Benjamin Millepied de retour à Paris : "Il y avait trop de douleurs, j'avais besoin de créer"
Trois ans après avoir claqué la porte de la direction du ballet de l'Opéra de Paris, le chorégraphe Benjamin Millepied revient en France, au Théâtre des Champs-Elysées, pour présenter une création mondiale. Il assure avoir définitivement tiré un trait sur une période qui a représenté "trop de douleurs" pour lui.
Article rédigé par franceinfo
- franceinfo Culture (avec AFP)
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Le chorégraphe est revenu régulièrement en France depuis 2016, quand il a quitté le ballet de l'Opéra de Paris, l'une des plus prestigieuses compagnies au monde, qu'il a dirigé pendant deux ans. Millepied présente au Théâtre des Champs-Elysées à partir de mardi 29 janvier, et pendant quatre soirées, trois de ses créations, dont une première mondiale, "Bach Studies (part 2), dansées par la compagnie L.A. Dance Project (LADP) qu'il a fondée en 2012 à Los Angeles.
"Il n'y a aucun regret. C'est une grande compagnie, il y avait grand besoin de la transformer, ça prend du temps", affirme à l'AFP le plus américain des chorégraphes français. Mais "pour moi, il y avait trop de douleurs, j'avais besoin de créer", a-t-il précisé.
"Trop américain"
Celui qui s'inspire de la danse classique pour des chorégraphies modernes et crée aussi bien sur du Bach que sur du Philip Glass avait été salué pour avoir introduit à l'Opéra un pôle santé pour les danseurs, des mécènes, sans oublier une touche glamour car marié à l'actrice Natalie Portman.
Mais il avait été critiqué pour avoir favorisé la jeune relève aux dépens d'étoiles confirmées, pour avoir été "trop américain" en voulant changer trop vite les choses dans une institution qui célèbre cette année ses 350 ans, et pour ne pas s'être rendu compte de la charge administrative que son poste impliquait.
"J'ai fait des choses dont j'étais content, j'ai fait des erreurs"
"J'avais besoin d'avoir l'esprit libre et j'étais dans une situation qui ne me le permettait pas. Ce n'était pas pour moi", souligne le Bordelais de 41 ans, ex-danseur étoile du prestigieux New York City Ballet (NYCB). "J'ai appris beaucoup, j'ai fait des choses dont j'étais content, j'ai fait des erreurs", poursuit celui qui avait fait ses débuts de chorégraphe à l'âge de 23 ans. La démission, qui avait ébranlé la troupe dirigée depuis par l'ex-étoile française Aurélie Dupont, "m'a permis de tirer un trait" sur ce type de postes: "Ce n'est pas parce que je viens du monde du ballet qu'on doit se dire que c'est le genre de job qu'on doit avoir."
Millepied, connu du grand public pour avoir chorégraphié les danses dans le film "Black Swan" où il a rencontré son épouse, confirme avoir figuré parmi les candidats pour prendre la direction du NYCB. Cette compagnie est elle-même secouée par le départ à la retraite de son directeur de plus de 30 ans Peter Martins, accusé de harcèlement sexuel avant d'être innocenté. Mais échaudé par l'expérience à Paris, il n'est pas intéressé: "C'est la même chose : rester enfermé dans un théâtre la majorité de l'année".
Un homme à mille projets
Il est parmi ceux qui appellent à plus de diversité dans le monde de la danse classique où, malgré quelques progrès notamment aux Etats-Unis, très peu de danseurs ou danseuses noires figurent dans les corps de ballet. "C'est un stéréotype ridicule et grave de dire que dans le ballet il faut que tous les danseurs soient pareils. Ce sont des idées de la cour de Versailles. Il y a des corps sublimes dans toutes les cultures", dit-il.
Fier de sa compagnie de 12 danseurs qui vient de se doter d'une petite salle de 150 places dans un vieux hangar dans le Arts District de Los Angeles, il souligne "le défi total de faire une compagnie aux Etats-Unis (...) où il n'y a pas de fonds pour la danse et où les grandes compagnies fonctionnent sur des business models des années 1950".
Millepied est également un homme aux mille projets : en plus de la chorégraphie, il prépare sa première exposition de photographie au Japon et surtout s'apprête à tourner une comédie musicale, "Carmen", vers la fin de l'été.
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