et qu'on regarde la télévision et qu'on voit BFM, pour nous les cités marseillaises c'est les pires cités de France, c'est les plus dangereuses, c'est les plus délabrées, lui répond Mathieu Kassovitz. Ce que vous me dites là, c'est qu'en fait les gens ont l'air plutôt bien à 95%."
Élus et associations du quartier de l'Estaque découvrent aussi les visages des trois acteurs sélectionnés pour interpréter les rôles de Saïd, Vinz et Hubert dans la comédie musicale La Haine, inspirée du film éponyme. Trois comédiens choisis après un long casting à l'automne 2023. Alivor, rappeur originaire du Havre, interprétera sur scène le rôle d'Hubert. Samy Belkessa et Alexander Ferrario, respectivement Saïd et Vinz, viennent quant à eux de la banlieue parisienne. Pour eux aussi, il s'agit de s'imprégner de la vie dans les cités marseillaises.
"Chaque ville a ses spécificités donc c'est important de voir la vie des quartiers marseillais", témoigne Alivor. "On peut avoir, à travers les yeux et les histoires, des réalités qui sont hors de ce que nous on connaît, même si nous aussi on a quand même des choses à raconter, c'est que du plus", poursuit Alexander Ferrario.
Tout le monde va se reconnaitre, tous les mecs de banlieue vont se reconnaître et tous ceux qui veulent se sentir reconnus seront reconnus.
Samy Belkessacomédien
En 1995, quand Mathieu Kassovitz réalise La Haine, c'est la première fois que les quartiers populaires sont mis en lumière. Dans sa future comédie musicale, près de 30 ans plus tard, l'acteur et réalisateur de 56 ans souhaite aller plus loin. "Les quartiers ont leur voix, ils n'ont pas besoin de nous pour s'exprimer, explique-t-il. On se sert du film d'une manière plus universelle. Ce n'est pas sur les bavures policières réellement, c'est sur le respect dont la jeunesse a besoin."
La bande-annonce du spectacle, dévoilée il y a quelques jours sur instagram, se dféroule dans le métro parisien. On y voit les trois acteurs courir sur les quais avec sur les murs, l'affiche de la comédie musicale intitulée La Haine, rien n'a changé.
La Haine : jusqu'ici rien n'a changé sera joué au Dôme de Marseille en novembre, avec du hip-hop, de la comédie mais surtout du rap. La tournée est prévue dans trois grandes villes de France : du 10 au 19 octobre 2024 à la Seine Musicale à Paris ; du 8 au 10 novembre 2024 au Dôme à Marseille ; du 15 au 17 novembre 2024 au LDLC Arena à Lyon.
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