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Benjamin Millepied et ses danseurs californiens nous racontent l'Amérique
Avec sa compagnie du L.A. Dance Project, Benjamin Millepied fait l'ouverture du festival Transcendance au théâtre des Champs-Elysées… à quelques encablures de l'Opéra dont il a démissionné en février dernier. Une soirée imaginée par lui et qui est un condensé de danse américaine.
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Millepied déploie désormais ses ailes à Arles où la mécène Maja Hoffmann lui a offert une luxueuse résidence pendant trois ans dans sa Fondation Luma. Il est aujourd’hui à Paris avec sa compagnie californienne, dix danseurs qu’il retrouve pour un condensé de ce qui l’a toujours passionné, les chorégraphes américains.
Forsythe et Martha Graham
La soirée ouvre sur un classique de William Forsythe, "Quintet", ballet de 1993 aiguisé et virtuose, si l’on supporte la répétition en boucle de la chanson "Jesus Blood Never Failed Me Yet" sur une composition de Gavin Bryars.Magnifique découverte ensuite que "Duets" de Martha Graham, trois duos de la papesse de la Modern Dance, réunis pour la première fois et très applaudis. Face à ces danseurs habillés de justaucorps futuristes d’un joli bleu, cette œuvre d’une beauté et d’une fluidité constante nous permet d’admirer le travail de recréation de Millepied et ses talents de directeur de compagnie, même quand elle est réduite à quelques individualités.
L'invention et l'humour de Justin Peck
"Hélis"de Justin Peck, compagnon de Millepied du temps du New York City Ballet, offre huit minutes d’invention, de grâce et d’humour. De l’emboitement des corps naissent des créatures-sculptures étonnantes, en adéquation avec la musique d’Esa-Pekka Salonen aux accents spatio-temporels.La sensualité d'un duo masculin
Le temps fort de la soirée est bien sûr la nouvelle création de Benjamin Millepied : "On the Other Side". Passé un je ne sais quoi de déjà vu, sans doute la musique de Philip Glass qui accompagne nombre de ses ballets et dont on reconnait ici des thèmes déjà entendus, on se laisse emporter par la force vitale du groupe, qui montre l’inspiration de Millepied à son meilleur, enchainement de mouvements extrêmement savants, et qui pourtant nous paraissent couler de source. Avec, pour la première fois chez lui, la sensualité d’un duo masculin d’une très belle et pudique élégance.Dans le film "Relève" de Thierry Demaizière et Alban Teurlai sorti la semaine dernière, Millepied apparaissait tout à la fois fasciné par la jeune garde de l’Opéra et un peu claustro dans la grande maison. Le revoilà tout feu tout flamme, dynamisé par sa liberté retrouvée en Arles et donnant presque, avec ce programme, une réponse à Aurélie Dupont qui venait de dire en substance qu’on ne pouvait pas monter que du Robbins et du Balanchine ; justement, il n’y en a pas. Mais tout de même un concentré de cette danse américaine classique et contemporaine qui a fondé et continue de nourrir son inspiration de chorégraphe.
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