Cet article date de plus de six ans.

"Juliette Drouet", pièce musicale enchanteresse sur la maîtresse de Victor Hugo

Muse de Victor Hugo et "favorite" du poète durant 50 ans, Juliette Drouet signa quelque 22 000 lettres à son adresse qui lui inspirèrent plus d’un vers. C’est cette Juliette que l’auteure, comédienne, musicienne et chanteuse Kareen Claire privilégie dans "Juliette Drouet – ‘Si mon nom vit, ton nom vivra’", cosignée avec Thierry Sforza et Jean Réveillon, dans une mise en scène de Bernard Schmitt.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Portrait de Juliette Drouet et de Kareen Claire qui l'interprète 
 (DR)

Dans l'ombre de V. H.

Etre la maîtresse de Victor Hugo ne devait assurément pas être de tout repos, tant le poète était égotique, exclusif et chronophage. Etre à son côté, c’était vivre dans son ombre. A l’instar de l’épouse du maître, Adèle Foucher, Juliette Drouet, dont le nom est plus resté à la postérité, avait elle aussi des cornes qui montaient jusqu’au ciel, tant son cher Victor, c’est bien connu, était un séducteur patenté…

Si Juliette, comme Adèle, en a souffert, toutes deux ont passé outre. Ces affres occupent une partie de la pièce, mais Kareen Claire et Thierry Sforza préfèrent développer la réelle influence qu’a pu avoir cette jeune femme sur Hugo, après avoir été découverte par le poète au cours d’une lecture de "Lucrèce Borgia". Piètre comédienne, mais fort belle, elle ne se consacrera plus qu’à "V. H.". Celui-ci l’obligera à vivre cloîtrée et à ne sortir qu’à son côté, avec l’assentiment de sa femme.

Bernard Schmit, Cyril Duflot-Verez, Kareen Claire et Thierry Sforza
 (David Twist)

Paroles et musique

Kareen Claire, Thierry Sforza (auteur et parolier), Bernard Schmitt (metteur en scène des concerts de Johnny Hallyday), et Jean Réveillon (journaliste, ex-directeur de France 2 et auteur) - qui prête sa voix à Victor Hugo dans la pièce -, redonnent toute la place qu'elle mérite à Juliette Drouet.

Souvent réduite au seul rôle de "maîtresse officielle" du grand homme, elle est réhabilitée comme grande amoureuse épistolaire, mais aussi comme femme aux convictions politiques révolutionnaires. Kareen Claire, interprète et coauteure, restitue cette dimension qui inspira à Hugo son grand roman social "Les Misérables".

  (David Twist)

Les paroles des chansons, tirées pour beaucoup de la correspondance de Juliette, rendent justice à sa plume inspirée, parfois avec humour. La direction musicale de Cyril Dufflot Verez donne tout le lyrisme nécessaire à ces vers passionnés, dans une harmonie constante et une belle ampleur orchestrale. Le compositeur est d’ailleurs sur scène au piano au côté de la comédienne et interprète. Les enchaînements entre texte déclamé et chant sont par ailleurs des plus fluides. Kareen Claire pose sa belle voix sur des textes au phrasé pas toujours facile, tout en occupant l’espace par une présence charismatique et à la gestuelle chorégraphique, dans un décor évoquant l’alcôve où la cloîtrait Hugo.

Un beau spectacle qui à la fois distraira et en apprendra à beaucoup sur une figure emblématique, mais quelque peu négligée, du monde de Victor Hugo et du XIXe siècle romantique.

"Juliette Drouet – ‘Si mon nom vit, ton nom vivra’" : l'affiche
 (DR)

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.